A quelques 315 km au nord-ouest de Tahiti, se trouve l’île de Maupiti, l’un des plus beaux joyaux de toute la Polynésie. Appelée autrefois, Vaitu puis Maurua, l’île habitée est la plus septentrionale des îles sous le Vent.
Découvrir Maupiti
Maupiti est également la plus ancienne des îles de la Société (4 à 4,5 millions d’années) et elle s’ouvre aujourd’hui doucement au tourisme (4 vols hebdomadaires Air Tahiti, jusqu’à 5 durant les mois de juillet et d’août), se préservant toutefois d’un développement par trop expansif.
Comme Bora Bora, l’île voisine, Maupiti adopte un relief semblable, celui d’un volcan effondré, entouré d’un chapelet d’îlots. D’une petite superficie (11 km2), le tour de l’île (12 km) se fait en une journée. Ses paysages montagneux évoluent autour des monts Teurafaatiu (372 m), Hotu Paraoa (250 m) et Hotu Ae, respectivement soeur et frères dans les temps ancestraux.
La légende de Maupiti
L’histoire raconte que jalouse d’être plus petite que ses deux frères, Teurafaatiu demanda de l’eau de mer. Obligés de descendre de leur sommet pour s’exécuter, ces derniers se firent surprendre par le jour, perdirent leur mana et restèrent à jamais plus petits que leur soeur.
Ses merveilleuses étendues lagonaires valent à elles seules le déplacement. La superbe plage de sable blanc, pointe Tereia et les cinq motu sont peu fréquentés, pour le plus grand bonheur des tortues de mer (Chelonia mydas) qui viennent y pondre leurs oeufs.
Ajoutez à celà un accueil extraordinaire à chaque détour de son seul chemin périphérique, et vous avez tous les ingrédients pour réussir votre séjour sur l’île soeur de Bora Bora, qui se protège des assauts répétés du grand Pacifique par trois passes, dont une seule autorise la navigation : Onoiau, (« l’espadon qui nage ») au sud de l’île, située entre les motu Pitihahei et Tiapaa et souvent impraticable par courant sortant ou lors d’une houle de Sud; te Area et Pae’ao au nord, non navigables, empruntes naturelles de la tentative ajournée de Hiro (dieu des voleurs) qui tenta de percer le récif à l’aide de sa pirogue, de nuit (rappelez-vous le mana n’agit pas le jour).
Un guerrier de l’île l’ayant appris, vint se poster sur le motu avec un coq qui chanta dès les premiers coups de pirogue. Hiro, persuadé du lever imminent du jour, s’enfuit. Te Area et sa voisine sont donc peu profondes.
Maupiti tient une place de choix dans l’Histoire polynésienne.
Neuf rois des îles voisines, dont Havai’i, ont été sacrés sur le marae Vaiahu. La particularité dc ce marae orienté vers la passe est la présence d’un coffre en blocs de corail qui renfermait quatre pierres représentant des poissons, utilisées dans les rites ancestraux pour une pêche reussie.
A partir du village principal de Vaiea, au pied de la falaise de la pointe Patito, la côte suit le découpage des pentes volcaniques. Au Nord, on trouve de nombreux vestiges archéologiques et tout comme à Huahine, la succession de marae y est impressionnante. Le site n’a pas été restauré et les témoignages des anciens se perdent un peu dans la végétation tropicale. A noter également, dans la vallée de Haranae, la présence de pétroglyphes de tortues marines, sur la côte Ouest de l’île.
Maupiti abrite les plus anciens vestiges archéologiques de l’archipel (850 ap.J.C.). Des objets (pour la plupart des hameçons de pêche au large en nacre ou en dent de cachalot) ont même été retrouvés sur le motu Pae’ao, au Nord de l’île. Leur forme n’est pas sans rappeler d’autres hameçons de Nouvelle Zélande (découverte fondamentale dans le sens des migrations polynésiennes et plus précisément le peuplement de la Nouvelle Zélande à partir des îles sous le Vent).
Aperçue pour la première fois par les Européens la même année que Rapa Nui (1722), Maupiti n’a pas toujours été le havre de paix et de tranquillité qui font aujourd’hui sa réputation à Tahiti.
Administrée par ses propres chefs et relativement indépendante des autres tutelles insulaires, même si Maupiti fut tour à tour sous l’administration politique de Bora Bora (en 1801, Mai, chef de Bora Bora étendit son pouvoir sur Maupiti), ou en conflit avec l’île soeur, comme en 1877 par exemple, au sujet de droits de propriétés sur l’atoll de Scilly.
En 1820, c’est le code d’inspiration chrétienne qui entend, sous la domination de Raiatea cette fois-ci avec son roi Tamatoa, régir la vie des îles sous le Vent. Taero, alors chef de Maupiti rejeta bien vite cette nouvelle inspiration divine et Maupiti devint le symbole d’opposition aux missionnaires, du moins jusqu’en 1834
En passe de devenir une destination enviée, l’île n’en demeure pas moins une destination privilégiée par le dynamisme des petites pensions de famille et la gentillesse de sa population.
Située sur l’île principale ou parsemée sur les motu, la petite hôtellerie est aujourd’hui l’élément fédérateur qui permet à l’île de Maupiti de débuter ce nouveau siècle comme elle l’a toujours fait avec calme et sérénité..