Etude et conception d’espaces intérieurs, l’Architecture d’intérieur l’est également pour l’ameublement et de la décoration, fondées sur des considérations tant pratiques qu’esthétiques, dans des environnements privés ou de travail. De nos jours, l’architecte d’intérieur est aussi souvent designer, dans la mesure où il utilise des produits fabriqués en série et les agence selon des critères stylistiques originaux (design).
Les principes de l’Architecture d’intérieur
1. Le métier d’architecte d’intérieur
L’architecture d’intérieur concerne les espaces à usage privé (maisons et appartements), mais aussi les bâtiments à usage public : salles de concert, théâtres, bureaux, banques, restaurants, lieux de culte, aéroports, etc.
Si dans certains projets, l’architecte et l’architecte d’intérieur sont une seule et même personne, il est plus fréquent que deux professionnels unissent leurs compétences pour créer un tout homogène. L’architecte d’intérieur peut également travailler de manière autonome à la décoration d’édifices existants.
2. Les contraintes
Lorsqu’il n’intervient pas dans la construction d’un bâtiment, l’architecte d’intérieur étudie en premier lieu le plan à échelle. Il doit tenir compte de contraintes comme la disposition des murs, des portes, des prises de courant ou des installations électriques. Son travail consiste à créer des effets décoratifs en utilisant une vaste gamme de composants qu’il doit agencer de manière cohérente dans le but d’obtenir un résultat agréable à l’œil. Parmi ces composants, notons l’illumination, les couleurs, les tissus, le revêtement des sols et des murs, les meubles et les objets décoratifs. En outre, les goûts et le budget du client ainsi que l’affectation du lieu jouent un rôle important dans la réalisation du projet.
3. Les « outils »
La lumière — qui peut-être naturelle, artificielle ou une combinaison des deux — contribue grandement à la perception de l’ambiance et est étudiée en fonction des couleurs choisies : froides (bleu, vert et gris), chaudes (rouge, jaune, orange et marron), intenses (rouge, marron, pourpre et noir) ou douces (beige et rose). Certains coloris comme le blanc, les couleurs claires et les couleurs froides donnent l’illusion de l’espace, d’autres telles que le noir, les couleurs foncées et les couleurs chaudes produisent l’effet contraire. En variant la teinte et l’intensité, on peut choisir de mettre en évidence (ou non) certaines structures par rapport à d’autres. De petits objets peuvent ainsi être mis en valeur en jouant sur le contraste entre leur couleur et celle du fond sur lequel ils sont disposés.
Les matériaux utilisés constituent également un élément déterminant de l’impression qui se dégage d’une pièce. L’ardoise, la brique, le verre, le plâtre, le bois ciré, le linoléum, le carrelage, le chintz, le damas, le lin, la soie et la laine présentent des caractéristiques diverses qui créent des effets totalement différents.
L’agencement de l’espace – En générale, la décoration d’intérieur se conforme à des règles précises. Les dimensions de chaque meuble doivent être proportionnelles à celles de la pièce et des autres meubles. Les lampes et les lustres sont placés dans des lieux réservés à la lecture, leur nombre augmente ou diminue selon que l’on souhaite une lumière diffuse ou intense dans des endroits déterminés. Les éléments décoratifs des murs doivent se trouver dans le champ visuel de l’observateur. En outre, ils ne peuvent être disposés indépendamment les uns des autres et sans prendre en compte le reste de la décoration. Enfin, la disposition du mobilier et des divers objets doit être étudiée de façon à ce que la pièce ne soit pas encombrée par endroits et vide à d’autres, tout en respectant des critères de fonctionnalité.
Histoire de l’architecture d’intérieur
Dans l’Égypte ancienne, les habitations les plus pauvres, construites avec de la terre mélangée à de l’eau, ont pour seule décoration de la chaux passée à la main sur les murs, une habitude qui perdure encore de nos jours. Les demeures plus aisées se distinguent au contraire par la richesse des couleurs et des fresques. Dans les propriétés de l’aristocratie, encore plus somptueuses, les pièces s’articulent ordinairement autour d’une cour et sont ornées de panneaux représentant des motifs typiquement égyptiens, tels que le palmier ou le papyrus.
Les murs sont généralement recouverts de nattes de roseaux tressés et les meubles en marqueterie sont finement incrustés d’ivoire, de pierreries, d’or et d’argent. La plupart du temps, les peintures murales représentent des membres de la famille et témoignent de la valeur accordée à la vie domestique. La teinte de prédilection pour les sols est le bleu qui crée l’illusion d’une calme étendue d’eau.
L’architecture de la Grèce antique s’inspire des principes de la symétrie, de l’unité du style et de la simplicité, laissant peu de place à d’éventuelles améliorations apportées par l’architecture d’intérieur. Les palais de Crète et de Mycènes présentent toutefois de riches décorations (en particulier des fresques de couleurs vives) et conservent encore aujourd’hui des restes d’objets d’art en ivoire, céramique ou métal.
Dans l’Antiquité romaine, la décoration intérieure privilégie les peintures murales et les mosaïques de pavement. Cette fresque de la Villa des Mystères (construite v. 50 av. J.-C.) à Pompéi, pourrait, selon certains historiens, figurer une initiation rituelle. Sur la droite de la scène, un silène joue d’un instrument à cordes tandis qu’au centre une sacrificatrice officie, le dos tourné au spectateur.
En ce qui concerne l’art romain, les ruines de Pompéi et d’Herculanum constituent une excellente illustration des goûts de l’époque. La mosaïque est très utilisée, tant pour les murs que pour les sols, ainsi que la peinture murale en trompe l’œil. Comme le montre la salle à manger typique (triclinium), le confort revêt une grande importance : c’est sur des divans agrémentés de coussins que les convives, à demi-couchés, prennent leur repas. Jusqu’à la fin du ive siècle apr. J.-C., l’architecture d’intérieur romaine allie luxe et faste. Les demeures regorgent de meubles de valeur et de tentures en lin, soie et laine d’un grand raffinement. Une attention particulière est portée à la décoration et aux objets à usage domestique, habituellement réalisés en bronze, verre, or, argent et céramique.
À partir du VIIe siècle apr. J.-C., les pays du Moyen-Orient qui ne sont pas intégrés à l’empire arabo-musulman n’échappent cependant pas à sa profonde influence. L’art musulman qui prend forme se diffuse dans tous les domaines et trouve aussi une large expression dans la décoration et l’ameublement. Héritier de diverses cultures, le style arabo-musulman jouit de particularités propres et parfaitement reconnaissables. Dans la mesure où le Coran interdit la reproduction des figures humaines et animales, la décoration à base de mosaïques intègre abondamment la calligraphie ainsi que des motifs géométriques élaborés.
Des représentations de jardins (réels ou imaginaires), de splendides arabesques, des entrelacs géométriques ou des compositions florales et végétales embellissent tissus, tapis et céramiques. Les tissus les plus recherchés pour l’ameublement et les tentures sont la soie et le velours. De nombreux édifices de l’Espagne méridionale, en particulier L’Alhambra de Grenade, sont d’excellents exemples de ce style. Organisées autour d’une cour centrale, les pièces sont ornées de carreaux de faïence, de stucs et de panneaux filigranés, auxquels s’ajoutent des tapis et des tapisseries d’une incomparable splendeur.
Le style arabo-musulman se répand jusqu’en Inde où il atteint son apogée du milieu du xvie au milieu du XVIIe siècle. Le marbre constitue l’un des matériaux les plus appréciés pour les constructions monumentales telles que le Taj Mahal à Agra (Inde). Le goût pour les jardins et les fontaines élaborées est particulièrement prononcé. La technique de la mosaïque mêle des procédés d’origine locale et des méthodes importées, donnant lieu à des œuvres merveilleuses qui intègrent du lapis-lazuli, du verre coloré et des morceaux de miroir.
Autour du Ier siècle apr. J.-C., la gravure sur bois et la technique de la fresque se développent. Les motifs de prédilection sont le lotus, le nénuphar et la datura, symboles de la vie, de la création et de la mort. La céramique, les tapis et les tissus sont également agrémentés de ces sujets traditionnels qui, en Inde, caractérisent encore aujourd’hui la décoration. Bien des objets témoignent du savoir-faire des artisans dans ces domaines ainsi que dans le travail du bois et des métaux.
Dans l’esthétique chinoise, les maîtres mots de la décoration d’intérieur sont simplicité et mesure (voir art chinois). L’espace architectural est divisé par des claies recouvertes de papier translucide. Déjà en usage dans l’Antiquité, ces matériaux restent longtemps employés grâce à leur côté pratique — ils peuvent être déplacés très facilement —, à l’impression de légèreté qui s’en dégage et à l’intimité qu’ils procurent aux occupants de la maison. Selon le statut social du propriétaire, les sols sont en terre battue, en pierre ou en marbre. Les poutres sont richement sculptées de motifs représentant des dragons ou des tigres. À partir des IIIe et IIe siècle av. J.-C., les meubles de bois foncé se diffusent. Pour le rangement, les commodes et les secrétaires sont particulièrement prisés. Après le Xe siècle, la décoration est plus sophistiquée ; on trouve en abondance de l’ivoire sculpté, de la nacre, du jade, de l’argent et de l’or. La soie, de coloris variés, est largement utilisée dans la tapisserie et la broderie.
Au Japon : la décoration d’intérieur et l’ameublement japonais sont également d’une grande sobriété (voir art japonais). Si, entre le vie et le ixe siècle, les couleurs vives connaissent un succès notable du fait de l’influence chinoise, les tons naturels prévalent après cette période. Les différentes pièces de la maison typique japonaise sont divisées par des paravents recouverts de papier, parfois décorés de paysages et de scènes pastorales. Le centre de l’habitation comprend des alcôves, des consoles et quelques objets. Le sol est revêtu de tatami, une natte faite de paille de riz. Le mobilier est réduit au strict minimum, il est en général composé de coussins et de murs de séparation coulissants. À l’instar des populations arabo-musulmanes, les Japonais ont toujours apporté un soin particulier à l’entretien des jardins qui sont agrémentés de fontaines et de lacs artificiels.
L’architecture d’intérieur en Occident
Dans l’art occidental, l’architecture d’intérieur a toujours constitué un domaine d’intervention artistique et artisanale de premier plan. Elle a permis l’expérimentation de matériaux ainsi que l’introduction de motifs décoratifs et de modèles esthétiques inédits, parallèlement à l’affirmation de nouveaux styles ou tendances. L’étude de cette discipline est en outre intéressante pour comprendre l’évolution des us et coutumes, tant au niveau de la vie quotidienne qu’au niveau culturel.
Les intérieurs romans et gothiques
À l’époque médiévale, alors que le petit peuple s’entasse dans des abris de fortune, les nobles entourés de leur cour et de leurs serviteurs habitent dans des châteaux forts. La partie réservée à l’habitation est organisée autour d’une pièce principale divisée en cuisine et en salle à manger. Avant que des chambres à coucher ne leur soient attribuées, les serviteurs dorment dans cette pièce transformée en dortoir pour la nuit (des rideaux séparent les espaces réservés aux femmes et aux hommes). Cet espace polyvalent peut mesurer jusqu’à 18 m de longueur et 6 m de largeur. Il est recouvert d’un toit soutenu par des poutres de bois qui, à la fin du Moyen Âge, sont ornées de sculptures ou de peintures. Sur le sol (en pierre, terre, brique ou carrelage), on dispose du jonc, de la paille et des feuilles.
Après les croisades, les nattes et les tapis importés du Moyen-Orient sont en vogue. Les Normands sont les premiers à décorer les murs de tapisseries, exportant cet usage dans les pays qu’ils dominent. En outre, dans certaines régions, on commence à isoler thermiquement les pièces en recouvrant d’enduit les murs de pierre. Cette méthode ouvre la voie à la décoration murale en donnant naissance à la fresque. La plupart du temps, le mobilier médiéval est constitué de tables, bancs, tabourets et de grands coffres. Ces derniers, en bois et fer forgé, sont destinés à contenir les objets précieux et l’argent. En cas de déplacement, d’incendie ou d’attaque ennemie, ils sont facilement transportables.
Au XVe siècle, la relative stabilité politique encourage la construction de résidences plus confortables et plus adaptées aux exigences de la vie quotidienne. Le manoir gothique et le château entouré de jardins (à mi-chemin entre la forteresse et le château d’agrément à la campagne) font leur apparition. Déjà au XIIIe siècle, en Italie, en Angleterre et en France, on bâtit au cœur des villes des demeures aristocratiques confortables et bien agencées avec salon, cuisine, chambres et office. Au XVe siècle, les tentures se diffusent dans l’Europe septentrionale ; elles sont utilisées pour recouvrir les murs, diviser les salles spacieuses ou dissimuler les portes. Les traditionnels volets de bois à l’intérieur des fenêtres font place aux rideaux.
Les intérieurs Renaissance
Située dans le comté de Norfolk, Oxburgh Hall est une vaste demeure caractéristique du style élisabéthain. Entourée de douves, décorée d’un mobilier massif et lourdement sculpté, elle est réputée pour ses tapisseries et ses tentures en velours, brodées par la reine d’Écosse Marie Stuart elle-même.
Les résidences de la Renaissance italienne comportent de vastes pièces dotées de hauts plafonds, souvent à caissons, ornés de peintures ou de moulures en stuc qui s’inspirent des modèles gréco-romains. La décoration et l’ameublement visent avant tout à suggérer une impression de faste et de magnificence. En France et en Italie, l’architecture d’intérieur est confiée à d’illustres artistes, tels que Raphaël et Benvenuto Cellini, qui embellissent les salles des palais de décorations de grande valeur. Les meubles sont peu nombreux ; il s’agit de crédences, de coffres et d’armoires qui doivent s’adapter à l’architecture symétrique de la pièce.
Salle des perspectives de la villa Farnésine (Rome)
Sur une des parois de la salle dite « des perspectives » de la villa Farnésine est peinte une fresque en trompe l’œil, qui ouvre sur de faux panoramas sur Rome encadrés par une balustrade et d’’imposantes colonnades en marbre, elles-mêmes en trompe l’œil. Auteur de la décoration et concepteur de la villa, Baldassare Peruzzi associe de façon magistrale architecture et peinture, réalisant par là un chef-d’œuvre de l’art de la Renaissance tardive. Pour admirer au mieux ces fresques, réalisées selon les plus strictes règles de la perspective, il faut opter pour un angle de vision conforme à celui choisi par l’artiste.
Au début de la Renaissance anglaise, le style Tudor prévaut. Les habitations sont construites pour moitié en bois et pour moitié en pierre et brique. Parmi les éléments décoratifs, les panneaux en bois, les fenêtres à minces colonnes, les cheminées et les étagères connaissent une large diffusion. Les pièces, simples et sobres, contiennent peu de meubles et d’objets. Les plafonds et les murs sont décorés de moulures en stuc ou habillés de tentures. Les fenêtres, les portes et les lits à baldaquin sont parés de lourds rideaux de velours, damas et brocart.
Les xviie et xviiie siècle : les styles classique et baroque
Petit salon de l’hôtel de Lauzun (Paris) – Salon du château de Versailles :- Cet hôtel particulier, édifié par Louis Le Vau sur l’île Saint-Louis en 1655-1657, présente une décoration peinte et sculptée à laquelle les plus grands artistes de l’époque ont collaboré. C’est l’une des plus belles demeures parisiennes du XVIIe siècle. Les murs clairs en lambris sobrement moulurés assurent à ce salon du château de Versailles, de styles Louis XVI et Empire, une luminosité qui rehausse les garnitures colorées des sièges et les motifs du tapis.
Entre le XVIIe et le xixe siècles, les tendances françaises s’imposent dans toute l’Europe. En France, le XVIIe siècle voit se développer deux styles caractéristiques qui prennent les noms des souverains : les styles Louis XIII et Louis XIV. Le premier domine jusqu’à la moitié du siècle et représente l’évolution du style Renaissance français, en particulier dans les meubles, fréquemment de forme carrée ou triangulaire. Dans la seconde partie de ce siècle et durant les deux premières décennies du XVIIIe s’affirme le style Louis XIV, caractérisé par la solidité, la magnificence et l’abondance des décorations en bronze doré. Sans renoncer au principe de la symétrie, typiquement classique et Renaissance, le nouveau style est marqué par le côté pompeux et ostentatoire qui caractérise le baroque. Le château de Versailles en est le plus bel exemple : les décorations sont l’œuvre de Jules Hardouin-Mansart et Charles Le Brun, directeur de la manufacture des Gobelins d’où proviennent tous les meubles royaux. À partir de cette époque, les tapisseries des Gobelins connaissent un large succès en France et dans d’autres pays européens.
Église d’Ottobeuren (Allemagne)
Considérée comme l’édifice qui résume le mieux les tendances rocaille de l’art baroque, l’église d’Ottobeuren est modifiée à partir de 1748, par Johann Michael Fischer. Celui-ci réalise une église à trois coupoles, jouant magnifiquement avec l’espace intérieur et la luminosité. La décoration intérieure repose sur l’interaction entre les stucs, les dorures, les sculptures et les peintures.
En France, une attention particulière est portée au revêtement des murs. Au-delà de l’intention décorative, ils répondent aussi à un souci de confort par leur fonction isolante. Les traditionnels panneaux de bois, parfois ornés de simples corniches droites, sont supplantés par les boiseries, ouvrages de menuiserie en bois massif sculpté, habituellement enrichis de dorures et de motifs orientaux. À partir du XVIIIe siècle, les murs sont parfois ceints de lattes de bois plus ou moins ouvragées.
Salon de l’hôtel de Bourbon-Condé (Paris) – Chambre de style Queen Anne
Construit entre 1780 et 1782 par Alexandre Théodore Brongniart (1739-1813), l’hôtel de Bourbon-Condé est situé au 12 rue Monsieur, à Paris. La décoration intérieure du salon de musique est d’un néoclassicisme tempéré (pilastres dorés d’ordre ionique) qui témoigne de l’influence d’Andrea. Cette chambre de Dyrham Park (dans le Gloucestershire, Angleterre) est caractéristique des arts décoratifs de style Queen Anne. Elle est composée d’un lit à baldaquin, de larges fauteuils et de tabourets aux pieds sculptés.
Sous le règne de Louis XV de France, le style baroque cède la place au style rococo. Celui-ci se caractérise par des motifs curvilignes élaborés et délicats : les murs des pièces sont revêtus de lambris de bois peints aux coloris pastel et embellis de figures stylisées naturalistes ou de dessins orientalistes. Le meuble en vogue est une console en marbre sculpté, de forme arrondie et surmontée d’un miroir. Les tissus et les tentures ornés d’arabesques ainsi que les entrelacements de rubans et de fleurs se distinguent par leur raffinement et leur valeur décorative. Les lustres, les accessoires de cheminée et les ustensiles de cuisine témoignent du haut niveau technique et artistique du travail des métaux, qui intègre beaucoup la ciselure et la dorure.
Les sols, généralement en bois marqueté ou en parquet, sont recouverts de tapis tissés provenant des manufactures d’Aubusson et de la Savonnerie. La recherche de solutions confortables en matière de mobilier, telles que la chaise longue, la bergère et le secrétaire, est typique du rococo.
Marble Hall de Kedleston Hall (Angleterre)
La fin du XVIIIe siècle, qui marque l’apogée du néoclassicisme, est l’une des périodes les plus glorieuses de l’histoire de l’architecture britannique. Le manoir de Kedleston Hall, dans le Derbyshire, est l’un des meilleurs exemples de ce style. Le Marble Hall, achevé vers 1760, abrite des colonnes en albâtre dessinées par Robert Adam ainsi que des moulures en plâtre de Joseph Rose.
Vers la fin du XVIIIe siècle s’affirme le style Louis XVI. Marqué par la simplicité et une grande finesse, il est étroitement lié au néoclassicisme. Désormais, meubles et décorations présentent des lignes et des angles droits. Les pièces se font plus petites et s’agencent de manière plus rationnelle. Chacune d’entre elles est destinée à une fonction précise et à un moment particulier de la vie quotidienne. Par exemple, à côté du salon où l’on reçoit sont aménagés un salon plus petit, une bibliothèque et une salle à manger. Sur les murs, la proportion des placages de bois marqueté (dont la décoration devient moins riche) se réduit, faisant ainsi place à de grandes fresques aux thèmes fréquemment classiques. Portes, fenêtres et consoles de marbre sont dessinées selon des formes rectangulaires. Si les plafonds sont en général privés de décorations, nombre d’entre eux arborent cependant des peintures en trompe l’œil.
Salon rouge de Syon House (Angleterre)
Construite entre 1762 et 1769 dans le Middlesex, la Syon House est l’œuvre de l’architecte Robert Adam, principal représentant du courant néoclassique en Grande-Bretagne. Si sobriété et monumentalité prédominent, les nombreux emprunts à l’Antiquité apparaissent plus particulièrement dans le plafond à caissons, le manteau de la cheminée et les pilastres qui flanquent la porte du « Salon rouge ».
Au début du xviie siècle, le style jacobéen se répand en Angleterre, caractérisé par de nombreux motifs classiques. Durant la République d’Oliver Cromwell, le puritanisme imprime une orientation austère et dépouillée à l’architecture d’intérieur. En 1660, la restauration de la royauté donne un nouvel essor au goût pour le faste. Celui-ci est abandonné après le couronnement de Guillaume III d’Orange-Nassau et de Marie II Stuart (1689), l’attrait pour la simplicité influencé par l’art hollandais connaissant un regain. Le décor anglais de la fin du siècle vise avant tout à l’intimité et au confort : les parquets sont presque totalement recouverts de tapis orientaux, tandis que les murs sont revêtus de papier peint rappelant les tentures.
Secrétaire de style Sheraton
Les formes raffinées, simples et harmonieusement proportionnées de ce secrétaire à tambour en bois de citronnier évoquent bien un meuble de style Sheraton. Bien qu’aucune des pièces créées par Sheraton lui-même ne soit parvenue jusqu’à nous, son recueil à l’usage des ébénistes et des tapissiers (Cabinet-Maker and Upholsterer’s Drawing Book, 1791-1794), véritable vitrine du style néoclassique anglais de la fin du xviiie siècle, a eu un énorme retentissement, tant en Europe qu’en
Dans les premières décennies du XVIIIe siècle en Angleterre, le baroque fait place au style georgien caractérisé par un retour au classicisme. Les grandes figures de la décoration d’intérieur sont les architectes écossais Robert et James Adam, qui se réfèrent aux principes des architectures grecque et romaine. Ils influencent les principaux fabricants de meubles de l’époque, notamment Thomas Chippendale.
Bow Room du château de Coole
Situé près de Enniskillen dans le comté de Fermanagh, ce château d’inspiration néoclassique a été construit vers la fin du XVIIIe siècle. Sa décoration intérieure, avec ses chaises klismos à dossier courbe et pieds en forme de sabre, sa table circulaire portée par un unique piètement central et sa pièce en rotonde (Bow Room), sont caractéristiques du style Regency.
Au XVIIe siècle dans les colonies d’Amérique, l’esthétique et le confort des maisons ne sont pas considérés comme des priorités. Au début de ce siècle, en Nouvelle-Angleterre, les plafonds sont bas, les fenêtres étroites et les cheminées de grandes dimensions. Les meubles sont réduits au strict nécessaire. À la fin du siècle, une attention nouvelle est portée à la décoration d’intérieur, les murs se couvrent de lambris en bois et les premiers plafonds à poutres apparentes voient le jour. Avec la diffusion d’ouvrages anglais sur l’architecture et sur l’ameublement, le style colonial (une variante du style georgien) se développe. Les intérieurs américains du xviiie siècle s’enrichissent de pilastres, de corniches, d’étagères sculptées et de revêtements en bois pour les sols. Le papier peint, qui connaît une grande diffusion, cohabite avec les tentures de damas et de satin qui décorent les murs et dissimulent les portes.
Le xixe siècle : les styles Empire et victorien
Le Crystal Palace a été construit à Hyde Park par sir Joseph Paxton pour la première Exposition universelle, à Londres en 1851. L’édifice de métal et de verre a été détruit par un incendie en 1936. Illustration du transept intérieur du Crystal Palace par Joseph Nash et Haghe Roberts, frontispice de Dickinson’s Comprehensive Pictures of the Great Exhibition of 1851, 1854. British Library,
Salle de réception de l’hôtel de ville de Leeds
Œuvre maîtresse de Cuthbert Brodrick (1822-1905), l’hôtel de ville de Leeds se veut à l’image de la puissance victorienne. Inauguré le 7 septembre 1858 par la reine Victoria, il abrite des salles de réception, des bureaux et une cour de justice. Le bâtiment servira de modèle pour la construction d’hôtels de ville aux États-Unis, en Australie et en Afrique du Sud.
Dans les premières années du xixe siècle, en Europe comme aux États-Unis, l’architecture d’intérieur est marquée par le style Empire qui se développe en France sous Napoléon. Inspiré par les arts gréco-romain et égyptien, il se caractérise par des lignes courbes et des formes allongées ainsi que par l’insertion d’éléments en ivoire, laiton et bronze doré. On retrouve les mêmes goûts stylistiques dans la variante américaine, qui prend le nom de style fédéral et dont le principal représentant est Duncan Phyfe.
Dans la seconde moitié du siècle, l’Angleterre et l’Amérique voient s’imposer le style victorien, du nom de la reine Victoria d’Angleterre. Les pièces se remplissent de meubles et de bibelots. Chaque centimètre carré est recouvert de tissus à franges. La production industrielle se lance dans l’imitation et la diffusion à grande échelle de divers styles, encourageant un éclectisme excessif qui perdure jusqu’au début du XXe siècle. Dans les dernières décennies du XIXe siècle, le fonctionnel et la simplicité sont les maîtres mots en matière d’architecture d’intérieur : le mouvement Arts and Crafts, fondé par William Morris, considère que l’artisanat rend le mieux ces aspects.
Un peu plus tard, l’architecte écossais Charles Rennie Mackintosh associe la solidité des meubles Arts and Crafts à l’élégance des lignes de l’Art nouveau. Victor Horta à Bruxelles et Hector Guimard à Paris font partie des grandes figures de ce nouveau style décoratif.
L’architecture d’intérieur depuis le xxe siècle
Après la Première Guerre mondiale, l’écart se creuse entre les architectures d’intérieur traditionnelles qui proposent des meubles anciens, ou des reproductions, et les styles modernes considérés comme plus adaptés à la réalité des temps nouveaux. Dans les années 1920-1930 s’affirme l’Art déco qui, récupérant des éléments des arts grec et égyptien, les transforme en fonction des exigences du modernisme : la nouvelle tendance est aux lignes pures, aux formes symétriques, aux matériaux et aux tissus raffinés. Une autre école importante de design est représentée par le groupe hollandais De Stijl, qui privilégie les couleurs primaires et les compositions rectangulaires, s’inspirant en partie du cubisme.
Palais de la musique catalane (Barcelone)
Construit entre 1906 et 1909 par l’architecte Lluís Domènech i Montaner, le palais de la musique catalane de Barcelone est particulièrement représentatif du modernisme, l’équivalent catalan du style Art nouveau également illustré par Antoni Gaudí. L’édifice a été restauré entre 1983 et 1989 par Óscar Tusquets.
En Allemagne, le Bauhaus — dont les principaux architectes sont Ludwig Mies van der Rohe, Marcel Breuer et Walter Gropius — s’oriente essentiellement vers la fonctionnalité de l’ameublement, utilisant des matériaux nouveaux comme l’acier, l’aluminium et le contreplaqué. Dans les pays scandinaves, les designers préfèrent les modèles curvilignes et les couleurs brillantes. Parmi eux, le Finlandais Alvar Aalto est célèbre pour la rigoureuse simplicité de ses meubles en bois.
Salle des pas perdus du musée d’Orsay (Paris)
L’aménagement intérieur du musée d’Orsay a été réalisé par l’architecte et designer italienne Gae Aulenti, entre 1981 et 1986.
Aux États-Unis, la décoration d’intérieur devient l’une des professions les plus prestigieuses. Les architectes Charles Eames et Eero Saarinen ainsi que les sculpteurs Harry Bertoia et Isamu Noguchi en sont les principaux représentants. Dans la seconde moitié du siècle, l’op art et le pop art influencent profondément le design avec, entres autres, des formes géométriques colorées qui connaissent un grand succès. Ultérieurement se développe le style high-tech (de l’anglais High Technology, haute technologie), qui privilégie l’usage de structures et de matériaux conçus selon les technologies de pointe.
Koolhaas (Rem), Maison à Bordeaux
Œuvre du Néerlandais Rem Koolhaas, la Maison à Bordeaux (1998) entre dans le cadre d’un projet international dont l’architecte fait référence dans son ouvrage S, M, L, XL (1995). Sur le thème du « small » (S), il conçoit 2 maisons en France, 2 aux Pays-Bas et 244 unités d’habitation au Japon. Érigées entre 1988 et 1998, ces constructions ont en commun — comme le souligne la Maison à Bordeaux — une savante conjugaison d’ouverture, de transparence, de translucidité et d’opacité, rendant ainsi les espaces intérieurs perméables aux variations de la lumière.
Tous les grands mouvements d’avant-garde voient avec intérêt les possibilités expressives offertes par le design et l’architecture d’intérieur.
Aujourd’hui, l’architecture d’intérieur continue ses recherches, apportant une égale attention aux différents goûts du moment et aux nouvelles technologies. Affiliés à l’une des nombreuses et diverses tendances existantes, les architectes d’intérieur (comme le Français Philippe Starck ou l’Italienne Gae Aulenti) s’efforcent de satisfaire aux exigences d’une clientèle en constante augmentation.
La simplicité et l’accessibilité des prix constituent les priorités d’une large partie de la population mondiale. Des entreprises en rapide développement sont en mesure de proposer des produits en série souvent à base de matériaux naturels et non toxiques conjuguant le fonctionnel et l’économique avec un design agréable et original.
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