Région des avant-monts des Pyrénées centrales (Commingeois), le Comminges actuel recouvre l’arrondissement de Saint-Gaudens est l’héritier de l’ancien comté du même nom, . À cheval sur la plaine et la montagne, aux confins des pays toulousains, riverain de l’Espagne, le pays a pour cadre le bassin de la Haute-Garonne entre les cimes de la Maladetta et les campagnes de l’avant-pays toulousain.
Histoire du Comminges
La préhistoire
Le Comminges a été très tôt habité par l’homme. Lors des périodes froides de l’ère glaciaire, les Prépyrénées calcaires offraient des abris (surplombs, cavités, grottes) à proximité des riches terrains de chasse de la plaine. Une série de stations l’atteste, l’une d’elles, Aurignac, donnant même son nom à un faciès de l’industrie humaine: l’Aurignacien. Restes humains très anciens près de Montmaurin, grottes ornées de Marsoulas ou de Gargas, statues d’argile de Montespan ou Vénus de Lespugue (environ 20 000 ans av. J.-C.), et de nombreuses autres grottes moins connues comme Lortet ou Gourdan, témoignent de la présence de l’homme depuis les temps les plus reculés du Paléolithique jusqu’aux approches de l’ère historique.
L’occupation protohistorique est connue par quelques vestiges archéologiques: sites néolithiques ou sépultures de l’âge du fer comme à Bordes-de-Rivière. Le peuplement local aquitain des Garumni voisinait, dans la vallée de la Garonne, avec les puissants Volques Tectosages (Celtes) du Toulousain. D’abord limitée à la Narbonnaise, dans la zone orientale du Comminges, la romanisation va recouvrir tout l’ensemble à partir du Ier siècle av. J.-C., surtout la zone de plaine.
Le Comminges romain
Selon un texte tardif de saint Jérôme (IVe s.), Pompée, à son retour d’Espagne (où il avait été envoyé pour écraser la sécession de Sertorius), aurait rassemblé au pied des Pyrénées, en 72 avant notre ère, des tribus celtibères déportées sous le nom de Convenae (les «réunis»). La région était donc dès lors sous contrôle romain, sans doute rattachée à la province de Gaule transalpine, la future Narbonnaise.
Sous Auguste, en 15 avant notre ère, la cité des Convènes devenait la capitale d’un ensemble de la province d’Aquitaine qui s’étendait de Boussens à la Bigorre et des Pyrénées à l’Isle-en-Dodon.
Carrefour naturel de voies terrestres et fluviales, le territoire était riche de son arrière-pays pyrénéen, où se développa l’exploitation des mines et des carrières, comme dans la vallée de Saint-Béat, et de la fertile plaine de la Garonne en aval, où l’agriculture et l’élevage firent naître de nombreuses villas, telles celles de Valentine ou de Montmaurin. La romanisation, dont témoignent les structures économiques et administratives ainsi que l’adoption d’un nouveau mode de vie, ne fit pas disparaître totalement les traditions locales: les dieux indigènes, tels Erriape ou Fagus, continuèrent d’être honorés aux côtés des dieux romains.
Lors de la réorganisation de l’empire par Dioclétien, la cité des Convènes fut rattachée à la nouvelle province de Novempopulanie, dont elle constituait donc un des neuf peuples. Atteinte par les incursions barbares de la fin du IIIe siècle, la cité des Convènes se releva cependant, comme en témoigne le luxe de certains édifices du IVesiècle, dont la villa de Montmaurin offre le meilleur exemple. L’invasion des Vandales, en 408-409, fut encore plus redoutable et, en 418, l’empereur Honorius céda le territoire des Convènes au roi wisigoth Athaulf. Les évêques de Lugdunum – cité épiscopale depuis le IVe siècle – eurent parfois maille à partir avec les souverains wisigoths de religion arienne: ainsi, vers 470, le roi Euric exila l’évêque de Comminges, demeuré fidèle à l’orthodoxie.
En 507, après la défaite d’Alaric II à Vouillé, Clovis annexa le territoire des Convènes au royaume franc. Le Comminges subit ensuite les vicissitudes des guerres de succession entre les descendants de Clovis.
Le Comminges féodal
L’obscurité du haut Moyen Âge s’étend alors sur le Comminges, sans doute envahi et émietté politiquement, l’évêché seul subsistant.
Au Xe siècle apparaît modestement un comté de Comminges aux contours incertains. Son apogée se situe au XIIe siècle et au début du XIIIe siècle sous l’impulsion des quatre premiers Bernard de Comminges. Les dimensions en sont importantes (malgré la perte du val d’Aran, du Couserans oriental et de la vallée d’Aure), puisqu’elles vont de Luchon à Muret, de l’Isle-en-Dodon à Saint-Lizier. Il présente une certaine complémentarité entre un haut Comminges montagnard et un bas Comminges de coteaux et de plaines. Il affirme son rôle politique avec une souveraineté réelle face au royaume de France et ses alliances avec de puissants voisins tels le comte de Toulouse et le roi d’Aragon lors de la croisade des Albigeois.
La vie religieuse y est active avec l’évêché toujours à Saint-Bertrand (et de nombreuses possessions temporelles comme Alan), et les riches abbayes (cisterciens à Bonnefont et à Nizors, templiers à Montsaunes, hospitaliers à Saint-Gaudens). De nombreux châteaux révèlent la puissance comtale, de Fronsac à Salies en passant par Cazères et Saint-Julien, sans compter les multiples seigneuries (Aspet, Montpezat, etc.). Franchises municipales (1202 à Saint-Gaudens), sauvetés, bastides seigneuriales et comtales foisonnent aussi.
La sécession du Nébouzan (1258), passé sous l’autorité de la famille Foix-Béarn, enlève Saint-Gaudens, Miramont, Saint-Plancard et autres bourgades isolées, et rompt l’unité du comté. Les infiltrations royales avec la fondation de célèbres bastides, telles Montréjeau (1252), Boulogne (1283), Valentine (1287), annoncent le déclin du comté balloté dans le conflit Foix-Armagnac et finalement rattaché à la couronne de France entre 1454 et 1490.
Le Comminges français
Une certaine autonomie persiste pourtant au XVIe siècle avec les États du Comminges, symbole d’une identité régionale vivace: c’est l’apogée la société commingeoise, de son peuplement aussi.
Mais ce brillant passé s’estompe dès le XVIIe siècle avec la création, en 1622, d’une Élection de Comminges, la disparition des États (1655), le démantèlement de nombreux châteaux, et le rattachement aux intendances de Montauban (1636) puis d’Auch (1717). Le Nébouzan garde plus longtemps son identité: français en 1607 seulement, réunissant ses États jusqu’en 1789, conservant des privilèges particuliers en politique étrangère (traités avec l’Espagne) et des exemptions fiscales (gabelle). Mais l’âge d’or est passé, et si quelques belles maisons bourgeoises du XVIIIe siècle révèlent un certain enrichissement dû au négoce, la pauvreté des ruraux est générale et les grosses fortunes sont rares; ce qui pousse de nombreuses personnes à émigrer, déjà !
À la fin de l’Ancien Régime, la région est une véritable mosaïque imbriquant Élections de Comminges et de Rivière-Verdun (Grenade), États du Nébouzan, Quatre-Vallées et même des enclaves du Languedoc (dont le Petit-Comminges). Cette division et la rivalité Saint-Gaudens – Saint-Girons empêchent, en 1790, la création d’un département des Pyrénées-Centrales qui aurait dû logiquement tout réunir. Le rattachement à Toulouse dans le département de la Haute-Garonne (au découpage peu naturel) et la suppression de l’évêché firent disparaître le nom du Comminges.
Restée longtemps royaliste (bataille de Montréjeau en 1799), la région devient plus calme au XIXe siècle, malgré quelques à-coups davantage sociaux que politiques, acceptant les différents régimes et devenant peu à peu un véritable bastion républicain. Cultures du bas Comminges et élevage du haut Comminges alimentent alors de prospères foires et marchés. Mais le développement industriel insuffisant et les trop lents progrès de l’agriculture n’ont pu fixer les hommes, et le dépeuplement s’accélère à la fin du XIXe siècle malgré l’expansion du thermalisme et du tourisme.
Pendant les années noires de la Seconde Guerre mondiale, le Comminges retrouve un rôle politique, en devenant refuge puis terre d’évasion vers l’Espagne, mais payant aussi son tribut à l’histoire (Marsoulas).
Le Comminges aujourd’hui
De nos jours, la tradition rurale reste bien marquée, comme en témoignent les importants marchés hebdomadaires de Saint-Gaudens ou de Montréjeau. La vocation pour l’élevage y est ancestrale: dominante dans la montagne elle est associée à l’agriculture dans le piémont.
La forêt occupe toujours un vaste espace (plus de 40 % des surfaces en montagne). L’artisanat, en pleine mutation, se perpétue cependant à travers les traditions locales, telles les faïences de Martres-Tolosane, alors que l’industrie qui se concentre autour de Saint-Gaudens et de Boussens souffre du dynamisme toulousain. Le principal atout est le tourisme lié au thermalisme, à la montagne, aux sites historiques et de plus en plus à l’accueil en milieu rural.
Image - Cartes - Photos : region du comminges -