Si les villages normands entretiennent tous des rapports étroits avec l’eau, le Mont-Saint-Michel et sa baie forment un site unique et incontournable de la Basse-Normandie.
Séjour au Mont Saint-Michel
Le plus visité en France après la tour Eiffel, le Mont Saint Michel compte plus de 3 millions de visiteurs par an. C’est sans doute la raison pour laquelle la Bretagne, et surtout les bretons, jalousent ce monument à leurs voisins les normands. Pourtant le découpage administratif est formel et place le Mont Saint-Michel dans le département de la Manche, domaine abbatial du Mont qui s »étendait autrefois jusqu’à Cancale, en Bretagne…
Si vous voulez découvrir les lieux loin du tumulte des cars de touristes, ne soyez pas effrayés par la vision du parking et de l’accès au site du Mont-St-Michel, car situation géographique exceptionnelle oblige, il n’y en a qu’un seul. Une fois passée l’unique porte d’entrée du Mont-saint-Michel, faufilez-vous dès la première venelle et offrez-vous le luxe d’une visite intime.
Cerise sur le gâteau pour les visiteurs amateurs de vieux livres, vous trouverez sur place, et uniquement sur place, les récits médiévaux autour de la légende de «la Fée des grèves», qui décrivent les caprices du Couesnon et la folie de ceux qui se laissent surprendre par les marées…
Vous avez également la possibilité de louer un guide qui vous promènera jusqu’au Mont-St-Michel mais en partant de l’autre côté de la baie, comptez quand même 2 à 3 heures de marche…on découvre à cette occasion plus la situation de la baie que le Mont-Saint-Michel en lui-même, mais pourquoi pas si ce n’est pas votre première fois… Attention cette fois-ci, pas question de s’aventurer seul autour de l’îlot, c’est formellement interdit pour des raisons de sécurité.
La porte de l’Avancée est l’unique entrée du Mont-Saint-Michel. Depuis le corps de garde des Bourgeois, une seule rue «tortillonne» à l’intérieur des remparts : la Grande-Rue. Autrefois les maisons du bourg appartenaient, pour les plus modestes d’entre elle, aux pêcheurs. Les autres accueillaient des commerces variés, notamment des tavernes et des auberges destinées aux hommes de garnison et aux pèlerins. Les plus anciennes datent du Moyen Age, époque à laquelle les visiteurs, de plus en plus nombreux, traversaient «au péril de la mer» les grèves sur plusieurs kilomètres avant d’atteindre l’îlot au milieu de la baie. Aujourd’hui cette succession de maisons en granit accueille restaurants, boutiques de souvenirs ou hôtels. N’hésitez pas à prendre les petites ruelles qui vous mèneront, elles aussi, mais dans une plus grande tranquillité, vers l’abbaye.
Après avoir franchi la salle des Gardes, le visiteur parcourt les escaliers du Grand Degré jusqu’à la terrasse ouest. Sur le parvis, les pierres sont marquées de lettres et de numéros : chaque tailleur de pierre pouvait ainsi être identifié et payé selon sa tâche.
L’abbaye du Mont St Michel
L’histoire du Mont-Saint-Michel commence par sa légende. En l’an 708, l’archange saint Michel aurait commandé par trois fois en songe à saint Aubert, évêque d’Avranches, de fonder un monastère, sur ce qui était alors le « mont Tombe« . Le site devint rapidement un lieu de pèlerinage. La véritable naissance du mont intervient au Xème siècle avec l’arrivée des moines bénédictins. Peu après l’an 1000, la communauté religieuse, avec l’aide des ducs de Normandie et bientôt de Guillaume le Conquérant, décide de construire une nouvelle abbaye pour accueillir le nombre grandissant de ses membres.
L’abbaye sera par la suite plusieurs fois agrandie et remaniée. Elle coiffe aujourd’hui l’ensemble du sommet et occupe le moindre espace disponible. Durant la guerre de Cent ans, les anglais assiégèrent le Mont-Saint-Michel à plusieurs reprises. En vain. De la Révolution au second Empire, l’abbaye servit de prison aux détenus de droit commun et politiques. Ce n’est que depuis 1966 qu’une petite communauté de bénédictins y réside à nouveau.
La façade de l’église abbatiale date de 1780. A son sommet, la statue de saint Michel, haute de 4 mètres, a été restaurée et recouverte de soixante grammes d’or sur toute sa surface en 1987. Elle est située à 152 mètres au-dessus du niveau de la mer. A l’intérieur de l’église, la nef et le transept sont caractéristiques de l’art roman, tandis que le chœur est d’un gothique flamboyant des XVème et XVIème siècle. La visite du Mt st michel se prolonge dans le granit, abrite sur trois étages des bâtiments claustraux : au niveau supérieur, le cloître et le réfectoire ; en dessous, la salle des Hôtes ; en bas, l’aumônerie et le cellier. Le cloître est ouvert sur la baie et semble comme suspendu dans le vide.
Les architectes avaient prévu d’y accoler une autre salle, mais ces travaux ne virent jamais le jour. Les lumières et le son du réfectoire ont fait l’objet de nombreuse études : l’étroitesse de l’ouverture des fenêtres est telle que l’on ne peut les voir depuis l’entrée ; l’acoustique permettait de faire une lecture des Ecritures depuis la chaire du mur sud pendant le repas des moines. A l’étage inférieur, on trouve une crypte, la salle des Chevaliers et des Hôtes dont les énormes piliers provenaient des îles Chausey.
Ce n’est que du haut de l’abbaye que l’on prend la mesure de la beauté des lieux et que l’on comprend mieux les enjeux de son inscription au patrimoine naturel et culturel de l’Unesco. En effet, le Mont-Saint-Michel est intrinsèquement lié à son environnement, or ce dernier est en constante transformation. Marée après marée, le site est menacé d’ensablement et les grèves continuent de disparaître. Fort heureusement de nombreux projets de protection du site voient le jour afin de préserver le monument.
Si vous réussissez à réserver une chambre dans le peu d’hôtels, rester une nuit au Mont saint Michel par grande marée est une expérience inoubliable. Il faut venir se balader au cœur de la nuit dans les petites ruelles désertes (enfin) pour apprécier pleinement l’isolement des lieux par rapport aux terres les plus proches.
Image - Cartes - Photos : mont saint michel vue aérienne - vue du ciel mont st michel -