Sur les flancs abrupts de quelques falaises de Rurutu, le point de vue sur l’océan est sans commune mesure. Et de ces « miradors », il est facile de repérer les baleines à bosse ou jubartes qui chaque année remontent des eaux froides de l’Antarctique pour mettre bas dans les eaux chaudes de la Polynésie française.
La chasse à la baleine
Rurutu, de par la proximité de son récif corallien, est une île très convoitée par les baleines géantes, et de juillet à octobre leurs souffles viennent perturber la surface limpide de l’océan.
C’est ce souffle qui la coûté la vie à des milliers de jubartes aux temps où la chasse à la baleine était devenue une activité très lucrative. Dès 1789, les navigateurs Européens n’eurent aucune difficulté à mettre le cap sur les Mers du Sud et à sillonner un océan, le Pacifique, dont le nom assurait à lui seul des mois de navigation tranquilles, loin des vagues rugissantes de l’Atlantique. La Polynésie française allait aussi leur assurer des points de ravitaillement en eau douce et en nourriture.
Le cachalot était l’espèce de baleine la plus recherchée : il enfermait dans son encéphale une huile si précieuse qu’elle valait son pesant d’or en Amérique et en Europe. Sans parler des fanons des mégaptères que l’on arrachait à l’animal une fois qu’il était hissé à bord et dont on se servait pour confectionner les corsets de ces dames et les parapluies de ces messieurs. Les Rurutu chassaient la baleine, non pas pour se vêtir mais pour se nourrir. Quand la célèbre fleur d’ atae se paraît de belles couleurs rougeâtres, c’était le signal que les baleines de polynésie allaient bientôt arriver dans les eaux paisibles et claires de Rurutu.
Les habitants de l’île avaient une technique de chasse bien précise : ils savaient que la baleine se rapprocherait du récif frangeant une fois qu’elle aurait mis au monde le baleineau. Elle devenait alors une proie facile. Des portes paroles alertaient toute la population de la présence des mégaptères et sous la présence sacrée du Te ti’a o te opu tauta’i, le premier coup de harpon pouvait être donné. Le baleineau était tué en premier et c’est à cheval que se faisait la distribution de sa chair dans toute l’île.
Quand la mère était à son tour vaincue, les cloches des trois villages se mettaient à carillonner ensemble et une prière de remerciement était alors faite. Le baleineau était pour les Rurutu un cadeau précieux que le ciel leur avait donné et sa chair était consommée pendant une durée de trois ans. On est bien loin des carnages que firent les baleiniers : de 1804 à 1917, plus de 193 000 baleines furent capturées dans les eaux de Polynésie.
L’observation des baleines
De nos jours, Rurutu est devenue célèbre pour l’observation des cétacés. Yves Lefèvre vit depuis toujours une passion pour les baleines et il décida avec Eric Leborgne, de monter à Rurutu une antenne de son club de plongée le « Raie Manta Club ». Dans les eaux claires de l’océan, avec l’autorisation du Ministère de l’Environnement pour observer les cétacés, Yves propose des « sorties baleines » tellement réputées que les plus grands cinéastes et photographes sous-marins viennent séjourner quelques semaines à Rurutu pour repartir avec dans leurs bobines les images dont ils ont toujours rêvé.
Cette activité a d’ailleurs relancé le tourisme sur l’île et plusieurs pensions sont nées et proposent aux « inconditionnels de la jubarte » un accueil chaleureux et typique de Rurutu !
Image - Cartes - Photos : les baleine de rurutu -