Quatorze îles et îlots forment, les îles Marquises, cet archipel polynésien situé à quelques 1 500 kms. au nord-est de Tahiti, le plus septentrional de la Polynésie Française.
Les Marquises ou la Terre des Hommes
Bien que voisin de l’équateur (entre 7 et 10 degrés de latitude sud et entre 138 et 141 degrés de longitude ouest), les Marquises bénéficie d’un climat proche de celui de Tahiti du fait de l’upwelling (remontées d’eaux froides à la surface de l’océan).
Les 14 îles qui compose l’archipel son : Nuku Hiva, Ua Huka, Ua Pou, Hiva Oa, Tahuata, Terihi, Fatuiva, Motu One, Hatutaa, Eiao, Hatu Iti, Fatu Huku, Mohotani (Motane), Motu Nao. Mais seules les 6 premières îles sont aujourd’hui habitées.
Une spécificité cependant, les différences entre les saisons sèches et humides sont beaucoup plus importantes que dans les autres archipels (rares sont les longues précipitations; en revanche, certaines îles ont connu des périodes de sécheresse allant jusqu’à 5 ans) et les 1050 km2 de terres émergées sont constamment baignés par les alizés.
L’archipel est regroupés en deux groupes :
- le groupe Nord (Motu One, Hatutaa, Eiao, Hatu Iti, Nuku Hiva, Ua Huka, Ua Pou)
- le groupe Sud (Fatu Huku, Hiva Oa, Tahuata, Terihi, Mohotani, Fatuiva, Motu Nao)
Les îles Marquises, façonnées par l’érosion depuis leur formation géologique « récente » (et pourtant le plus vieil archipel de Polynésie Française, de 1.3 à 6 millions d’années), offrent le spectacle magnifique d’un relief tourmenté où les montagnes aux pentes abruptes se disputent l’espace verdoyant jusqu’à l’océan, entrecoupées de plateaux, vallées et baies profondes, pour venir mourir sur la houle puissante du Pacifique en d’imposantes falaises où s’entremêlent grottes et pîtons sculptés dans la lave. Figures fantomatiques d’autant plus spectaculaires que les Marquises émergent du fond des océans (4000 mètres) et qu’elles n’ont pas de plaines littorales.
Les montagnes , avec leurs pentes spectaculaires , se battent avec la végétation luxuriante pour dominer le terrain . En outre , on peut trouver de nombreux plateaux , des vallées et des baies profondes taillées dans les falaises imposantes qui tombent dans l’océan , où elles sont fouettées par la forte houle du Pacifique . Cet assaut constant a abouti à la formation de nombreuses grottes et pîtons tordus de lave dépassant de la mer .
L’ enchevêtrement de vastes dépressions de forme circulaire au centre des volcans (Caldeiras), de murailles de lave solidifiée dans des fissures verticales (dykes), de pitons de roches dures correspondant à d’anciennes cheminées de volcans (necks), le relief géologique particulier de l’archipel des Marquises allié à une faible densité de population lui confèrent cet aspect majestueux et parfois inquiétant qui envoûte chaque visiteur. Et ce ne sont pas là les seuls trésors recelés par Te Henua Enana, La Terre des hommes, comme la nomment les marquisiens.
Peuplées aux environs de 400 av. J. C. (d’autres études contestent cette ancienneté et annoncent un peuplement plus tardif), les premiers colonisateurs des Marquises venaient des îles Tonga et Samoa. Et l’on considère aujourd’hui les îles Marquises comme le point de départ de colonisation et rayonnement culturel maori à travers l’ensemble du Pacifique oriental.
Parallèlement, le peuple marquisien a su développer une culture propre et évolutive, en demeurant pendant près de 15 siècles isolé du monde extérieur (si l’on considère aujourd’hui la colonisation presque simultanée des archipels des Cook, Marquises et îles de la Société par des vagues migrantes conservant des relations entre elles, on s’accorde également à affirmer la pauvreté des fréquences de ces échanges).
Que nous écrivions ici langage, organisation sociale, habitat, religion, art, … le peuple marquisien, une fois contournés les liens communs au triangle polynésien (Hawaii, Rapa Nui, Aotearoa), a su développer une civilisation particulière et aboutie, éléments remarquables lorsque l’on prend en considération l’isolement insulaire.
Histoire et destin de l’Archipel des Marquises
Et ce n’est pas sa redécouverte hasardeuse par les occidentaux, (l’Espagnol Alvaro de Mendafia y Neira), pensant revenir aux îles Salomon découvertes une vingtaine d’années auparavant, toucha en fait le groupe Sud des Marquises : Fatuiva, le 21 juillet 1595, puis Mohotani, Hiva Oa et enfin Tahuata le 24 juillet) ni les quelques expéditions suivantes (Cook en 1774. Ingraham et Marchand en 1791, Krusenstern en 1804, Porter en 1813) qui purent faire table rase de la culture insulaire.
Les Marquises n’avaient que peu d’intérêt aux yeux des grands voyageurs. Le cannibalisme, le relief peu enclin à l’élevage ou à l’agriculture, une mer souvent agitée les rendaient peu accueillantes.Seule la mission catholique parviendra quelque peu à imposer un nouvel ordre, à faire oublier une partie importante des traditions et assurera un autre trait singulier des îles Marquises avec, dans un monde polynésien largement dominé par le Protestantisme, les exceptions que constituent les îles Gambier, l’île de Pâques et Wallis et Futuna.
Une atmosphère, longtemps considérée comme hostile, garante de l’extraordinaire richesse des vestiges archéologiques peu exposés à la vanité et à la bêtise occidentales, et aujourd’hui tant célébrée. Les Marquises d’antan ont été beaucoup plus peuplées qu’elles ne le sont de nos jours. Probablement jusqu’à 50 000 personnes (on avance même le chiffre de 80 000).
Ajoutons à cela l’habitat groupé essentiellement dans les vallées, et l’on entrevoit aisément l’énorme potentiel d’un tourisme archéologique, presque vierge en sa totalité et facilement accessible.
L’organisation communautaire marquisienne s’agençait autour du paepae, plate-forme lithique quadrangulaire en pierre et surélevée, socle pour la majeure partie des constructions. Les pratiques religieuses avaient lieu quant à elles sur le site sacré du meae. Espaces de réunions publiques, fêtes, danses, les tohua constituent aujourd’hui un moyen d’apréhender la vie originelle des Marquisiens.
Et les îles Marquises sont un formidable musée à ciel ouvert.
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