Nommés ainsi par les Arabes, les Touareg constituent un groupe ethnique (de 700 000 à 1 million d’individus) dont une minorité, un peu plus de 10 %, vit au Sahara central (Ahaggar, Tassili, Aïr, Adrar des Iforas) et la plus grande partie dans le Sahel soudanais et nigérien. Les Touareg sont de race blanche, mais les tribus les plus méridionales sont aujourd’hui fortement métissées. Leur langue constitue le principal facteur d’unité; eux-mêmes se disent des Kel Tamacheq, «ceux qui parlent le tamacheq», dialecte berbère, qui s’écrit en caractères tifinagh et avait déjà été utilisé par les Garamantes, guerriers nomades de Libye, au temps de la domination romaine.
Touareg et histoire
Les Européens écrivent des «Touaregs» ou des «Touareg», et disent «un Targui» ou «un Touareg».
D’après des auteurs arabes, on croit savoir que les Touareg descendent de tribus berbères refoulées dans le désert par les invasions des Beni Maqil du XIe siècle. Auparavant, ils habitaient le Sud marocain aux environs du grand centre caravanier de Sigilmassa. Le grand historien arabe Ibn Kaldhun (XIVe siècle) dans sa monumentale Histoire des Berbères, situe géographiquement diverses tribus: les Lemtas au sud-ouest de la Tunisie, les Lemtounas, au sud du Maroc, d’où sortiront au XIe siècle, les Almoravides, fondateurs d’un immense empire au Maroc et en Espagne, et les Gueddalas plus à l’ouest. Au XVIe siècle, Léon l’Africain retrace les migrations des Touareg vers le sud et leur expansion, soumettant les Haoussas de l’Aïr (XIV e siècle) et cherchant à s’imposer sur la boucle du Niger, à Tombouctou et à Gao, contre le Mali (XIVe-XVe siècle), l’Empire songhaï (XVe-XVIe siècle), les expéditions marocaines (XVIIIe siècle) ou contre les Peuls (XIXe siècle).
Au début de l’expansion coloniale européenne, des explorateurs entrent en contact avec eux (Barth 1850-1855; Duveyrier 1859-1861). Les Français signent des traités commerciaux (1862) qui n’entrent pas en vigueur, les Touareg se refusant à laisser traverser le Sahara. Ainsi toute une série d’actions sanglantes de leur part (1880, massacre de la division Flatters) oriente différemment la politique française. En 1898 part l’expédition Foureau-Lamy qui, quelques années plus tard, réussit à occuper militairement le Touat et la région du Tidikelt. Une répression très dure, l’action militaire et diplomatique du général Laperrine assurent la prépondérance des Français, qui contrôlent tous les centres vitaux du commerce.
Actuellement les Touareg sont répartis principalement dans les États du Mali, du Niger, de la Libye et de l’Algérie. Leur hiérarchie sociale, leur islamisme très mitigé, la remise en question de leur genre de vie nomade, du fait de l’évolution économique ou de la sécheresse, posent des problèmes importants aux gouvernements intéressés; durant quelques années les Touareg ont mené une rébellion armée dans de nombreuses régions du Niger et du Mali.
La hiérarchie sociale des Touareg
Les Touareg forment une société très hiérarchisée, dont on retrouve les différentes classes sous des noms divers au Sahara comme dans le Sahel. Au sommet de cette société se trouvent les Imouchar-Imajeren, nobles, autrefois chargés des guerres et du pillage, vivant des redevances de leurs protégés et de l’élevage des chameaux. Viennent immédiatement après les Ineslimen-Cheriffen, «Touareg maraboutiques», se définissant comme «non guerriers»; lettrés en langue arabe, instruits en religion et en droit islamiques, ils jouent souvent le rôle d’enseignants et de juges; quelquefois, cette classe n’existe pas, ainsi chez les Touareg ahaggars. La dernière classe est celle des Imraden, hommes libres mais vassaux et tributaires des nobles, à qui ils versent des redevances, aujourd’hui officiellement supprimées; kel oulli, «gens des chèvres», comme la langue berbère les désigne, ils élèvent des moutons, des chèvres et quelques chameaux. Leur civilisation et leurs coutumes distinguent nettement les Touareg.
Tandis que les femmes sortent à visage découvert, les hommes portent un long voile, le litham, qui, les protégeant des sables du désert, peut être aussi symbole de pudeur et de dissimulation. Très attachés aux traditions berbères, les Touareg sont dans l’ensemble peu arabisés; superstitieux, ils recouvrent leur corps d’amulettes. Ils sont monogames et la filiation s’établit par les femmes; l’enfant appartient à la tribu et à la classe sociale de sa mère. Une grande liberté semble exister entre les sexes et les réunions poétiques et musicales sont l’occasion de rapports très libres entre hommes et femmes.
Les Touareg forment des confédérations de petites tribus. Les quatre confédérations du Sahara sont :
Au nord celle des Ajjers, petits éleveurs de chèvres et de chameaux dans les vallées tassiliennes et en Libye;
Au centre celle des Ahaggars;
Au sud-ouest celle des Iforas, éleveurs de moutons et commerçants;
Au sud-est, dans l’Aïr, celle des Kel Ouis, éleveurs et commerçants de sel (Bilma).
Parmi ces confédérations, plus ou moins désorganisées et dont de nombreux membres travaillent aujourd’hui «au pétrole», celle des Kel Ahaggars, dans les vallées bien protégées de l’Atakor, garde plus intacte sa civilisation. C’est chez elle qu’est choisi l’aménokal, chef suprême des Touareg. N’ayant plus les ressources de la razzia ni celles provenant des transports de sel et de mil, les Ahaggars tirent leurs revenus de leurs troupeaux et de l’exploitation des oasis confiées en métayage à des Noirs affranchis, les Harratines; l’époque des récoltes (avril) ramène ainsi chaque année les nomades Touareg au voisinage des oasis.
Image - Cartes - Photos : carte des communes du niger - description de la vie sociale des Touareg - drapeau d touareg - tous les drapeaux du monde avec leurs noms -