Au XIXe siècle, le cœur de la ville d’Albi s’était fixé place du Vigan, en lisière de l’axe routier principal et au centre géographique de l’agglomération. Les vieux quartiers (aujourd’hui lieux de tourisme) conservaient l’essentiel de la fonction marchande, mais ils comportaient bon nombre d’immeubles dégradés et malsains, abandonnés par les commerçants pour des habitations plus agrestes.
Histoire d’Albi
Albi, ville du sud-ouest de la France, chef-lieu du département du Tarn. Albi est située sur les contreforts occidentaux du Massif central, en Albigeois, sur le Tarn.
L’ancienne activité industrielle liée à l’exploitation du bassin houiller de Carmaux (rendu célèbre par Jean Jaurès) est aujourd’hui en crise. L’agglomération albigeoise conserve des activités industrielles variées : textile, mécanique, électronique. Albi est aussi une ville touristique. Elle le doit notamment à sa cathédrale Sainte-Cécile (XIIIe-XVe siècle), de style méridional, qui domine la ville de sa masse de briques roses, ainsi qu’au musée Toulouse-Lautrec, logé dans le palais de la Berbie, forteresse imposante.
La ville fut réunie au comté de Toulouse au Ve siècle, puis à la Couronne au XIIIe siècle. Albi fut le centre de l’hérésie cathare aux XIIe et XIIIe siècles, menée par Roger Trencavel et Raymond VI de Toulouse.
Le recul démographique qui s’ensuit provoque une détente sur le foncier urbain et permet la construction d’hôtels aristocratiques à l’intérieur des remparts. Les marchands enrichis par le commerce du pastel et du safran (dont l’apogée se place entre 1450 et 1550) font construire de belles demeures dans les quartiers réputés élégants.
Dans le même temps, le cœur de la ville d’Albi supporte les effets d’une «haussmannisation» dont le but est de conserver sa fonction commerciale au centre traditionnel en le rattachant à l’axe principal de la circulation, définitivement déporté vers l’est par la construction du Pont-Neuf, ouvert en 1868. L’utilitarisme l’emporte sur le romantisme. Des percées tranchent les vieux quartiers et l’on rase des îlots entiers, bordés de couverts, pour retenir le marché. Albi, reliée à Toulouse et Paris par chemin de fer depuis 1864, participe au mouvement de l’industrialisation.
À l’est de la ville, à Saint-Juéry, se développent progressivement les forges du Saut-du-Tarn, exploitant, depuis la Restauration, la force motrice de la rivière dans un secteur de rapides qui marquent l’endroit où elle sort d’une gorge sciée dans les micaschistes pour étaler sa vallée dans les argiles tertiaires. L’usine du Saut-du-Tarn est l’un des premiers centres français de la taillanderie.
Arts et tourisme à Albi
Bâtie de briques aux tons chauds, la «ville rouge» compte de nombreux monuments religieux et civils. Dominant Albi, la cathédrale Sainte-Cécile est un flamboyant édifice en briques roses, de style gothique. Elle a été construite entre le XIIIe et le XVe siècle.
La cathédrale Sainte-Cécile d’Albi illustre de manière exemplaire l’architecture gothique du Midi toulousain. Elle abrite également un décor exceptionnel : le plus grand Jugement dernier du Moyen Âge (200 m² peints à la détrempe, entre 1474 et 1484), le plus important ensemble de sculpture française de la fin du XIVe siècle, et le programme le plus précoce de peinture de la Renaissance italienne réalisé en France. Surtout, l’emploi de la brique, pour un monument de cette ampleur, est tout à fait exceptionnel. Ce choix obéissait à des considérations de divers ordres.
Il participait d’abord d’un souci d’économie, d’argent et de temps : la pierre, qui requiert des spécialistes pour sa taille et sa pose, s’avère onéreuse; la brique, au contraire, fabriquée près du chantier de manière standardisée, ne nécessitait qu’une main d’œuvre peu qualifiée. Une deuxième considération fut d’ordre politique. Lorsque, en 1277, l’évêque Bernard de Castanet lança la construction de cette nouvelle cathédrale, il entendit que son architecture manifestât l’indépendance spirituelle et politique de sa ville.
En butte aux empiétements des officiers royaux sur sa juridiction temporelle, il refusa en effet de rendre, à l’inverse des autres évêque du Midi, une allégeance monumentale au souverain en adoptant l’art de la France. Enfin, pour montrer sa détermination à lutter contre l’hérésie, des raisons spirituelles le portèrent à rejeter ostensiblement le luxe, bien que son diocèse fut un des plus riches du royaume.
La construction s’échelonna cependant sur plus d’un siècle. L’abside était terminée en 1325. Vers 1340, la partie centrale de la nef était achevée; les dernières travées le furent en 1340 et 1390, en même temps que les étages inférieurs du clocher. Les derniers étages furent construits entre 1485 et 1492. Le volume intérieur (abstraction faite du chœur, plus tardif) se caractérise par son unité et sa simplicité. Rejetant le chevauchement des plans et les contrastes opposant vides et pleins et lumière et ombre, caractéristiques des cathédrales du nord de la France, la nef (longue de 97 m, large de 28 m et haute de 30 m) se présente comme un espace libre pour la prédication, où chaque fidèle peut participer directement au culte.
Ainsi, le gothique méridional apparaît-il ici comme un art militant : proclamation monumentale de la puissance de l’Église et de la pérennité de son magistère, il retourne également contre l’hérésie l’une de ses revendications les plus populaires en mettant en scène la prise de distance à l’égard du monde sensible. Cette austérité initiale fut atténuée à la fin du XVe siècle par l’abondance et la splendeur de la statuaire, qui forme un ensemble considérable (87 statues à la façade externe du jubé, 33 personnages de l’Ancien Testament au pourtour du chœur, 15 statues des apôtres, de la Vierge, de saint Jean-Baptiste et de saint Paul dans la nef, et enfin 72 statues d’anges, de Charlemagne et de l’empereur Constantin qui dominent les deux portes d’entrée de la clôture). Cet ensemble, qui a conservé sa polychromie d’origine, pourrait être lié aux ateliers des grands imagiers français de la fin du XVe siècle, Antoine Le Moiturier et Michel Colombe.
La collégiale Saint-Salvi (XIe-XIIIe siècle) fut achevée après 1450 dans le style gothique méridional.
Le palais de la Berbie (XIIIe-XIVe s.), ancien évêché, abrite le musée Toulouse-Lautrec, qui, outre le plus riche ensemble d’œuvres du peintre albigeois, conserve notamment une importante collection d’art moderne.