Une étrange fête, en Polynésie ou la collecte du Coprah – Noix de Coco – .En ce dernier samedi du mois, la cour d’Augustine, située près du village principal de Patio, est remplie de fumée odorantes, Le veau et le cochon grillent depuis la matinée sur de vastes feux. Voici un souvenir de vacance.
Deux milles noix de Coco à l’honneur
Le stock de bière et de punch polynésien paraît inépuisable la fête peut commencer. Le ma’a est spécialement préparé pour le retour des vainqueurs. Une quinzaine de personnes attend avec impatience, la distribution des prix du grand concours de coprah de Papeete. Chacun recevra un dividende, selon ses mérites. En effet une fois de plus, l’équipe de Taha’a s’est distinguée, remportant la victoire haut la main, devant les représentants de Moorea.
Une centaine de spectateurs était venue les encourager quelques jours auparavant, touristes et locaux confondus. En plein cagnard, la peau brillante de sueur et de monoï, les hanches cintrées d’un pareo aux couleurs de leur île, couronnes de pandanus (paeore,Pandantts tectorius var,. laevis) sur la tête, les quarante concurrents, souvent de jeunes hommes, ou de solides mamnas chez les femmes, ont confronté leurs forces et leur dextérité.
Au début, le silence est impressionnant. Seul le bruit, des machettes qui s’abattent sur les cocos fait écho aux halètements des participants. L’eau des noix fracassées giclant sur le sol rendu poisseux, répand dans l’atmosphère une odeur douceâtre et légèrement sure.
Durant le concours, les hommes et les femmes présents vont débiter pas moins de deux mille noix de coco. Les tas, rapetissent une vitesse incroyable. Les noix de coco une fois ouvertes, il reste aux concurrents à extraire la pulpe de coco de son écorce, Accroupis sur des caissons de bois, seul ou en équipe, les candidats décortiquent le fruit avec célérité. Dans un silence religieux, les juges déambulent dans ce décor imprégné de coco et de sueur.
Et puis soudain, les spectateurs sortent de leur torpeur. Le rythme des racloirs s’accélère, l’ambiance s’échauffe, des cris d’encouragement fusent sous le regard un peu surpris, mais ravis des touristes. En quelques minutes, l’épreuve est finie. Il ne reste plus sur la place chauffée à blanc, qu’un morceau d’écorce et une dizaine de toiles de jute, remplie de cette pulpe dont on fait l’huile de coprah. Rapidement, les sacs sont chargés dans des camions, pour que la pulpe soit transformée à l’huilerie de Tahiti.
Le Coprah ou la vie quotidienne des polynésiens
Pour financer leur déplacement dans la capitale polynésienne, Tahiti, tous les participants de Taha’a, cette petite île encore authentique, ont sorti leur porte-monnaie. Pour les plus jeunes d’entre eux, il s’agissait parfois du premier grand voyage an-delà du lagon. Justin, par exemple est encore tout ému d’avoir fait la traversée jusqu’à Tahiti, mais pas étonné pour un sou de faire partie des gagnants.
Notre entraînement, il se fait tous les jours de la semaine. Le coprah, c’est notre travail, notre vie quotidienne
Deux jours plus tard, tous les gaillards sont en effet à pied d’oeuvre dans les cocoteraies de Tahaa. Un chemin de terre les sépare du magnifique lagon qui relie Raiatea à Taha’a. Une pluie fine tombe sur les ouvriers de la plantation, s’infiltrant sous les feuilles des cocotiers, tandis que le soleil se lève péniblement, donnant un aspect presque immatériel à leur travail. Le bruit étouffé des machettes et des pareo ( racloirs ) se fait entendre sans interruption durant près de cinq heures.
Malgré les agressions constantes des moustiques attirés par l’eau sirupeuse de la coco, chaque homme, les pieds dans cette boue sucrée, est concentré sur sa tâche, la découpe de la noix, ou l’extraction de la chaire. Un boulot harassant et répétitif.
A la fin de la matinée, la chaleur pousse les équipes à accélérer la cadence. La pulpe du fruit est rapidement rangée dans les grands sacs de toile fermés par des liens de pandanus. Ils sont transportés une centaine de mètres plus loin sur les séchoirs d’Augustine. Il s’agit de trois grands casiers superposés, montés sur pilotis et protégés des intempéries par un auvent. Le coprah est grossièrement disposé sur les planches pour lui enlever son humidité. Cette première phase prend une huitaine de jours environ.
La petite épicerie qui fait office de grossiste, achemine cette matière sèche sur les goélettes qui assurent les liaisons inter-îles. L’huilerie de Tahiti récupère les sacs à Papeete. L’usine achève la transformation du coprah.
La pulpe du coprah, finement broyée donnera au final cette huile utilisée dans les cosmétiques.
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