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Les baleines de Polynésie

Baleines de Polynésie
Zoo de Beauval
Zoo de Beauval

Le Mégaptère doit son nom aux immenses nageoires pectorales qui le caractérisent. Il est aussi appelé Baleine à bosse, car son aileron dorsal est placé sur une bosse peu accentuée. On le rencontre dans les cinq océans, des latitudes polaires aux tropiques, selon la saison: c’est un grand migrateur.

Baleines polynésiennes : un destin de Mégaptère

Comme dix autres espèces de baleine en Polynésie, le Mégaptère ou Baleine à Bosse est un mysticète : il se nourrit de petits organismes (crustacés ou poissons) en tamisant l’eau de mer à travers ses fanons.

La Baleine à bosse appartient à la famille des balénoptères, c’est-à-dire qu’elle possède un aileron dorsal, à la différence des Baleines franches. Les Mégaptères rencontrés dans les hémisphères nord et sud sont regroupés au sein d’une seule espèce, Megaptera novaeangliae, bien que l’on pense que les deux populations soient distinctes.

Le Mégaptère n’est pas un géant dans la famille des baleines, les femelles, plus grandes que les mâles, atteignent la longueur de 16 mètres et le poids de 65 tonnes à l’âge adulte, contre 28 mètres et 150 tonnes pour le Rorqual bleu. Mais parmi les espèces communes de cétacés en Polynésie, le Mégaptère est surclassé seulement par les grands mâles Cachalots qui atteignent la taille de 18 mètres.

Les femelles Baleines de Polynésie donnent naissance à un baleineau d’environ 4,30 mètres tous les deux ans en moyenne et après environ 11 mois et demi de gestation; cet événement a lieu durant la saison froide, dans les eaux polynésiennes. Le petit est allaité par sa mère durant un peu moins d’un an, et il atteint la taille de 8 mètres environ lorsque le sevrage intervient. La mère est alors disponible pour un nouvel accouplement, si elle est en pleine maturité. Il est parfois observé qu’une femelle s’accouple avec succès peu après la naissance du baleineau: elle repart donc vers les lieux de nourrissage à la fois allaitante et gestante.

Né d’une mère navigatrice au long cours et d’un père maître-chanteur, le bébé Mégaptère hérite à coup sûr d’un destin original, parmi toutes les créatures marines. Polynésien en vertu du « droit du sol », notre baleineau voit le jour parmi les coraux et les poissons multicolores. Ses jours seront cadencés par les saisons :

L’été dans les eaux de l’Antarctique, glaciales mais gorgées du krill nourricier (un crustacé de la famille des euphausiacés et dénommé Euphausia superba). Durant l’été austral, une baleine peut se nourrir à raison de 3 tonnes par jour en moyenne. Elle accumule ainsi de l’énergie, stockée sous forme de graisse.

L’hiver se passe au chaud dans les eaux du Pacifique tropical.

Lors de son hivernage sous les tropiques, l’activité de ces baleines sera rythmée par le repos et les activités sociales, notamment celles liées à l’accouplement.

De juillet à novembre, les chants nuptiaux des mâles adultes résonnent ainsi de la Colombie à l’Australie. A cette époque de l’année, les Mégaptères préfèrent se retrouver au voisinage des terres émergées, peut-être pour protéger les nouveau-nés des prédateurs naturels tels que l’Orque ou les grands requins océaniques.

Entre ces deux saisons, les baleines effectuent leur longue migration:

  • Vers le nord au mois d’avril et mai
  • Vers le sud au mois de décembre

Les scientifiques ont pu vérifier que les baleines se déplaçaient à raison d’environ 1500 kilomètres par mois. On a peine à imaginer les tempêtes qu’elles affrontent durant ces longues migrations.
Ce destin de Mégaptère a davantage de chances de ne pas être tragique depuis l’arrêt de la chasse au Mégaptère, décrété en 1966 face à la menace d’extinction qui pesait sur l’espèce.

Plusieurs dizaines de Baleines à bosse furent toutefois tuée aux Iles Tonga jusqu’en 1978.

Mais il faudra encore compter avec les risques de collision, les filets dérivants et les « erreurs » des baleiniers qui confondraient notre Baleine à bosse avec l’une des espèces qu’ils s’autorisent encore à chasser. Certains pays d’Europe et d’Asie tel que le Japon persistent en effet à considérer que la meilleure place d’une baleine est dans une assiette.

Année après année, les prétentions des pays chasseurs de baleines se font plus pressantes face aux partisans d’une protection totale et perpétuelle des baleines. Va-t-on assister impuissant à une reprise de la chasse baleinière à grande échelle ?

Baleine à Bosse
Baleine à Bosse

Havre polynésien pour baleines rescapées

Les Mégaptères de l’hémisphère sud ont frôlé le seuil de l’extinction au cours des années 60 : on estime leur population d’alors à moins de 3000 individus contre probablement près de 100 000 Baleines à bosse au début du siècle. Jusqu’à dix-huit mille Mégaptères furent tués annuellement durant les années 1910 à 1940 ; l’Australie et la Nouvelle-Zélande en capturèrent encore plusieurs milliers dans les années cinquante et soixante. Au moins 162 000 Mégaptères furent tués entre 1910 et 1963 dans l’hémisphère sud. Face à ces hécatombes, les quelques individus harponnés en Polynésie française n’ont pu avoir qu’une influence très modeste sur l’état des populations.

La population australe de Baleines avoisinerait aujourd’hui les 10 000 individus et s’accroîtrait à un rythme annuel compris entre 5 et 10%. L’Antarctique est devenu un sanctuaire pour les baleines (à la suite d’une proposition française, il faut le noter), et la population a toutes les chances de revenir à un niveau confortable d’ici une vingtaine d’années. Si l’observation d’un Mégaptère était un événement rare en Polynésie française en 1970, de nos jours les Baleines à bosse sont observées dans tous les archipels polynésiens, avec une fréquence variable. Les estimations qui ont été réalisées donnent une fourchette de population hivernante comprise entre 150 et 400 individus. Et même si le fenua n’a pas encore décrété officiellement la protection des cétacés, les cinq millions de kilomètres carrés de sa Zone Economique Exclusive offrent aujourd’hui une protection effective aux baleines.

Le fait que les Mégaptères ne soient plus chassés industriellement depuis trois décennies influence probablement leur réaction vis-à-vis de l’homme : les Baleines à bosse sont en général peu méfiantes et se laissent facilement observer. Chaque année plusieurs milliers de touristes peuvent ainsi se laisser griser par l’observation de ces paisibles géants au voisinage immédiat des paysages idylliques de la Polynésie française.

Baleines en Polynésie - les espèces
Baleines en Polynésie – les espèces

Observer les Mégaptères

Durant la belle saison (juillet à novembre), on peut voir des Mégaptères sur toute l’étendue du Territoire, mais les endroits où les baleines sont les plus accessibles se situent dans l’archipel de la Société et au nord des Australes.

Au plus fort de la période d’hivernage (août à octobre), plusieurs baleines sont observables quotidiennement à Tahiti, Moorea, Huahine, Rurutu et Tubuai, pour ne citer que quelques îles. On peut les voir depuis la côte (avec des jumelles), car elles sont souvent très près du récif, on peut aussi les approcher en bateau. Dans ce cas, on peut choisir les services d’un tour organisé (voir encadré), ou profiter d’une semaine de croisière en voilier pour observer les baleines.

Quel que soit le cas, il faut toujours se garder de confondre ces géants aquatiques avec des animaux domestiques que l’on pourrait approcher (voire caresser !) à loisir. Malgré leur apparente absence d’agressivité vis-à-vis de l’homme, les Mégaptères sont d’authentiques créatures sauvages, pesant plusieurs dizaines de tonnes et dotées d’une force phénoménale. Il n’est que de les voir sauter ou battre des nageoires pour s’en convaincre. Le simple respect dû à n’importe quel animal sauvage s’impose lors d’une observation en bateau. Pas besoin de vouloir reproduire certaines des pitreries aquatiques que l’on voit parfois sur le petit écran pour faire des rencontres inoubliables.
Parmi les règles de bonne conduite qui régissent l’observation touristique des baleines de par le monde, trois semblent essentielles:

  • On ne doit pas s’approcher d’une mère accompagnée d’un baleineau nouveau-né,
  • On ne suit pas une baleine qui semble vouloir éviter la présence du bateau,
  • On n’essaie pas de s’approcher d’une baleine déjà en contact avec un autre bateau.

La plupart des professionnels qui proposent des excursions-baleines sur le Territoire respectent ces règles élémentaires.

Les études scientifiques menées sur le Territoire

Les études actuelles visent à identifier la population de baleines hivernant en Polynésie et à déterminer sa distribution et son importance numérique.

La photo-identification permet de reconnaître les individus. Pour identifier un Mégaptère, on utilise le motif unique qui est dessiné sur la face inférieure de sa nageoire caudale. Cela permet ensuite de connaître le degré de fidélité des baleines par rapport à un site et, à long terme, d’évaluer l’abondance de la population.

L’échantillonnage par bateau permet de déterminer la distribution de la population hivernante et d’estimer son abondance. Pour cela, on effectue un parcours autour des îles de Polynésie avec une équipe d’observateurs et un système d’écoute sous-marine. On peut ainsi quantifier le nombre de baleines rencontrées.

L’acoustique permet de détecter les Mégaptères mâles en train de chanter. Le chant nuptial du Mégaptère se renouvelle en partie chaque année et les baleines d’une même population partagent à peu près le même répertoire. On peut ainsi déterminer l’activité de reproduction sur un site et savoir si le Mégaptère observé est un mâle reproducteur.

La génétique permet de connaître le sexe des individus et de connaître leur degré de parenté avec d’autres populations du Pacifique sud (Colombie, Tonga, Nouvelle-Calédonie, Australie, Nouvelle-Zélande). Pour effectuer une analyse génétique il faut disposer d’un fragment de peau du Mégaptère, que l’on collecte directement dans l’eau ou en effectuant une biopsie, à l’aide d’une arbalète et de flèches spéciales.

Dauphins et Baleines de Polynésie françaises
Dauphins et Baleines de Polynésie françaises
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