A partir du nord-ouest, le peuplement des îles du pacifique s’est opéré, , en plusieurs phases marquées par le mélange de vagues successives de migrants. Commencée entre 30 000 et 40 000 ans avant notre ère par des chasseurs-cueilleurs originaires d’Indonésie et d’Asie du Sud, l’occupation des archipels situés à l’ouest de Fidji, ceux de l’Océanie proche (Green – 1989), semble s’être achevée il y a environ 4 000 ans.
Histoire des peuples du pacifique
Dès avant la fin de cette expansion, il y a 5 000 ans, un second mouvement migratoire de populations parlant les langues austronésiennes se propageait, entre autres, en direction de l’est du Pacifique tropical, par les Mariannes, Yap et Palau.
Ces navigateurs, potiers et hoticulteurs, étaient pourvus d’un vecteur (la pirogue à balancier), d’une poterie au style caractéristique (le lapita) et de la sécurité alimentaire d’un tahitian puarsenal de plantes utiles et d’animaux domestiques. Ils entamaient il y a quelques 3 000 ans à partir de Fidji, de Tonga et des Samoa la colonisation des archipels de l’Océanie lointaine (Polynésie orientale) terminée avant la fin du premier millénaire de notre ère. Ils entreprenaient de là, celle de la Nouvelle-Zélande en s’adaptant au mieux à son milieu tempéré. La question des contacts possibles avec la côte de l’Amérique du Sud n’a pas encore reçu de réponse définitive malgré l’énigmatique présence pré-européenne de la patate douce.
Le découpage des archipels du Pacifique en Mélanésie et Micronésie à l’ouest, Polynésie définie à l’est par le triangle île de Pâques – Hawaï – Nouvelle-Zélande, adopté au siècle dernier, est de plus en plus contesté par les archéologues, les anthropologues et les linguistes. S’il subsiste pour des raisons de commodité, les spécialistes en dénoncent aujourd’hui la connotation raciale originelle et les jugements de valeur, opposant les cultures polynésienne « plus avancées » aux cultures mélanésiennes, que ce schéma a souvent véhiculé. Il est difficiles d’exprimer clairement, en échappant aux schémas réducteurs, une réalité qui apparaît de plus en plus complexe à mesure que progresse la connaissance.
Mais il est de fait que le sociétés pré-européenne des archipels paraissent devoir être conçues beaucoup plus comme un continuum unidimentionnel que comme les parties d’aires nettement définies: Mélanésie identifiée notamment par des systèmes fondés sur la compétition et l’égalitarisme – Polynésie, par des chefferies hiérarchisées fondées sur la naissance – Micronésie (comme Fidji), par la coexistence des deux.
Green (1989) note qu’entre l’Océanie proche et l’Océanie lointaine, la première limite significative connue n’apparaît guère avant 1 500 ans avant notre ère. Jusque là, les concepts usuels de Mélanésie, de Polynésie et de Micronésie n’ont pas de signification.
Après le rapide peuplement de l’Océanie lointaine, en moins de deux millénaires, aucune limite culturelle ou biologique nette ne paraît pouvoir être définie, surtout à l’ouest, avant les 200 ans précédant notre ère. Ensuite seulement, la différenciation devient assez nette entre Fidji et le reste de la Polynésie occidentale pour identifier une limite culturelle permettant de circonscrire les sociétés polynésiennes.
Isolement et différentiation culturelle.
Malgré les capacités de navigation des anciens Océaniens, les quelque 850 km séparant le Vanuatu des Fidji semblent avoir contribué à isoler, assez vite après la colonisation, l’ensemble constitué des Fidji et de l’actuelle Polynésie Occidentale.
Ce phénomène, entraînant progressivement une différentiation culturelle des populations de cette zone, aboutira à la constitution quelques siècles avant notre ère de ce qu’on a nommé la « société polynésienne ancestrale » d’où sont issues toutes les cultures du « Triangle Polynésien« . Une évolution distincte des îles du Pacifique occidental donnera naissance aux cultures mélanésiennes.
La linguistique rend compte de cette séparation puisque dès 1 000 av. J.C., les habitants de l’ensemble des Fidji, Tonga, Samoa, etc., avaient des affinités linguistiques (sous-groupe Proto-Pacifique Central) traduisant les relations constantes entre les populations de ces archipels. En outre, dans leur mouvement vers l’est et en traversant la « ligne de l’andésite », les colonisateurs ont quitté le monde des îles continentales, étendues, aux sols variés, riches en eau, offrant une vaste gamme de roches pour la confection des outils, pour celui des îles océaniennes, de superficie modeste et aux ressources plus limitées.
L’effort d’adaptation que les colonisateurs eurent à fournir pour prospérer dans cet environnement pour eux en partie étranger dut être un facteur important d’individualisation culturelle. Cette transformation, également visible dans les types d’herminettes, est surtout perceptible dans l’évolution régionale de la céramique lapita qui, rapidement après l’installation dans ces îles évolua vers des formes plus simples et des décors moins élaborés selon les modalités et une chronologie variables d’un archipel à un autre. Mais la tendance générale est indéniable qui aboutit, vers 500 av. J.C., à la disparition des décors et à la fabrication de simples bols, puis, quelques siècles après J.C. à l’abandon, sauf à Fidji, de l’art de la céramique lui-même.
Il serait éronné de rechercher une cause unique à cette disparition à laquelle un faisceau d’éléments a dû contribuer : dépréciation des poteries comme produit d’échange, modification des rituels ou plus prosaïquement, des préparations culinaires, la liste n’est pas close des hypothèses formulées pour éclairer cette question non résolue. Il faut se garder, comme le suggère l’évolution céramique, de ne percevoir ce processus de changement culturel que sous un aspect négatif, en termes d’appauvrissement et de perte.
C’est plutôt d’une lente mue qu’il s’agit, avec ses abandons nécessaires et ses substitutions novatrices, tels ces grands récipients en bois munis de pieds qui, selon R. Green, remplacèrent ceux en argile pour la préparation du kava.
Ainsi, au fil du temps, à Tonga et Samoa, les colonisateurs lapita deviendront les vrais ancêtres des Polynésiens. Il est difficile d’en juger en raison du faible nombre de squelettes retrouvés et, il faut le dire, de l’incertitude des critères anthropologiques, mais il semble qu’ils acquirent certains caractères physiques qui différencient les Polynésiens. Se constitue aussi la langue (Proto-Polynésien) à partir de laquelle dériveront les différents dialectes connus en Polynésie Orientale. Les quelques incursions dans le passé que permet la linguistique historique éclairent, faiblement, la vie sociale de ces Proto-Polynésiens. Ainsi le principe de primogéniture, les notions de ‘Cariki, de tapu, de mana, etc., qui constitueront l’armature socio-religieuse des sociétés du « Triangle Polynésien » étaient déjà connus en Polynésie Occidentale.
La Colonisation du « Triangle polynésien »
Probablement quelques siècles avant notre ère, soit un millier d’années après leur arrivée à Tonga et Samoa, ces populations devenues polynésiennes opérèrent un nouveau mouvement de colonisation vers l’est. A cette expansion, après une si longue pose, plusieurs explications ont été données, aucune définitive : l’accroissement démographique, aux effets économiques désastreux, exacerbés par une éventuelle détérioration climatique ; des tensions sociales que l’on devine à travers le développement de fortifications durant cette période, peut être liées à ces questions de subsistance et accentuées par la venue de nouvelles populations de Fidji …
Notons que Geoffrey Irwin conteste l’idée même d’une telle pose d’un millier d’années en Polynésie Occidentale comme non conforme au modèle de colonisation développé dans le Pacifique par les populations détentrices de la poterie lapita et prédit la découverte de traces d’occupation humaine en Polynésie Orientale remontant jusqu’à 1 000 av. J.C. Faute de preuves pour l’étayer, cette hypothèse demeure en suspens.
Les données archéologiques manquent pour se faire une opinion définitive sur l’archipel d’abord peuplé par les immigrants dont on ignore s’ils venaient de Tonga, Samoa, ou des deux.
Les anciens auteurs, comme Peter Buck, sur la foi de traditions orales qui identifiaient « l’Hawaiki » polynésien à Raiatea, faisaient des îles de la Société l’archipel le premier peuplé et le centre de dispersion des Polynésiens.
Yosihiko Sinoto, à partir de ses travaux archéologiques aux Marquises (notamment sur le sites de Hane à Ua Huka), à Maupiti sur le motu Paeao et à Huahine (site de Vaitootia-Faahia) et sur des interprétations parfois téméraires, construisit un modèle de colonisation du « Triangle Polynésien » avec une origine aux Marquises et non plus aux îles de la Société. Patrick Kirch, dans une critique acerbe du scénario proposé par Y. Sinoto a cependant fait valoir que les Marquises n’étant guère l’archipel le plus proche de la Polynésie Occidentale (4 000 Km les séparent des Tonga), la logique plaiderait pour une chaîne de peuplement passant par les Cook (où des travaux de P. Kirch à Mangaia et M. Chikamori à Puka Puka semblent attester une présence humaine vers le début de notre ère, les Australes, les îles de la Société et aboutissant aux Marquises.
S’appuyant sur des considérations géologiques, ce même auteur émet l’hypothèse, non vérifiée à ce jour, que des sites plus anciens pourraient se rencontrer aux îles de la Société où ils seraient ensevelis sous d’épaisses couches de sédiments ou bien, pour les sites jadis en bord de mer, noyés sous les eaux.
Enfin d’autres modèles de peuplement sont échafaudés qui ne se focalisent plus sur la question du premier archipel peuplé. Ils considèrent que tout le centre de la Polynésie Orientale (Marquises, Société, les Cook …) a pu être colonisé presque simultanément deux ou trois siècles avant notre ère. Puis, après une période d’installation et d’adaptation, les Polynésiens se seraient lancés à la découverte des îles les plus éloignées comme Hawaï (300-400 ap. J.C.) et l’île de Pâques (400 ou 500 ap. J.C.).
Est-ce pour avoir atteint « le bout du monde » en touchant l’Amérique d’où ils ramenèrent la patate douce que les Polynésiens, comme le suggère B. Finney, rebroussèrent chemin, recherchant plus au sud de nouvelles terres, jusqu’à découvrir, tardivement, la Nouvelle-Zélande vers 800 ou 900 ap. J.C.?
Ponctuant une extraordinaire aventure, ces terres étaient parmi les dernières au monde à être peuplées par l’homme.
L’élément moteur de cette formidable expansion dans le Pacifique fut-il, comme on l’a proposé, la pression démographique et la recherche de terres plus hospitalières, l’ambition des cadets des familles de chefs d’être souverains dans une île qu’ils auraient découverte, ou bien des dissensions ou des guerres contraignant des groupes au départ ? Certes, séparément ou conjugués, ces facteurs purent pousser les hommes à l’aventure. Mais n’était-ce pas d’abord, entretenue par les mythes et les récits ancestraux, une conscience atavique que toujours à l’est une terre existe, à découvrir ? La mer, plutôt qu’obstacle, serait le chemin pour y parvenir.
Cette volonté de repousser les frontières du monde a été, à juste titre, comparée à la conquête de l’espace dans laquelle les hommes d’aujourd’hui, comme ceux d’hier, ont poursuivi leurs rêves d’un ailleurs inconnu.
Image - Cartes - Photos : hawaii - histoire du peuplement pacifique - peuplement du pacifique - photo dune iles - populations pacifique habitent presque toutes sur une ile -
une découverte récente de dessins sur tapa aux îles gambier montre des liens qu’a eu cet archipel avec Amérique et … peut-être l’Egypte…
je termine une étude (Etude complète des croquis) qui a duré 4 ans
peut-être vous intéressera-t-elle?
Claire
Merci pour votre message, nous faisons suivre le lien de qualité et le lien du site … aussi 🙂