Voici une présentation de l’architecture en Polynésie.Si nous avons une vision le plus souvent romantique des îles du pacifique, c’est sans doute que Tahiti évoque pour tous l’île paradisiaque. Cette attachement sentimental à Tahiti dure depuis plus de deux siècles mais la culture océanienne et la vie des indigènes nous restent mal connues.
Les Maisons en Polynésie
Vestiges et fragments de civilisations des mers du Sud, l’abri, l’habitat, le « fare » restent quasiment les seuls témoins d’une culture matérielle ancienne
Si tout ce qui ne laisse pas de traces durables comme les chants ; les rites et la vie familiale est à jamais perdu, nous avons, en revanche, pour l’architecture en Polynésie, quelques notions des méthodes et des traditions liées aux constructions et à l’occupation des espaces. Seules les notes des explorateurs et des missionnaires, les objets qu’ils recueillirent, les croquis qu’ils dessinèrent et leurs récits des traditions locales, ont permis aux insulaires d’aujourd’hui de perpétuer les gestes des bâtisseurs.
Le choc de la rencontre avec une société à la technologie beaucoup plus avancée, eut pour effet de permettre des réalisations architecturales, certes toujours légères, mais durables et sûres.
Désormais, l’image moderne de Tahiti, véhiculée par les voyageurs contient fréquemment cette notion de confort tropical de rêve. La rareté des tempêtes, les risques nuls de tsunamis et les mouvements de marée insignifiants dans le pacifique oriental, rendirent possible cet habitat lagonaire humain. Devenons des marins d’aventure au mouillage pastel de quelques îles privilégiées.
Les maisons polynésiennes anciennes sont mal connues, mais des différences sensibles d’un archipel à l’autre furent observées par les premiers explorateurs. Les formes et les fonctions particulières des constructions étaient déterminées suivant la présence de certains matériaux ou l’organisation sociale.
Plus agriculteurs que pêcheurs, les Polynésiens occupaient davantage l’intérieur des vallées que le littoral où de surcroît, des agressions de clan rivaux venant de la mer étaient toujours à craindre.
Après l’arrivée des étrangers, ces guerres devaient disparaître, sécurisant les habitants qui pratiquaient par ailleurs la pêche lagonaire. Ainsi, l’organisation sociale entre vallée et littoral se modifia.
Peu à peu, la prédominance de l’habitat côtier pris le pas sur celui des vallées.
Certes, les plantations en terrasses cultivées le long des rivières, produisaient toujours, mais les mouvements résidence vers les lieux de subsistance étaient inversés. On ne descendait plus au lagon pour pêcher, on montait pour récolter.
L’organisation de l’espace désormais côtier, ne changea pas, mais s’enrichit d’une nouvelle possibilité, bâtir sur l’eau. Bien entendu, il ne s’agissait pas alors d’édification de fare à plusieurs dizaines de mètres de la plage, comme la technologie permet aux entrepreneurs hôteliers de le faire aujourd’hui. Cependant, le gain de place à terre et le côté pratique qu’offrait alors aux pêcheurs ce type de construction sur pilotis, multiplia au bord des lagons des îles hautes, comme des atolls, les premiers fare sur l’eau.
Village lacustre de Maeva à Huahine
Les Tahitiens, au contraire des Européens, ne vivaient pas dans une seule habitation dont l’espace intérieur était découpé. Ils habitaient plusieurs fare monocellulaire ayant chacun leur propre fonction. Maisons pour dormir, pour cuisiner, pour manger, pour se réunir, elles étaient toutes réunies dans un espace souvent délimité par un muret en pierre ou des haies.
Mais vivant au grand air, la notion d’habitation chez les Tahitiens doit être pris au sens large. Par exemple, on pouvait aussi bien cuisiner ou battre le « tapa » à l’intérieur que sur des aires culinaires et de travail à ciel ouvert : il vaut mieux alors parler de lieu de résidence que d’habitation et de même de village.
Les différentes constructions de Fare
Le fare pote’e généralement le plus grand était au centre, de même forme et de même construction, mais avec deux demi-cercle à chaque extrémité. La charpente sur parties arrondies, était formée de chevrons qui rayonnaient comme un éventail depuis le bout du faîte jusqu’aux pannes courbrs. Ces fare étaient communautaires.
Le fare taupee avait en plus des deux autres types précédents, un plancher et une sorte de vérenda sur l’une des largeurs de l’édifice.
Le fare hau pape était le plus simple, rectangulaire, à même le sol et avec un toit à double pente. Deux poteaux principaux plantés aux extrémités de la longueur, portaient la panne faîtière. La charpente était formée de chevrons liés sur le faîte et encochés sur la panne sablière à intervalles réguliers. Ils se prolongeaient dans le bas pour former une petite avancée de toit. Latéralement des rangées de poteaux supportaient la charpente.
Le hangar à pirogues était un simple abri de grandes dimensions, constitué de potaux fixés en terre, rapprochés au sommet et ligaturés. Cette charpente était recouverte de tuiles végétales jusqu’au sol et les deux extrémités restaient ouvertes. » d’après James Cook.
Matériaux et Outillages
La mise en œuvre d’un chantier de construction ne nécessitait pas les mêmes démarches suivant la destination de l’ouvrage. Il faut distinguer le simple abri, plus ou moins provisoire, des zones de plantations ou des bords de mer, de l’habitation véritable ou encore, la maison à caractère exceptionnel. Dans ce dernier cas, maison de chef, de réunion, ou édifice » religieux » sur les marae, la construction devenait un acte sacré.
Les ouvriers étaient spécialisés et possédaient un marae sur lequel étaient accomplis les rites qui leur permettaient l’indispensable conciliation des dieux. Ceux-ci autorisaient la coupe d’un arbre ou la taille d’une pierre et favorisaient la réalisation de l’entreprise. L’érection des poteaux et la pose du toit étaient relativement rapides grâce au grand nombre de participants, tous les matériaux, piliers, éléments de charpente et tuiles végétales ayant préalablement été rassemblés à l’emplacement de la futur maison.
La décoration des fare, une fois terminée, était sommaire et comportait parfois quelques éléments sculptés autour des portes Les tuiles végétales sont faites, aujourd’hui comme hier, soit en palmes de cocotier, soit en folioles de pandanus.
Le fara : Les folioles du pandanus sont ramassées sèches puis trempées dans l’eau salée afin de se débarrasser des insectes et autres parasites pouvant accélérer leur décomposition. Elles sont ensuite séchées et assouplies avant d’être pliées au tiers de leur longueur sur une baguette de roseau. On perce alors les feuilles à 10 cm sous le pli, afin de « coudre ensemble les deux côtés au moyen d’une baguette de bambou qui, par ailleurs, servira à la fixation de la tuile sur le chevron. .
La palme de Niau (coco), coupée ou ramassée sèche, est trempée plusieurs jours dans l’eau douce. Puis la nervure principale est partagée dans le sens de la longeur et les folioles sont tressées en croix, encore mouillées.
Les pièces étaient liées entre elles au moyen de deux fibres, la seconde moins résistante que la première.
Le nape. La bourre extraite de l’enveloppe de la noix de coco, était immergée dans l’eau salée d’un bord de merdurant deux mois. A leur sortie, les fibres étaient écrasée par battage pour être ramollies, puis à nouveau lavées à l’eau claire et séchées.
Les vieux filaient et torsadaient les brins qui seraient enfin tressés.
L’écorce de purau (hibiscus) de couleur plus claire, trempait trois jours dans l’eau. Séchée, la fibre était torsadée à la main puis tressée à trois brins
OUTILLAGES
L’outillage des anciens, avant l’arrivée du fer, était conçu au moyen de matériaux locaux : bois dur, pierre taillée, les ligatures tressées en fibre de coco, coquillage, os et peau de requin pour l’abrasion, étaient choisis suivant la nature du travail:
- Les bois du cocotier, de l’arbre à pain et de l’hibiscus étaient principalement utilisés dans la construction.
- Cocotier et arbre à pain pour les piliers et les pannes, et hibiscus pour les chevrons, parfois remplacés par du bambou.
- Le aito, tou et mara permettaient la réalisation de pièces particulières, quelquefois sculptées.
- Herminette à lame de coquillage.
- Gouge en os.
- Râpe en corail.
- Lime en peau de requin.
- Aiguilles à coudres
Les Infrastructure touristique en Polynésie
Si quelques touristes parviennent déjà jusqu’à Tahiti dans les annèes 30, ce n’est évidemment qu’avec la mise en service de l’aéroport international que l’on peut raisonnablement penser à de véritables structures hôtelières. Auparavant, le voyageur n’avait le choix qu’entre quelques pittoresques établissements au confort sommaire et à l’accueil familial, où tout se passait dans le plus charmant laisser-aller.
L’hôtel Rivnac, à la pointe des pêcheurs, à Punaauia, offrait déjà, dans les années 50, le long de la plage, des fare niau semblables à ceux des résidents de l’île. A Moorea, quelques non moins surprenantes auberges, où cochons noirs venaient quémander des restes de nourritures, précédèrent l’installation de l’hôtel Aimeo en baie de Cook. Ailleurs, il était toujours possible de loger chez l’habitant…
L’expérience acquise par les professionnels du tourisme au cours de ces quarante dernières années, montre aujourd’hui qu’à l’exception des hôtels de transit toujours nécessaires à Tahiti, les unités offrant des bungalows sur le lagon étaient les plus demandées. Cependant, la capacité d’accueil, même si elle a considérablement augmenté en cette fin de siècle, demeure insuffisante et rend difficile pour les voyagistes, une fréquence de groupes pour des séjours plus » intéressants « . Pourtant, les hôteliers admettent que le gigantisme à l’américaine détruirait le produit. Pas de grandes unités donc, mais plutôt une multiplication d’hôtels de 50 à 150 chambres.
Par ailleurs, ce sont les hôtels qui maintiennent l’architecture traditionnelle en Polynésie, et le client, dans la mesure où le rapport qualité-prix est bon, trouve ce qu’il est venu chercher. Reste que la nature est fragile et que l’écosystème des lagons exigent que toutes les garanties soient prises pour ces nouvelles et souhaitables réalisations.
Aménagement en milieu récifal en Polynésie
Les récifs coralliens en Polynésie constituent des édifices vivants complexes et sensibles, le plus souvent recouverts d’une faible hauteur d’eau. S’ils sont soumis à des agressions naturelles, ce sont celles provoquées par les aménageurs en milieu récifal ou sur la frange littorale qui peuvent, le plus souvent, préoccuper les scientifiques. De nouvelles structures, mises en place pour prendre en charge la protection de l’environnement dans le domaine de l’aménagement des lagons, suivent les projets et demandent la réalisation d’études générales ou d’études appliquées à des projets scientifiques.
Au contraire des constructions privées littorales, où tout et n’importe quoi est fait sans la moindre réflexion ni contrôle, l’aménagement hôtelier sur le lagon impose une étude d’impact sur le milieu naturel. Une analyse de l’état initial du site est confié pour une période de un à deux ans, à des équipes scientifiques pluridisciplinaires, afin d’obtenir les connaissances de base de la zone à équiper.
Ainsi sont évalués tous les éléments de l’écosystème local, relatifs à l’établissement du projet. Nature du corail, substrat dur ou substrat meuble, estimation des échanges de masse d’eau entre l’océan et le complexe récifal, observation des phénomènes hydrodynamiques, de la vitalité corallienne, du peuplement d’algues, etc…
Une étude des effets du projet sur l’environnement est ensuite effectuée, tels que modifications courantologiques, sédimentation et apports terrigènes. Enfin, on met en œuvre des mesures pour supprimer, réduire et si possible compenser les conséquences dommageables du projet.
Chaque unité a sa station d’épuration qui traite les eaux usées revenues des bungalows vers la terre. La restauration biologique comprend notamment des transplantations de coraux autour et au pied des constructions.