L’une des perles du collier d’îles situées entre la mer des Caraïbes et l’océan Atlantique, la Martinique fait partie du chapelet d’îles constituant les Petites Antilles. Elle se trouve à 7 000 km de Paris, à 400 km du continent américain et à moins de 150 km de l’autre département français des Antilles, la Guadeloupe.
Histoire de l’île de la Martinique
D’une superficie de 1 100 km2, la Martinique est le plus petit des départements d’outre-mer.
Ses premiers habitants, les Arawaks et les Caraïbes, peuples améridiens, la nommèrent « Madinina » et opposèrent dès leur découverte une résistance farouche aux Européens. L’installation définitive des Français a été scellée, en 1635, par l’envoyé du roi de France, le Breton Belain d’Esnambuc, dont aujourd’hui la statue, faisant face à la baie de Fort-de-France – la capitale du département – , symbolise le début de la colonisation.
Progressivement éliminées ou alors dans l’obligation de se réfugier à l’intérieur des terres, ces tribus amérindiennes n’ont pratiquement plus de descendance directe, aussi bien en Martinique que dans les autres îles des Petites Antilles. Elles sont remplacées jusqu’au milieu du XVIIIe siècle par les esclaves amenés des côtes d’Afrique, qui vont constituer la main-d’oeuvre nécessaire au développement des cultures comme la canne à sucre, le café, le coton ou le tabac. En 1745, la Martinique compte environ 80 000 habitants, dont… 65 000 esclaves.
Le 27 avril 1848, un décret dû au député Victor Schoelcher (dont une commune de l’île porte le nom) abolit, contre la volonté des colons, l’esclavage. Une décision qui a surtout été motivée par les sanglantes révoltes d’esclaves dans l’ensemble des colonies anglaises et espagnoles notamment. Pour faire face à cette perte de main-d’oeuvre « obligatoire », de nouveaux immigrants (dénommés « coolies ») furent amenés des comptoirs français de l’Inde. Un millier de Chinois débarquèrent également dans l’île en cette fin du XIXe siècle.
Une vitalité puisée dans sa diversité
La population martiniquaise est donc, aujourd’hui, le produit très particulier de ce mélange façonné par l’histoire. Et, bien que vivant en harmonie, les différents groupes ethniques n’en continuent pas moins de se définir les uns par rapport aux autres, selon de subtiles distinctions. Les Martiniquais ont cependant coutume de dire qu’ils sont tous parents.
Cette variété d’origines et cette grande convivialité se marient harmonieusement avec la diversité climatique et végétale de l’île (malgré ses 80 km de long sur 30 km de large). Des terres brûlées du sud de la côte caraïbe à la luxuriance de la forêt tropicale du Nord, du sable noir des plages de la côte Atlantique au sable blanc et brun du Sud, des criques calmes et douces aux vagues sauvages de l’océan, des rugueux paysages volcaniques aux « mornes » (collines en créole) vallonnés des plantations de bananes ou de cannes à sucre, du Carême (saison sèche et chaude de janvier à mai) à l’Hivernage (saison humide et pluvieuse du reste de l’année).
La Martinique n’est que paradoxes, brassages, et magies. Autant de différences dans lesquelles elle puise toute sa vitalité.
Le sable d’ébène de la côte caraïbe
On le rencontre, de Schoelcher au Prêcheur, tout au long de cette côte, au travers d’une route des plus typiques de la martinique tracée entre les eaux bleues et calmes de la mer des Caraïbes et les collines et falaises déchiquetées par une végétation rêche et brûlée par un soleil présent tout au long de l’année. Parsemé de villages de pêcheurs, paresseusement nichés au bord des criques, cet itinéraire conduit jusqu’au Carbet, village de sable chaud et gris, qu’avait choisi le peintre Gauguin pour s’installer quelque temps.
C’est aussi dans cette petite anse qu’avait débarqué pour la première fois en 1492 Christophe Colomb. A quelques encablures, apparaît la baie de Saint-Pierre, la ville la plus célèbre des Antilles et ancienne capitale de l’île jusqu’en 1902, date de l’éruption du volcan de la montagne Pelée qui fit près de 30 000 morts en quelques minutes. Même si la ville n’a plus aujourd’hui ce côté turbulent et joyeux qui a fait sa célébrité dans tout l’archipel, elle demeure le site le plus fréquenté par les touristes. La côte s’effrite alors jusqu’au Prêcheur, une des paroisses les plus anciennes de l’île, où le sable de lave noire prend, comme dirait le grand poète martiniquais Aimé Césaire, un aspect « funèbre ».
C’est dans l’arrière-pays martiniquais que s’exhibent les mornes luxuriants, terre d’élection des deux principales cultures d’exportation : la banane et l’ananas. De là, les visiteurs pourront partir à la découverte de la splendeur des habitations d’antan, dont certaines ont été transformées en célèbres hôtels et restaurants. Cette région accueille aussi des descendants d’Hindous qui ont réussi à conserver leurs traditions religieuses et culinaires au travers des spectaculaires cérémonies de « bondiékouli ».
Du côté de Basse-Pointe, commune où est né Aimé Césaire en 1913, se développent, sur une terre fertile, des plantations d’ananas ainsi qu’une production florale de grande qualité. Sur la route de Grand’Rivière, la commune la plus au nord du pays, il faut prendre le temps de s’arrêter à la distillerie J.-M., qui est la plus ancienne, et dont le rhum, vieilli dans des fûts de chêne pendant des dizaines d’années, est vendu dans les épiceries fines de Paris.
Surplombée de falaises abruptes et découpée en pointes aiguisées, la côte baignée par l’océan Atlantique n’est recommandée qu’aux nageurs intrépides et aux surfeurs. L’inhospitalité de la mer vous mène naturellement aux bassins, cascades et autres gorges de la région, véritables piscines creusées dans le roc. C’est dans ces rivières aussi que sont ramassées les succulentes écrevisses qui, relevées par les épices odorantes particulières aux Antilles, viendront titiller l’odorat et chatouiller le palais.
Toute aussi troublante est la presqu’île de la Caravelle, dont le souffle tiède caresse le tranquille petit village de Tartane. Merveilleuse réserve naturelle, baie du Galion et baie de Tartane parsemée de pointes et de dentelles, toute cette région regorge d’une flore et d’une faune marine de grande beauté. Les couleurs comme les températures les plus chaudes se côtoient dès les premières routes du Sud. Elles écrasent les bourgs et leurs petites maisons toujours à la recherche de l’ombre et des alizés salvateurs.
La sécheresse de cette partie de l’île donne aux eaux des rivages une limpidité aveuglante. Il faut, par exemple, s’attarder sur la longue plage du Diamant où le sable blanc, par endroits zébré de noir, en fait l’un des lieux de villégiature les plus appréciés des vacanciers.
Mais le grand paradis des baigneurs, des plongeurs, des amateurs de bronzage, reste le cap du Marin et celui de Saint-Anne, échancrés par les eaux entremêlées de l’Atlantique et de la mer des Caraïbes. Avec leurs longues bandes de cocotiers, ils offrent une multitude de petites criques qui laissent volontiers croire, qu’elles n’appartiennent qu’à vous. Lieux bénis des photographes en quête de vues imprenables, les communes du Sud sont les plus prisées des voyagistes. C’est, par exemple, à Sainte-Anne qu’est né, au début des années 70, le premier club Méditerranée installé dans l’archipel des Caraïbes. La réputation de terre d’envoûtement qui a jalonné l’histoire martiniquaise est certainement, pour le visiteur, présente au quotidien.
Image - Cartes - Photos : martinique -Ephémère ou éternel, ce charme, comme les chants des sirènes, ramène toujours, dit-on, nos visiteurs sur les côtes de « Madinina ».