Christophe Colomb découvrit la Guadeloupe en 1493 lors de son deuxième voyage; il la nomma «Santa Maria de Guadalupe de Estremadura» en hommage au célèbre monastère espagnol en Estrémadure. Par la suite, le nom fut raccourci et prit sa forme actuelle.
L’île de la Guadeloupe
L‘île de la Guadeloupe était alors peuplée par les Caraïbes, peuple amérindien installé sur l’île depuis le XIVe siècle. Au XVIe siècle, les expéditions espagnoles, conduites par Juna Ponce de León, puis Antonion Serrano furent repoussées par les indigènes, mais la Guadeloupe servait d’escale aux bateaux européens pour le ravitaillement en eau potable et en bois.
Chronologie (1635): Colonisation de la Guadeloupe et de la Martinique
En 1635, mandatés par la Compagnie des Îles de l’Amérique, deux Français d’origine normande, Liénard de l’Olive et Jean Duplessis d’Ossonville, s’installèrent sur les îles de Guadeloupe et Martinique avec quelques centaines de colons qui y introduisirent la culture de la canne à sucre (1644). Les débuts de la colonisation furent difficiles. Divisés par des querelles internes, affaiblis par la famine et la fièvre jaune (1637), les colons menèrent une guerre sans merci contre les indigènes, afin de s’emparer de leurs terres. En 1660, un traité de paix signé entre Français, Anglais et Caraïbes, attribuait à ces derniers la Dominique et Saint-Vincent.
La Guadeloupe, passée à la Compagnie des Indes occidentales en 1666, devint possession de la Couronne en 1674. L’essentiel de la main d’œuvre nécessaire à la mise en valeur des terres fut fourni par des esclaves originaires d’Afrique. La traite des Noirs, entreprise dès les débuts de la colonisation, s’organisa et se développa au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle. En 1656, l’île comptait environ 3 000 esclaves pour une population de 15 000 personnes.
La Guadeloupe était administrée par un gouverneur qui releva, à partir de 1669, du gouverneur de Fort de France (Martinique). Occupée en 1759 par les Britanniques pendant la guerre de Sept Ans (1759-1763), la Guadeloupe fut rendue à la France par le traité de Paris (1763), avec la Martinique, dont elle fut détachée administrativement.
Après l’abolition de l’esclavage par la Convention (décret du 16 Pluviôse an II, 4 février 1794), les Britanniques, profitant du désordre causé par une révolte d’esclaves et du ralliement de certains planteurs qui refusaient la République, occupèrent à nouveau l’île (avril 1794). Le Conventionnel Victor Hugues, qui avait été nommé commissaire civil par le Comité de Salut public et doté des pleins pouvoirs, arriva en Guadeloupe en juin, à la tête d’une flotte et de 1 150 hommes. Il promulgua le décret du 16 Pluviôse, chassa les Anglais hors de l’île (décembre 1794) et établit le régime de la Terreur (1794-1798).
Le Consulat rétablit l’esclavage et écrasa les protestataires (1802). La Grande-Bretagne, qui occupa l’île à la fin de l’Empire, la restitua à la France en 1816. La Révolution de 1848 abolit définitivement l’esclavage (27 avril 1848), ce qui ruina momentanément la production de sucre. Des troubles éclatèrent dès 1850 (puis de nouveau en 1895, en 1899, en 1924, et encore en 1967). Faute de main d’œuvre africaine, les planteurs firent appel, dès 1854, à des Indiens (en provenance des Indes). En trente ans, ils furent 42 000 à venir travailler sur l’île. 20 000 d’entre eux moururent à la tâche, 8 000 retournèrent aux Indes. À la fin du XIXe siècle, Chinois, Libanais et Syriens, majoritairement commerçants, vinrent compléter cette mosaïque de population.
Sous la IIIe République, la Guadeloupe et la Martinique se virent attribuer une représentation à l’Assemblée nationale, et, en 1876, la France acheta Saint-Barthélemy à la Suède, qui possédait cette île depuis 1784.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Antilles restèrent aux mains du gouverneur de Vichy, et la Guadeloupe fut administrée par le gouverneur Sorin jusqu’au 15 novembre 1942. Le 15 juillet 1943, elle se ralliait au Comité français de libération nationale. En 1946, la Guadeloupe devint un département d’outre-mer, auquel la décentralisation de 1982 octroya le statut de Région.
Culture de Guadeloupe
La Guadeloupe a donné naissance à deux poètes blancs : Germain Léonard (1744-1793), préromantique, et Saint-John Perse. Les premiers poètes noirs, au XXe siècle, produisirent des œuvres « exotiques et régionalistes »; par la suite, le poète Guy Tirolien rejoignit les tenants de la négritude dans la revue Présence africaine (Balles d’or, 1961). Les romancières Simone Schwarz-Bart (Pluie et vent sur Télumée, 1972; Ti-Jean l’Horizon, 1979), et Maryse Condé (Une saison à Rihata, 1981; Ségou, 1984 et 1985; la Colonie du nouveau monde, 1993) ont profondément renouvelé les thèmes traditionnels de la littérature «négro-africaine» et de la «créolité».
Après elles, un grand nombre de poètes et de romanciers témoignent de la grande vitalité de la littérature francophone et créole en Guadeloupe :
Daniel Maximin (né en 1947 à Pointe-à-Pitre) a publié des romans (l’Isolé Soleil, 1981; Soufrière, 1987; l’Île et une nuit, 1996)
Ernest Pépin (né au Lamentin en 1950) a publié des recueils de poésie (Au verso du silence, 1984; Salve et salive, 1986; Boucan des mots libres, 1990; Babil du songer, 1997) et des romans (l’Homme au bâton, 1994; Coulée d’or, 1995; Tambour-Babel, 1996)
Gerty Dambury (née en 1957 à Pointe-à-Pitre) a publié des pièces de théâtre (Lettres indiennes, 1993) et des poésies (Rabordaille, 1988).
Gisèle Pineau (née à Paris en 1956) a publié des romans (Un papillon dans la cité, 1992; la Grande Drive des esprits, 1993; l’Espérance-macadam, 1995; l’Exil selon Julia, 1996; l’Âme prêtée aux oiseaux, 1998).
Les poètes Hector Poullet (Pawôl an bouch, 1982) et Sony Rupaire (Grand Parad ti kou baton, 1982) sont les auteurs d’une importante œuvre poétique en langue créole.
Image - Cartes - Photos : carte guadeloupe 1660 -