Bien que l’expression de montagnes Rocheuses (en anglais Rocky Mountains) s’applique à l’une des plus puissantes chaînes de montagnes du continent nord-américain, elle est utilisée aussi pour désigner l’ensemble des cordillères qui s’étirent sur plus de 5 000 km, a l’ouest du continent, depuis l’Alaska jusqu’au Mexique; elles atteignent leur plus grande largeur sur le territoire des États-Unis, où près de 2 000 km séparent les Rocheuses proprement dites, à l’est, des chaînes côtières du Pacifique, à l’ouest.
Voyage au coeur des montagnes rocheuses
Les Européens qui abordèrent le continent à l’est ne soupçonnèrent que tardivement l’existence des Rocheuses. Les explorations des frères La Vérendrye vers 1741, de Mackenzie en 1793, puis de Lewis et Clark (1804-1806), mirent en évidence le caractère massif de ces montagnes. Au XIXe siècle, celles-ci furent franchies par les pionniers qui refoulèrent les Indiens. Après la ruée vers l’or en Californie et au Klondike, vint l’ère des éleveurs, puis des mineurs, suivie de celle des constructeurs de voies ferrées transcontinentales.
En raison de leur relief difficile et de leur climat contrasté, les montagnes Rocheuses ont donc longtemps constitué une zone de répulsion; cependant, leurs richesses minières, leurs ressources hydroélectriques et l’intérêt touristique de leurs paysages grandioses leur confèrent une place à part dans l’économie de certaines provinces et États du Canada et des États-Unis.
Les montagnes rocheuses : un système complexe
C’est un système montagneux à part entière que des orogenèses successives ont affecté dès la fin du jurassique et jusqu’au milieu du tertiaire. Ainsi, des épaisseurs importantes de sédiments accumulés dans des bassins et mers intérieures ont été émergées et portées à de grandes hauteurs. Ces mouvements verticaux et les éruptions volcaniques qui les accompagnaient ont contribué à donner a l’ensemble un aspect complexe, accentué par la vigueur de l’érosion glaciaire, qui a façonné les cirques glaciaires et les vallées en auge, et de l’érosion fluviale.
On distingue, à l’est, les montagnes Rocheuses proprement dites, véritable barrière cristalline qui domine par ses abruptes les plaines centrales du Canada et des États-Unis; les plus hauts sommets dépassent les 4 000 m, tels le pic Blanca (4 386 m) dans les monts Sangre de Cristo et le mont Elbert (4 399 m) dans les Sawatch, aux États-Unis ou le mont Robson (3 954 m), au Canada.
Des phénomènes associés au volcanisme apparaissent dans le parc de Yellowstone (Wyoming) avec son champ géothermal et ses fameux geysers ainsi que dans les monts San Juan (Colorado). Les Rocheuses se prolongent, vers le nord, par la chaîne très élevée de l’Alaska, qui atteint 6 187 m au mont McKinley et 6 050 m au mont Logan: quelques-uns des plus imposants glaciers du monde, tel le glacier Malaspina, en descendent jusqu’à la mer, où ils forment des icebergs.
À l’ouest des Rocheuses, s’étend une zone de chaînons et de plateaux, beaucoup plus étendue sur le territoire des États-Unis que sur celui du Canada. Elle comprend: la chaîne des Cascades, que dominent les volcans du mont Rainier (4 392 m) et du mont Saint Helens (2 549 m), qui eut une éruption cataclysmale en 1981. Cette chaîne se continue au sud, par la sierra Nevada, où le mont Whitney, (4 418 m) le plus haut sommet des 48 États contigus des États-Unis surplombe la Grande Vallée de Californie; le plateau basaltique de Columbia, qui s’élève à plus de 2 000 m; le Grand Bassin, formé de dépressions fermées, telle la cuvette du Grand Lac Salé, qui séparent des chaînons parallèles de direction nord-sud; les plateaux sédimentaires du Colorado, profondément entaillés par le fleuve.
En bordure de l’océan Pacifique, les chaînes côtières récentes (Coast Ranges), d’âge miocène-pliocène, atteignent une altitude élevée au Canada mais s’abaissent sur les territoires de l’Oregon et de la Californie; elles sont jalonnées de nombreux fjords. Les fréquents séismes et le volcanisme associé qui affectent ce système témoignent que les montagnes Rocheuses, prolongées, vers le nord-ouest, par le chapelet des îles Aléoutiennes et, vers le sud-est, par les sierras Madre mexicaines, appartiennent, dans leur ensemble, au système des cordillères qui entourent l’océan Pacifique.
Des contrastes climatiques
Le relief et la situation des Rocheuses fait qu’il y a des contrastes climatiques marqués. Les chaînes côtières de l’Ouest reçoivent essentiellement les perturbations venues du Pacifique; elles constituent le trait caractéristique d’un climat de type océanique, froid vers le nord, plus tempéré aux limites du Canada et des États-Unis, mais toujours très humide et particulièrement favorable à la forêt de conifères, où dominent les séquoias géants. Vers le sud, le climat prend un caractère méditerranéen, propice au chêne vert et à une sorte de maquis, le chaparral. À l’est des chaînes côtières, sévit l’aridité: les pluies diminuent, disparaissent même, notamment sur le territoire des États-Unis, où les étendues désertiques du Nevada et de l’Arizona témoignent de l’exceptionnelle sécheresse de l’air; aucune culture n’est possible sans irrigation.
Tout à fait à l’est, les Rocheuses proprement dites opposent un versant occidental, arrosé en altitude, à un versant oriental, que balaie le chinook, vent chaud descendu des sommets et dont les effets sont comparables à ceux du fœhn.
Une grande diversité économique
À de telles conditions physiques correspondent des activités économiques originales. Ainsi, l’agriculture se cantonne dans les régions, étroitement délimitées, où l’irrigation est possible: la vallée de la Snake River, une partie du bassin du Grand Lac Salé, la vallée du Colorado en amont et en aval du canyon, la vallée de la rivière Gila et la vallée du Rio Grande près de Santa Fé sont autant d’oasis où l’on cultive intensément des légumes et des fruits, de la luzerne et des betteraves sucrières; par leur exiguïté et par la minutie des techniques celles du reste des États-Unis.
Intensément exploitée en bordure du Pacifique, où le climat favorise particulièrement sa croissance, la forêt est protégée à l’intérieur, où la sécheresse la rend plus vulnérable au feu. L’élevage extensif de bovins est pratiqué dans le Nevada, le Wyoming, l’Utah, le Montana, le Colorado. Mais les richesses les plus considérables sont constituées, par cet immense château d’eau, qui permet d’alimenter les mégapoles côtières, par la production d’hydroélectricité, par les ressources minières et par le tourisme, attiré par les nombreux parcs nationaux, tant aux États-Unis qu’au Canada.
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