Cette montagne, le Mont Everest, reçut le nom d’un célèbre géodésien anglais de l’époque, sir George Everest, car on ignorait, alors, que les Tibétains l’appelaient, depuis déjà fort longtemps, Chomolungma, c’est-à-dire la «Déesse mère du monde».
Ascension du Mont Everest
L’altitude de l’Everest ne fut calculée pour la première fois qu’en 1852, par un employé du service géographique des Indes – alors colonie britannique. Un relevé effectué en 1954 par des chercheurs britanniques permit ensuite d’évaluer son altitude à 8 846 m. En 1999, un système de capteurs utilisant le Global Positioning System (GPS), système de mesure de position par satellites, placés sur le sommet himalayen par une équipe américaine, a fixé cette altitude à 8 850 m. Par ailleurs, ces mesures enregistrées ont également fait apparaître que le toit du monde se déplaçait latéralement de 3 à 6 mm par an vers le nord-est, sous la poussée de la plaque tectonique indienne.
Dès le début du XXe siècle, les Européens furent attirés par le mont Everest: des géographes, des naturalistes et des médecins participèrent aux expéditions organisées par les alpinistes qui tentèrent l’ascension. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, toutes les cimes des Alpes avaient été gravies, et la conquête du plus haut sommet de la Terre ne pouvait que séduire les sportifs. Comme on demandait à Mallory, qui devait disparaître en 1924 en tentant l’ascension, pourquoi il désirait gravir le mont, il répondit: «Parce qu’il est là!»
Première tentative d’ascension: 1921
Une longue préparation était nécessaire: pour traverser l’Himalaya ou parcourir le plateau tibétain, il fallait obtenir un laissez-passer du dalaï-lama ou des autorités népalaises; pour acheminer le matériel ou les vivres, il fallait se procurer des yacks, bêtes de somme particulièrement bien adaptées au froid et à l’altitude, et il fallait en outre engager des porteurs, que l’on recrute depuis toujours dans la tribu des Sherpas, excellents montagnards, capables de porter 40 kg de charge à haute altitude. Les premières expéditions partaient de Darjeeling et traversaient l’Himalaya pour gagner le plateau tibétain, qu’elles longeaient vers l’ouest jusqu’à proximité de l’Everest.
En 1921, l’expédition dirigée par le colonel Howard Bury fut surtout une expédition de reconnaissance. Elle découvrit que le sommet de l’Everest avait une forme pyramidale. Celui-ci est souvent orné d’un panache nuageux fait de neige et de glace arrachées par le vent. Des glaciers, coupés de séracs et de crevasses, hérissés de pénitents de neige, descendent des flancs de la montagne. Au nord, une arête coupée d’un col se détache de la cime pour rejoindre un pic moins élevé. C’est par là que les premières expéditions tentèrent d’atteindre le sommet. À l’ouest, une combe, d’où sort un glacier, se creuse au pied de la montagne: c’est ce chemin qui devait mener à la victoire.
Premier drame: 1924
À la suite de cette première expédition, le matériel fut amélioré. Ainsi, l’oxygène se raréfiant à partir d’une certaine hauteur, les alpinistes furent munis, dès 1922, de masques à oxygène qui atténuèrent leur essoufflement.
En 1922 et en 1924, les alpinistes parvinrent à 8 300 m, altitude jamais atteinte jusque-là. Mais 9 porteurs et 2 alpinistes – Mallory et Andrew Irvine – disparurent. On ne sait pas s’ils ont atteint le sommet.
L’expédition de 1933, précédée de reconnaissances aériennes qui constituaient un exploit pour l’époque, échoua, de même que celles de 1936 et de 1938. La difficulté et la longueur de l’itinéraire choisi, l’épuisement rapide des hommes à haute altitude, le vent et le froid furent responsables de ces échecs.
L’expédition victorieuse de 1953
Les expéditions, interrompues par la Seconde Guerre mondiale, reprirent en 1951, mais à partir de Katmandou, au Népal, car, entre-temps, le Tibet était passé sous la domination chinoise; en outre, les alpinistes décidèrent de tenter l’ascension par la face ouest.
Une expédition anglaise en 1951, à laquelle participait le Néo-Zélandais Edmund Hillary, reconnut l’itinéraire, et fut arrêtée par une chute de séracs, puis par une énorme crevasse de 30 à 100 m de large.
L’année suivante, des alpinistes suisses tentèrent l’aventure; parmi eux se trouvait Lambert et le chef des sherpas, qui s’appelait Tensing Norgay. Ayant franchi la crevasse grâce à un pont de cordes, ils virent que la combe était fermée par une pente aboutissant à un col – dominé par la pyramide du sommet. Du col, ils aperçurent, derrière le sommet sud, haut de 8 754 m, le plus haut sommet: 8 848 m. Mais l’assaut tenté par Lambert et Tensing Norgay échoua à 8 600 m, et l’expédition d’automne, la première lancée en cette saison, fut contrariée par un froid de – 40 °C.
En 1953, au contraire, l’expédition anglaise fut servie par la chance. Dirigée par le colonel John Hunt (1910- — 1998), elle comptait Edmund Hillary et Tensing Norgay parmi ses membres. Un matériel perfectionné avait été préalablement essayé en Suisse, et les alpinistes avaient soigneusement étudié leur itinéraire; enfin, ils avaient accompli un stage d’adaptation de trois semaines à 6 000 m d’altitude.
Un passage fut tracé dans la combe, la pente fut gravie, et un camp fut installé au col sud. Le colonel Hunt forma deux équipes d’assaut, épaulées par des équipes de soutien qui les accompagnèrent jusqu’au dernier camp. La première équipe d’assaut échoua, le 26 mai, à 8 754 m; mais, le 29 mai, Hillary et Tensing Norgay, après une nuit à 8 590 m, atteignirent le sommet à 11 h 30, triomphant ainsi, les premiers, du plus haut sommet de notre planète.
Everest, une ascension dangereuse
Tous les ans, de nombreuses expéditions de tous pays essayent de conquérir de nouveau le mont Everest, appelé également le toit du monde. Arrivés à pied d’œuvre, les membres d’une expédition installent un camp de base, et déterminent leur itinéraire à partir du sommet, qu’ils observent à la jumelle. Ils commencent ensuite l’ascension, installant des camps qui serviront de base à une nouvelle progression, de lieu de repos et de dépôt de ravitaillement.
Les camps les plus élevés sont les plus pénibles à installer, car le parcours est hérissé de difficultés, accrues par le froid et le vent. Mais surtout, à très haute altitude, les hommes perdent une grande partie de leur énergie, et un obstacle dont ils se joueraient à 1 000 m devient insurmontable à 8 000 m.
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