Région et ancienne province de l’est de la France, l’Alsace s’étend des Vosges, à l’ouest, au Rhin à l’est, et de la frontière allemande au nord à la frontière suisse au sud.
Carte de l’Alsace – Géographie
1. Le massif vosgien, limite occidentale de l’Alsace
L’Alsace est aujourd’hui composée des départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin (appartenant à la Région administrative d’Alsace), et du Territoire de Belfort appartenant à la Franche-Comté. Trois grands reliefs inclinés d’ouest en est marquent la physionomie générale des paysages : le versant abrupt des Vosges, les collines sous-vosgiennes et la plaine d’Alsace. Une partie de la chaîne des Vosges longe la bordure occidentale de la région, parallèlement au Rhin, le versant est du massif correspondant à la fracture délimitant le fossé rhénan ; abrupt, il domine la plaine d’Alsace. Entre ces deux reliefs s’intercalent les collines sous-vosgiennes.
La plaine d’Alsace
La plaine d’Alsace, large d’une vingtaine de kilomètres, est traversée par l’Ill et le Rhin, qui forme la frontière avec l’Allemagne sur une longueur d’environ 170 km. Elle correspond à la moitié occidentale du fossé d’effondrement rhénan qui s’étire des abords du Jura, au sud, à la rivière Lauter, au nord. Dans le sud-est de la plaine de Haute-Alsace, des collines de cailloutis partiellement recouvertes de lœss modèlent le Sundgau. À l’extrémité méridionale, en bordure de la Suisse, s’étendent les plis calcaires du Jura.
La « porte d’Alsace »
Enfin, dans le sud-ouest de la région, le massif des Vosges se termine — le ballon d’Alsace est son sommet le plus méridional — par un fossé d’effondrement qui se relève brutalement avec les plateaux du Jura et qui forme ainsi une zone de passage entre le plateau de la Haute-Saône à l’ouest et la région du Sundgau à l’est qui précède la plaine d’Alsace. Cette voie de communication naturelle est surnommée la « porte d’Alsace » ou « porte de Bourgogne ».
Alsace – Histoire
1. De l’autorité romaine à la domination germanique
César prend l’Alsace aux Celtes en 58 av. J.-C. ; la région est alors intégrée à la province romaine de Germanie supérieure. Après les invasions barbares (voir Barbares), les Alamans s’y établissent, puis se soumettent à l’autorité du roi des Francs Clovis après la bataille de Tolbiac. Annexée par le royaume mérovingien d’Austrasie, l’Alsace devient le centre du duché d’Alémanie au VIe siècle. Puis, en 744-746, la dynastie carolingienne (voir Carolingiens) s’approprie le pays qu’elle divise en deux comtés : le Nordgau et le Sundgau. Lors du partage de l’empire de Charlemagne, l’Alsace est incluse dans la Lotharingie par le traité de Verdun (843). En 870, le traité de Mersen la donne à Louis II le Germanique. Pendant près de huit siècles, l’Alsace demeure une terre germanique.
Dès le XIIIe siècle, la famille des Habsbourg domine la Haute-Alsace. L’Alsace connaît une longue période de prospérité aux XIIe et XIIIe siècles et, au XIVe siècle, son commerce prend une dimension internationale. Toutefois la guerre de Cent Ans enraye les échanges commerciaux et les foires périclitent. Entre-temps, l’effacement du pouvoir impérial et l’ascension de la bourgeoisie urbaine entraînent le morcellement politique de l’Alsace. Dès 1354, dix villes impériales — Colmar, Haguenau, Kaysersberg, Mulhouse, Munster, Obernai, Rosheim, Sélestat, Turckheim et Wissembourg — s’unissent dans la décapole d’Alsace pour s’émanciper des seigneuries. En 1439, Strasbourg se libère quant à elle de sa tutelle ecclésiastique. Seul le landgraviat de Haute-Alsace demeure sous le contrôle impérial de la famille des Habsbourg.
L’Alsace – Foyer humaniste
L’Alsace est l’un des principaux foyers de l’humanisme, de la Renaissance et de la Réforme aux XVe et XVIe siècles. Gutenberg s’installe à Strasbourg à partir de 1434, où il invente l’imprimerie vers 1438. Il assure ainsi la diffusion des auteurs anciens et la connaissance des principes humanistes et réformateurs. Dès 1519, les écrits de Luther et de Martin Bucer circulent sous une forme imprimée, favorisant ainsi l’implantation du protestantisme. Les savants affluent de partout, à l’image de Capiton, Hédion, Sleidan et Jean Sturm. En 1538, la charge de pasteur de l’Église française de Strasbourg est occupée par le réformateur Jean Calvin.
Après la Contre-Réforme habsbourgeoise — paix d’Augsbourg en 1555 – les traités de Westphalie de 1648 mettent fin à la guerre de Trente Ans et placent l’Alsace sous influence française. La victoire de Turenne à Turckheim (1675) apporte à la monarchie française une nouvelle province, ce que viennent entériner les traités de Nimègue (1678). En 1681, Louis XIV annexe la ville libre de Strasbourg. Patiemment organisée et unifiée par la monarchie française, l’Alsace conserve néanmoins certains de ses privilèges locaux : maintien pour les protestants des droits accordés par l’édit de Nantes et exemption des droits de douane.
Pendant la Révolution française, la province est divisée en deux départements : le Haut-Rhin et le Bas-Rhin. Après l’effondrement de l’Empire napoléonien, la Bavière obtient, grâce au second traité de Paris signé en 1815 (voir traités de Paris), toute la partie alsacienne située au nord de Wissembourg. L’Alsace connaît jusqu’en 1870 une prospérité économique ainsi qu’un essor démographique remarquables. Cependant, après la guerre franco-allemande de 1870-1871, l’Alsace est annexée par Bismarck au sein du IIe Reich allemand (voir Alsace-Lorraine). De nombreux Alsaciens préfèrent alors quitter leur terre pour rejoindre le territoire français. Redevenue française à l’issue de la Première Guerre mondiale, l’Alsace est à nouveau rattachée à l’Allemagne du IIIe Reich de juin 1940 à mars 1945.
Un pôle européen
Depuis 1979, Strasbourg accueille l’hémicycle du Parlement européen. Elle est en outre le siège du Conseil de l’Europe, qui abrite le Comité des ministres, l’Assemblée consultative et le Secrétariat international. Enfin, la Cour internationale des droits de l’homme se trouve également à Strasbourg. Forte de son passé et d’une situation géographique stratégique, l’Alsace a su se doter d’une capitale régionale qui fait désormais figure de métropole européenne. Du point de vue économique, l’Alsace fait partie de l’ensemble économique transfrontalier qui s’étend de Bâle aux pays rhénans et constitue l’une des régions françaises qui crée le plus de valeur ajoutée.