Si vous avez envie de découvrir la Floride authentique, allez donc au sud de Gainesville, la capitale du comté d’Alachua. A moins d’un mile de Micanopy, cette charmante ville qui fut autrefois un avant poste de pionniers en plein territoire indien., on pénètre dans Paynes Prairie Reserve. Sur quelque 9 000 hectares, se déploie le territoire de ce qui fut le plus grand domaine d’élevage en Floride espagnole à la fin du XVIIème siècle
La Floride
De la tour d’observation, à la jumelle ou à l’œil nu, on peut maintenant suivre des chevaux sauvages et des bisons qui ont remplacé le bétail d’autrefois. Mais l’intérêt en Floride, particulièrement à Paynes Prairie, se manifeste aussi et surtout par la présence d’une nature superbe et indomptée qui communique une impression d’étrangeté. Au XIX é siècle, des chutes de pluies d’une violence inouïe emplirent cette cuvette au point d’y créer un lac sur lequel circulaient des bateaux à vapeur. Puis un jour, le terrain s’est affaissé et le lac disparut aussi soudainement qu’il était venu.
Aujourd’hui, le site est ponctué d’étangs couverts de fleurs de lotus et de magnifiques marais qui ont servi de décor à de nombreux films d’épouvante. Les énormes alligators qui paressent au soleil entre Chacala et Sawgrass Pond en étaient les figurants naturels. Tout autour, le parc abrite un ensemble d’écosystèmes que l’on devine grouillants de vie. On y a recensé plus de 270 espèces d’oiseaux, et notamment des colonies de grues venues hiberner du Canada. Paynes Prairie, c’est le paradis des photographes et des randonneurs qui s’en donnent à cœur joie sur les quarante kilomètres de sentiers et de pistes qui sillonnent la réserve.
Ensuite, à un peu plus d’une heure de voiture à l’ouest, on peut descendre le long du Golfe du Mexique, sur cette si attachante Nature Coast que les Floridiens eux mêmes aiment à considérer comme la « vraie » Floride. Il y règne une atmosphère encore très « sudiste ». Il n’est pas rare de voir des maisons arborer le drapeau des Confédérés. Et ses habitants s’y expriment avec un accent traînant qui rend parfois leur parler difficilement compréhensible à un étranger.
Quelques lieux d’intérêts en Floride
Au passage, peut – être serez vous tenté de vous arrêter à Steinhatchee, une petite bourgade qui s’est fait une spécialité de la pêche aux pétoncles. Alentour, sept parcs régionaux vous feront découvrir une flore et une faune qui ont fort peu changé au cours des siècles. Parcourir les cours d’eau en canoë est sans doute la meilleure façon de « s’immerger » dans le paysage.
Ainsi, en remontant la minuscule Steinhatchee River, traverse-t-on une forêt primaire que l’on imaginerait encore parcourue par des Indiens chasseurs. Avec un peu de chance, peut – être y apercevrez vous la queue d’une loutre ou le museau d’un raton – laveur. Ou bien y hélerez vous un hibou perché au plus haut d’un chêne drapé de « mousse espagnole ».
Ou encore, à la tombée de la nuit, entendrez vous le bruissement puissant des vols en formation de cormorans retour de pêche en mer.
Un peu plus au sud, on peut embarquer sur un house boat sur la Suwannee River pour admirer les sources cristallines qui surgissent tout au long de son parcours, notamment à Manatee Springs, Fanning Springs et Hart Springs. Plus en amont, les amateurs de plongée ne manqueront pas d’explorer les eaux limpides jaillissant d’une caverne à Peacock Springs, point de départ d’un des plus longs réseaux de gouffres et de grottes immergées des Etats-Unis – près de 10km de passages.
Souvent marécageuse dans sa partie nord, la côte du Golfe du Mexique vous donnera l’occasion de trouver, enfouies dans le sable, des limules, ces survivants de la préhistoire qui donnent à ces immenses étendues désertes un air de commencements du monde.
Dernière étape: à Crystal River, vous ferez connaissance des lamantins, ces gros mammifères aquatiques qui sont aux Etats Unis considérés avec l’affection particulière due aux espèces en danger. De novembre à mars, ils sont des centaines à descendre de Louisiane ou des Carolines pour venir se réchauffer dans les eaux à température constante de Crystal River, entre 22 et 23 degrés. Sympathiques et peu farouches, ils ne craignent pas de se mêler aux nageurs qui les approchent. Une manière plaisante de saluer avant de la quitter cette « vraie » Floride dont les charmes secrets méritent bien d’être découverts.