Le plus vaste des États du Nord (449 965 km2), la Suède est également le plus peuplé et l’un des pays les mieux placés en termes de richesse (23 750 dollars par habitant) qui représente probablement le modèle le plus achevé d’État-providence.
Voyage en Suède
Bien qu’une partie importante des échanges soit orientée vers les autres pays nordiques, qui constituent une communauté linguistique et culturelle, le royaume de Suède, largement ouvert sur l’économie mondiale, connaît au moment de son intégration à l’Union européenne une grave crise, avec notamment un taux de chômage proche des 8 %.
Le pays, qui s’étend sur 1 574 km de long et sur une largeur maximale d’environ 500 km, occupe le versant tourné vers la Baltique de la péninsule scandinave. Seule la partie sud-ouest est tributaire de la mer du Nord. Unie avec la Finlande durant sept siècles, puis avec la Norvège au XIXe siècle, la Suède est restée neutre et libre de toute alliance depuis 1815. Le royaume de Suède a voulu réaliser l’idéal d’une société de bien-être en s’appuyant sur des réformes progressives, acquises sans secousses violentes, et sur l’esprit de compromis des différentes classes.
Outre la faible densité du peuplement (19,7 h. au km2 pour une population totale de 8,9 millions h.) , la Suède se caractérise par une répartition très inégale de sa population entre le Norrland (58 % de la surface totale et 14 % des Suédois) et les parties centrale et méridionale, où sont localisées les principales villes (Stockholm, Göteborg et Malmö). Le grand «triangle» urbain du Sud rassemble 30 % de la population totale et Stockholm, la capitale, abrite plus d’1 million d’habitants .
Politique et Economie de la Suède
La Suède est un royaume démocratique dont le souverain exerce la fonction, purement honorifique, de chef de l’État. La Constitution de 1975 remplace, en la complétant, celle de 1809, la plus ancienne d’Europe. Elle est fondée sur les principes de la souveraineté populaire, de la séparation des pouvoirs et de la démocratie parlementaire. Le Parlement, composé d’une seule Chambre (Riksdag), détient le pouvoir législatif et contrôle l’exercice du pouvoir exécutif par le Cabinet (Regering), autrement dit le gouvernement appuyé par la majorité. Le Premier ministre est assisté de chefs de département ministériel.
La mise en application des lois est confiée à certains services publics, relativement indépendants des ministères; elle incombe aussi aux administrations régionales. La Suède est divisée en 24 départements (län) pourvus chacun d’un conseil général; au niveau local, le territoire est divisé en 284 communes. Les immigrés résidant en Suède depuis au moins trois ans ont le droit de vote aux élections locales et sont éligibles aux niveaux communal et départemental.
Pays encore à prédominance agricole en 1855 – avec alors 78 % de la main-d’œuvre employée dans l’agriculture, contre à peine plus de 3 % – la Suède a connu une industrialisation tardive. Au début des années 1960, les services, notamment ceux qui sont liés au secteur public et voués à la politique du bien-être, prirent le dessus.
Ressources minérales et énergétiques
La Suède dispose d’un réel potentiel hydroélectrique. Les cours d’eau sont abondants et ont un régime régulier, et de longues séries de cascades et de basses chutes ajoutent à la puissance de ceux du Norrland. Les centrales nucléaires produisent 50 % de l’énergie électrique consommée. Le bouclier fennoscandien renferme d’importants gisements de minerai de fer à haute teneur: la Suède en est de loin le premier producteur d’Europe. Au centre du pays, des mines fournissent un minerai très pur. Le socle recèle aussi des métaux non ferreux sulfureux: cuivre, plomb, zinc, argent, or, soufre.
Agriculture et pêche
En 1995, seuls 7 % des terres étaient labourables. La surface moyenne des exploitations est de 30 ha, et le fermage concerne plus de 40 % des terres arables. L’accroissement de la productivité a reposé sur l’utilisation accrue d’engrais chimiques et la sélection de semences améliorées. Du point de vue de l’utilisation du sol, les céréales l’emportent sur les oléagineux. Au total, 16 % des exploitations se caractérisent par leur orientation végétale, et 42 % sont tournés vers l’élevage.
Les pêcheries fournissent une ressource qui n’est renouvelable qu’à condition d’être ménagée sérieusement. En raison de la fixation de nouveaux secteurs halieutiques en mer du Nord, les chalutiers suédois se sont récemment orientés vers la Baltique et ses bancs de harengs.
Sylviculture
Depuis quelques années, la sylviculture est entrée dans un processus de mécanisation rapide. Le flottage du bois vers les usines situées à l’embouchure des fleuves est supplanté par la voie ferrée et, surtout, la route. Plus des deux tiers de la production sont transformés en pâte à papier, le reste, surtout des pins, est destiné aux scieries. Les usines de papier et de carton sont plutôt situées dans le centre et le sud du pays.
Industrie suédoise
Il faut attendre 1870 pour voir apparaître des formes d’industrie modernes. La métallurgie, fondée sur la combustion du bois et la force hydraulique, a vite pris une place importante dans les exportations. La production sidérurgique était traditionnellement orientée vers la préparation d’aciers de haute qualité, destinés à l’exportation; les besoins en produits courants (tuyaux, poutres, tôles…) étant couverts par les importations. Alors que depuis le Moyen Âge la plupart des forges et «aciéries» se situaient dans le district du Bergslag, en Svealand (Suède centrale), de nouvelles usines intégrées (hauts-fourneaux, aciéries, laminoirs) ont été édifiées sur le littoral (Luleåa, Oxelösund).
L’industrie automobile, de développement assez récent, est devenue exportatrice avec des firmes de réputation mondiale comme Volvo et Saab (à l’origine entreprise d’aviation, cette dernière fabrique toujours d’excellents engins aériens, surtout militaires). Alors que les grosses unités sont localisées à Göteborg, Trollhättan, Linköping et Södertälje, les ateliers fournissant les pièces détachées sont, pour des raisons de décentralisation industrielle, répartis dans tout le pays. Les constructions navales, naguère puissantes et prospères, ont pratiquement cessé leur activité en raison de la sévérité de la concurrence. L’agroalimentaire, relativement puissant, est aux mains de coopératives agricoles.
Transports et communications
Le réseau routier a une longueur totale de 135 859 km [1995], dont 13 798 km de routes nationales. La longueur du réseau ferré est de 12 000 km [1995], dont 7 395 km de lignes électrifiées. La «ligne du minerai», qui transporte le fer brut vers les ports de Luleåa et de Narvik (Norvège), fut longtemps la plus rentable du réseau ferroviaire.
La Société suédoise
Religion
Au XVIe siècle, sous l’impulsion de Gustave Vasa, le christianisme suédois rompt avec l’Église romaine et le pape pour adopter la réforme prônée par Martin Luther. L’Église évangélique d’État est créée en 1544. Il faut attendre 1951 pour que la pleine liberté de culte soit reconnue à tous. À côté de l’Église d’État existent un certain nombre d’Églises protestantes libres dont les adeptes sont eux-mêmes souvent membres de l’Église d’État.
Éducation
L’école de base est obligatoire pendant neuf ans pour tous les enfants à partir de 7 ans. Plus de 90 % des élèves entament un second cycle. Les communes assument la responsabilité de l’administration des écoles de base, des lycées et de l’enseignement pour les adultes. Livres et repas du midi sont gratuits (les dépenses sont réparties entre les communes et l’État) ! . Des allocations sont versées pour tout enfant âgé de moins de 16 ans. La Suède compte plus de 30 établissements d’enseignement supérieur.
Santé
Tous les résidants suédois (y compris les étrangers) sont protégés par un système d’assurance-maladie public, dont les indemnités journalières, imposables, couvrent la plupart des frais d’hospitalisation et de consultation médicale. Une assurance dont bénéficient les parents comprend un congé indemnisé de quinze mois, réparti entre les deux membres du couple et avant que l’enfant ait atteint 8 ans.
Médias
En 1992, la Suède comptait 175 journaux quotidiens pour un tirage journalier de plus de 4,5 millions d’exemplaires. Les quatre principaux quotidiens de Stockholm sont l’Expressen (libéral), le Dagens Nyheter (indépendant), l’Aftonbladet (socialiste) et le Svenska Dagbladet (conservateur). Les Suédois sont par ailleurs en tête des pays européens pour le taux d’équipement des ménages dans les domaines de l’Internet et des télécommunications : 60 % des ménages possèdent un ordinateur personnel, 37 % des habitants sont connectés à Internet (53 % à Stockholm) et 60 % d’entre eux possèdent un téléphone mobile.
Culture et civilisation
Le suédois, langue de très loin dominante, appartient, avec le norvégien, le danois, l’islandais et le féroïen (féringien), à la branche nordique du groupe des langues germaniques, elles-mêmes issues de la grande famille des langues indo-européennes. Malgré une évolution avancée vers l’unification linguistique autour de la langue de la capitale, de nombreux dialectes locaux subsistent. Il existe deux minorités linguistiques et ethniques installées de longue date dans le Norrland et parlant des langues finno-ougriennes: les Finnois et les Lapons.
Littérature
À la fin du Moyen Âge, l’influence culturelle et même linguistique allemande, très forte en Suède en raison de la puissance hanséatique, va être renforcée par le triomphe de la Réforme luthérienne au début du XVIe siècle. En 1526 est imprimée la première version suédoise du Nouveau Testament, traduite par Olaus Petri. Une Bible suédoise complète paraît en 1541. Les seuls textes importants en suédois étaient auparavant d’ordre juridique. Le rôle des langues nationales dans le culte luthérien explique pour une part l’essor de la littérature, notamment le genre historique. Au milieu du XVIIe siècle, l’influence française, cristallisée autour de l’œuvre de Descartes, se fait prépondérante. Le siècle des Lumières marquera l’essor de la littérature suédoise moderne, surtout sous Gustave III, cependant que la poésie s’inspire davantage du préromantisme, qui apparaît alors en Allemagne.
Le début du XIXe siècle voit en Suède le recul de la pensée française au profit des influences allemandes. La revue Phosforos, née en 1810, regroupe des poètes romantiques inspirés par l’Allemagne. Esaias Tegnér parvient alors presque à évoquer le néoclassicisme de Goethe. L’Association gothique, fondée en 1811 par Tegnér et Erik Gustaf Geijer, poète et historien à la façon de Michelet, affirme les liens du Nord avec le mouvement romantique européen, qui va se convertir ici en «scandinavisme». Vers le milieu du siècle, le réalisme et le naturalisme vont se substituer au romantisme en déclin. August Strindberg (1849-1912), l’auteur du Cabinet rouge (1879), et le groupe Jeune Suède illustrent cette littérature «engagée» qui prend parti sur les questions d’actualité et fait la critique de la société.
Le néo-romantisme est illustré surtout après 1880 par Selma Lagerlöf (prix Nobel 1909) et son célèbre roman le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède (1906-1907), sorte de géographie féerique de ce pays. Parmi les plus grands écrivains de l’entre-deux-guerres figurent Pär Lagerkvist (prix Nobel 1951) et Harry Martinson (prix Nobel 1974, avec le romancier Eyvind Johnson). Le doute teinté de pessimisme quant à la valeur de l’écriture et de son message caractérise la littérature suédoise depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale: il a donné naissance à des formes d’expression variées, comme l’a fait le Nouveau Roman en France.
Art et architecture en Suède
Après la conversion au christianisme, l’architecture religieuse, malgré son caractère encore rudimentaire, témoigne d’influences extérieures déjà lointaines. À la fin du Moyen Âge, sur le plan artistique aussi, la Suède appartient au domaine hanséatique. La domination allemande sera renforcée par le triomphe de la religion réformée luthérienne. Plus tard, à la fin du XVIe siècle et au XVIIe siècle, le relais de l’hégémonie artistique sera pris par les Provinces-Unies. Au temps des Lumières, au milieu du XVIIIe siècle, le goût français l’emportera dans les arts plastiques, avec notamment une phase rococo caractérisée par un penchant prononcé pour les «chinoiseries». Vers 1770 apparaît un néoclassicisme plus dépouillé qui prépare le succès du style Empire. Au XIXe siècle, l’influence allemande va peu à peu dominer dans les arts, du moins temporairement.
Théâtre et cinéma
La Suède compte vingt-cinq théâtres sédentaires professionnels gérés et subventionnés par les collectivités locales. Aux deux scènes nationales, le Théâtre royal dramatique et l’Opéra royal à Stockholm, est rattaché le Ballet royal de Suède. Les huit grands orchestres symphoniques s’ajoutent à une vingtaine de formations musicales régionales.
Le cinéma a tenu, depuis le début du siècle, une grande place en Suède. Des metteurs en scène de renom se sont distingués, tels Victor Sjöström (1879-1960) et Mauritz Stiller (1883-1928). Tous deux portèrent le cinéma suédois à son apogée au temps du muet. Ingmar Bergman (le Septième Sceau, 1956; Cris et Chuchotements, 1972; Fanny et Alexandre, 1982) apparaît comme un de leurs plus dignes successeurs.
Image - Cartes - Photos : paysage suede -