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Les abysses

Abysses
Zoo de Beauval
Zoo de Beauval

Les fonds océaniques ou Abysses, dans lesquels règne une obscurité totale à partir de 600 m, représentent 80 % de la surface occupée par les océans, soit la moitié de la surface du globe. Si les végétaux producteurs de chlorophylle sont, faute de lumière, totalement absents de ces zones, dont la profondeur peut atteindre 11 516 m, comme dans la fosse des Philippines, une faune abyssale en revanche existe.

La faune des Abysses

On remarque, entre autres dans les Abysses, la présence d’espèces disparues en surface depuis des millions d’années. Elles se seraient enfoncées dans les fonds vers la fin de l’ère secondaire. La profondeur dans laquelle elles évoluent les a protégées des bouleversements planétaires et biologiques. En effet, les changements dans ces zones restent excessivement lents, si bien que les animaux qui les peuplent ne supportent aucune variété de pression, de salinité ou de température. Cette faune est d’une biomasse 100 fois inférieure à celle des zones de surface. Les Poissons présentent des téguments qui leur permettent des échanges osmotiques entre le milieu intérieur et le milieu extérieur afin d’obtenir un équilibre comparable à celui de l’Homme résistant à la pression atmosphérique.

Par ailleurs, ces eaux profondes demeurent pauvres en calcaire, d’où l’abondance des Poissons à squelette fragile et d’espèces molles. La faune comprend des organismes benthiques avec les Échinodermes, parmi lesquels on trouve les oursins à longs piquants, les Brachiopodes, les Gastéropodes primitifs, les éponges. Ils sont souvent munis de pédoncules ou de longues échasses, par exemple, afin de ne pas sombrer dans la vase au cours de leurs déplacements. Certains organismes benthiques hantent des profondeurs qui dépassent les 10 000 m. C’est le cas des actinies et des holothuries lamellibranches (10 400 m). Par ailleurs, les abysses abritent de véritables fossiles vivants, comme les Mollusques monoplacophores du genre Neopilina.

D’autre part, on distingue des espèces pélagiques qui nagent en pleine eau. Ces dernières, la plupart du temps carnivores, possèdent une bouche d’une grandeur disproportionnée par rapport à leur taille. Dotées d’un estomac capable de se dilater et d’un orifice buccal extensible, elles ont la possibilité d’absorber des proies beaucoup plus importantes qu’elles. Parmi les espèces pélagiques, certaines, anguiliformes comme le némichthys, possèdent un bec qui n’est pas sans rappeler celui de la bécassine.

Les Poissons de grands fonds quêtent leur nourriture tantôt en remontant dans des zones moins profondes afin de saisir des proies vivantes, tantôt en attrapant au passage des cadavres qui tombent vers le fond, tantôt en absorbant des particules ou des organismes vivants dans les fonds mêmes. Ces espèces fouillent la boue qui tapisse ces zones. Dans ce milieu obscur, dont les conditions sont proches de celles des eaux souterraines, certains Poissons possèdent des yeux hypertrophiés, tandis que d’autres sont aveugles et développent des organes tactiles, rayons de leurs nageoires, pour compenser leur handicap. On note également la présence de certaines espèces munies d’organes lumineux ou photogènes qui leur permettent aussi bien d’aveugler un adversaire menaçant que d’attirer une proie. Leurs clignotements peuvent également tenir le rôle de signaux entre Poissons d’une même espèce.

La faune des abysses, d’une grande variété grâce à la représentation de la quasi-totalité des embranchements, est constituée de nombreux vivipares et d’ovipares. Parmi ces derniers, on distingue des espèces qui incubent leurs œufs, tandis que d’autres les protègent de diverses manières. Certains Poissons sont caractérisés par un dimorphisme sexuel impressionnant avec des femelles de 1 m, parasitées par un «mâle nain» qui ne dépasse pas 16 mm. Ces Cératiidés offrent une silhouette massive et une grosse tête. Ils sont encore munis d’un filament pêcheur qui leur permet d’attraper leurs proies et dont la taille peut atteindre le triple de la longueur du corps du Poisson.

Si les conditions dans les abysses restent sensiblement identiques sur l’ensemble du globe, on remarque toutefois l’existence d’un degré élevé d’endémisme, qui se manifeste par la présence d’une proportion élevée d’une espèce dans une région donnée.

L’exploration des Abysses

Dans ces eaux immobiles, il convient de distinguer l’étage abyssal de l’étage hadal, encore plus profond. Ces zones, où la pression est très élevée, ont longtemps fait l’objet de nombreux sondages qui ont permis de soumettre à l’analyse des échantillons variés. Les premières bathysphères, dont le diamètre permettait tout juste de se tenir accroupi, restaient reliées au bateau par un câble. Dans ces engins inconfortables eurent lieu les premières transmissions radiodiffusées en direct. Il a fallu de nombreuses recherches et le génie de chercheurs comme le physicien suisse Auguste Piccard pour mettre au point un bathyscaphe autonome, c’est-à-dire libéré de ses liens et capable de remonter tout seul. Il a troqué la forme sphérique contre une silhouette allongée.

Les années 1960 sont une véritable course aux records. On atteint les fonds de plus de 10 000 m et on découvre avec stupéfaction la présence de Poissons inconnus. D’abord lourds et peu manœuvrables, les engins se perfectionnent et les abysses révèlent peu à peu leurs secrets. Enfin, l’ère des bathyscaphes cède le pas progressivement à celle des sous-marins, dont le nombre d’heures d’autonomie au fond, la vitesse et la capacité de charger un petit équipage ont considérablement fait avancer la recherche. La découverte, en 1970, de sources hydrothermales sur les fonds marins à proximité des îles Galápagos a fait naître chez plusieurs chercheurs la certitude que la vie y aurait puisé ses origines.

En effet, des sortes de cheminées, les «fumeurs noirs», émettent des composés soufrés, et des colonies d’organismes trouvent dans ces sources d’énergie les nutriments indispensables à leur vie. Les organismes primordiaux, différents de ceux qui y vivent aujourd’hui, auraient été protégés des effets destructeurs de la quasi-totalité des impacts météoriques.

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