L’histoire s’est parfois compu à rechercher l’origine du nom d’Ajaccio dans des fables héroïques liées au guerrier grec Ajax, mais il paraît plus vraisemblable de la trouver dans le mot italien addiaccio, dérivé du bas latin ad jacium, désignant un lieu de plein air où les troupeaux vont passer la nuit.
La ville d’Ajaccio
L’identification avec une cité romaine du nom d’Urcinium, nommé par Ptolémée, est contrariée par le témoignage de la toponymie, le nom d’Orcino subsistant plus au nord; la ville primitive se serait située sur l’emplacement de l’actuel quartier de Castelvecchio, et il est établi qu’elle fut, dès le VIe ou le VIIe siècle, un siège épiscopal suffragant de Pise. Cette première ville fut détruite par les raids des Sarrasins au Xe siècle, et son emplacement, envahi par la malaria, resta désert pendant de long siècles.
L’origine de la ville actuelle d’Ajaccio remonte à sa nouvelle fondation, en 1492, par des Génois. Occupée par les Français en 1553, grâce au concours des troupes corses de Sampiero, la ville fut rendue à Gênes après le traité de Cateau-Cambrésis (1559). Protégée des incursions barbaresques par un système de tours côtières de défense mis en œuvre par les Génois, Ajaccio se développa et devint le siège de nouvelles institutions civiles et religieuses: en 1723, elle devint la capitale de la province du Dilà dei Monti (Au-Delà-des-Monts) qui avait jusqu’alors dépendu directement du gouverneur installé à Bastia.
En 1763, la population, fidèle à Gênes, mit en échec une tentative menée par l’avocat Masseria de livrer la ville au gouvernement corse de Pasquale Paoli. Ajaccio devint française, comme le reste de la Corse, à la suite du traité de Versailles, le 15 mai 1768. Napoléon y naquit l’année suivante. La cité fut instituée chef-lieu du département du Liamone en 1793. Elle fit sécession la même année, avec l’ensemble de l’île, qui se plaça sous la protection de la Grande-Bretagne. Les Français revinrent en 1796, et, en 1811, Ajaccio fut instituée par l’Empire – qui y avait fait procéder à quelques aménagements d’urbanisme et, après le Concordat, y avait établi l’évêché de l’île – chef-lieu de la Corse, qui formait alors un seul département.
Elle détrôna ainsi Bastia, qui avait été la capitale de la Corse depuis le temps de l’Office de Saint-Georges. Sous le Second Empire, la ville dut son essor à la naissance d’un tourisme hivernal et cosmopolite. Devenue en 1975 chef-lieu du département de la Corse-du-Sud, et préfecture de région, elle est, depuis 1982, le siège de l’Assemblée régionale.