L’embranchement des coquillages de Polynésie compte quelques 1 200 espèces recensées dans les récifs et lagons de Polynésie française, mais il ne s’agit que d’une estimation.
Mollusques et Coquillages polynésiens
La liste des espèces est pratiquement exhaustive pour certaines familles dont les représentants sont de grande taille (porcelaines, murex, cônes…), encore que l’on en découvre de nouvelles de temps à autre. Mais l’inventaire est loin d’être achevé pour les familles dont les coquillages adultes ne font que quelques millimètres (Rissoa, Eulina, Triphoris…).
On peut en fait estimer la représentation des mollusques dans les archipels de polynésie à 1 500 espèces. C’est peu comparativement à la Nouvelle-Calédonie, par exemple, où le nombre de 6 500 est avancé, ou encore aux Philippines (10 000 espèces), régions intégrées au gigantesque ensemble biogéographique indo-pacifique, allant des côtes africaines à l’île de Pâques, et où s’épanouissent les coraux constructeurs de récifs.
Cette pauvreté en espèces tient à de multiples raisons biogéographiques et écologiques dont on ne peut citer brièvement que les principales:
- L’éloignement du centre de dispersion de la faune indo-pacifique qui se situe dans l’ouest pacifique et le sud-est asiatique;
- Les courants marins ne favorisant pas la dispersion des larves vers l’est à partir de ce centre de grande richesse en espèces;
- L’éloignement des masses continentales et l’absence de remontées d’eaux froides profondes, induisant, d’une part, des eaux océaniques très pauvres en éléments nutritifs et, d’autre part, l’absence de certains milieux riches en matière organique (vasières, mangroves…) et des espèces adaptées à ces milieux;
- Les variations fréquentes du niveau de la mer au cours du quaternaire, ce qui a eu pour conséquence l’élimination sélective de certains groupes de mollusques.
- L’endémisme (existence d’espèces ne vivant que dans une aire géographique restreinte: un ou plusieurs archipels) n’est cependant pas exclu. Bien que variable selon l’archipel considéré, on estime que le taux d’endémisme moyen en Polynésie française est de l’ordre de 8 à 9% (70 espèces: 55 dans les récifs de l’archipel de la Société, 47 aux îles Tuamotu, 37 aux îles Marquises et 18 aux îles Gambier) alors qu’il est deux à trois fois moins important en Nouvelle-Calédonie. Richesse spécifique et endémisme sont évidemment variables selon la famille de mollusques considérée. Les cônes fournissent l’exemple d’une famille, étudiée exhaustivement en Polynésie française, comparativement à d’autres régions de l’Indo-Pacifique (schéma ci-dessus).
Modes de vie des mollusques en Polynésie
Chaque famille de mollusques (les trocas, les murex, les olives, les nacres, les bénitiers, les coques, les poulpes…), parfois même chaque espèce, est adaptée à un certain mode de vie qui détermine en fait sa répartition dans telle ou telle zone du lagon et du récif.
On peut opposer les espèces fixées ou prisonnières du substrat à celles qui sont vagiles (mobiles) sur ce même substrat. On peut également opposer les espèces qui vivent à la surface du substrat (épigées) à celle qui vivent plus ou moins en profondeur dans celui-ci (endogées). On peut enfin opposer le substrat meuble (sable, vase) au substrat dur, encore que ce dernier puisse être rocheux ou d’origine végétale.
Il existe des mollusques adaptés à toutes les combinaisons possibles à partir de ces catégories. Les Gastéropodes, par leur pied très développé, sont essentiellement mobiles, mais certains sont irrémédiablement fixés, comme les vermets dont le solide tube calcaire est soudé à la dalle corallienne. Les Bivalves qui possèdent des filaments constituant le byssus qui les fixe aux supports, sont plutôt des formes épigées (nacres, moules) ou à demi enfouies (Pinna dans les sédiments, Arca dans le calcaire).
Mais d’autres représentants de cette classe sont capables d’une certaine mobilité (coques, tellines) et même de « nage » par fermeture violente de leurs valves (Pecten), d’autres encore sont endogés, dans le calcaire (Lithophaga) ou le bois (Teredo).
La classification
La classification des mollusques comporte 7 classes (schéma ci-contre), dont les premières, vivant en grande profondeur, n’ont pas encore été signalées dans le Territoire.
Les classes des Gastropodes et des Bivalves sont les mieux représentées alors que celle des Scaphopodes ne comporte qu’une espèce non encore identifiée. La richesse en espèces de chaque classe représente entre 1 et 2% du nombre total d’espèces de chaque classe dans le monde entier.
Pour permettre un langage commun dans l’avancée scientifique, les savants se devaient d’adopter un protocole relatif à leurs descriptions.
Ils adoptèrent la nomenclature binominale établie par le Suédois Karl von Linné en 1758. Chaque être vivant se voit recevoir en latin un nom de genre et un nom d’espèce.
Le nom de l’auteur de la description, ainsi que la date de cette description, suivent généralement les 2 noms latins. En exemple, le « maua« , espèce autrefois fortement consommée en Polynésie, s’est vue décrite par Gmelin en 1791 sous le nom de genre de Turbo (avec une majuscule pour le genre), suivi de setosus (pour soyeux en latin, avec une minuscule pour le nom d’espèce). Cela donne donc « Turbo setosus Gmelin, 1791 »
Les règles de description sont très strictes, et nécessitent de fortes connaissances en taxonomie (l’étude des caractères de l’animal et de sa coquille). On trouve au-dessus des groupes espèces et genres, d’autres groupes permettant de classer les êtres vivants : ce sont les familles, superfamilles, puis ordre, sous-classe, classe etc…
Histoire : Coquillages et peuple polynésien
Outils, ornementation, alimentation… Les coquillages sont liés à l’histoire de l’homme depuis la nuit des temps. En Polynésie, le rapport entre l’Homme et l’océan étant évident, les coquillages reçurent très tôt une attention particulière. En revanche, l’intérêt scientifique n’arriva qu’avec les « découvreurs » européens. Ceux-ci embarquèrent à leur bord des botanistes, qui avaient la charge de récolter et d’étudier les espèces destinées aux musées.
Les premières collections de coquillages quittèrent la Polynésie sur l’Endeavour, navire de James COOK, puis sur les autres bateaux de cette fin de XVIIIème siècle. En 1823, une corvette bien nommée, « La Coquille », jette l’ancre dans nos eaux avec à son bord deux naturalistes: Lesson et Carnot. Ils publieront 9 ans plus tard de nombreux volumes sur la faune des îles de la Société, et rapporterons une collection de référence maintenant déposée au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris. Puis ce fut Dumont d’Urville, et ses naturalistes, Hombron et Jacquinot, puis Du Petit Thouars en 1838, enfin, un nombre important d’expéditions anglaises en ce XIXème siècle très riche.
LA BIOLOGIE
Mollusque vient du latin « mollusca« , qui signifie corps mou. On a donc affaire à des invertébrés. La diversité des mollusques est énorme, et leur corps mou est sans doute leur seul point commun à tous.
Les gastropodes marins vivants dans l’eau, « respirent » par une branchie, possèdent les organes vitaux habituels, et sont surtout caractérisés par un « pied », qui leur sert entre autre à se déplacer. Ils vont se nourrir grâce à une radula, garnie de nombreuses dents râpeuses pour certains, voire même de dents-fléchettes pour les gastropodes évolués.
Pour ce qui concerne la coquille : elle est construite par l’animal en carbonate de calcium, à partir du calcium dissout dans l’eau de mer. Chaque espèce l’enroulera à sa façon, la parera des dessins et des couleurs les plus extraordinaires. Ce sont des cellules spéciales du manteau qui déposeront les pigments de la coquille.
LES ESPECES INTRODUITES
Au XXème siècle, l’homme moderne a introduit deux nouvelles espèces pour leur intérêt économique. Ce fut tout d’abord le Troca (Trochus niloticus), avec 1200 individus importés en 1957 des Nouvelles Hébrides (l’actuel Vanuatu).
La mortalité fut énorme, mais quelques dizaines d’individus s’adaptèrent avec succès dans le lagon de Tautira, presqu’île de Tahiti. On les trouve maintenant, après transplantation, sur tous les récifs des îles de la Société
Leur coquille nacrée était autrefois utilisée pour la fabrication de boutons. De nos jours, c’est vers l’artisanat local qu’elle est plutôt destinée. La pêche du troca est réglementée, par les dates de ramassage, la taille des individus et le quota à respecter.
La deuxième espèce importée, elle, en 1968, est le Burgau (Turbo marmoratus). C’est le plus grand représentant des Turbinidae, et sa coquille verte se transforme bien en lampe artisanale. Les turbos possédant un opercule calcaire, celui-ci, de taille respectable, se retrouve souvent sur les bureaux en presse papier! Ce coquillage voit aussi son ramassage réglementé.
Perle de Nacre de Polynésie : un joyau incontesté
Le coquillage suscitant sans nul doute le plus d’intérêt en Polynésie est un bivalve. La nacre (Pinctada margaritifera) est recherchée pour sa coquille, bien sûr, mais aussi pour le joyau qu’elle renferme (parfois) : la perle.
Avant l’arrivée de la technique japonaise de la greffe, il fallait récolter des centaines de nacres pour trouver une jolie perle
La perle est le fruit d’une défense de l’animal contre un corps étranger.
Lorsqu’en effet celui-ci pénètre entre la coquille et le manteau de l’animal, ce dernier sécrète de la nacre pour isoler l’intrus. L’amalgame ainsi obtenu peut rester collé à la coquille, ou évoluer en perle plus ou moins ronde.
La technique de la greffe va copier le schéma naturel, par l’introduction d’un corps étranger : le nucleus (« noyau » en latin). La nacre produira ainsi une perle dite de culture, par opposition à la perle fine produite sans intervention de l’homme.
La production de nacre se concentre dans les lagons. L’animal a besoin d’une nourriture assez abondante, surtout si on veut la faire grandir assez vite ! C’est en filtrant l’eau que la nacre trouvera son oxygène, ses aliments, ainsi que le calcium nécessaire à sa coquille. Le carbonate de calcium produit par le manteau s’arranger sous forme de cristaux d’aragonite qui luiront au soleil d’un effet qu’on baptisera en son honneur : « nacré « .
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