Elle se situe, la ville de Bordeaux, au confluent avec la Garonne de deux importants ruisseaux, le Peugue et la Devèze, que fut fondée au IIIe siècle av. J.-C. la cité de Burdigala. Ses fondateurs, les Bituriges Vivisques, tribu celtique venue du nord de la France, contrôlaient, depuis son port intérieur, le trafic de l’étain amené d’Armorique.
Histoire de Bordeaux
En 56 av.-J.-C. la conquête de la région de Bordeaux par Crassus, lieutenant de Jules César, entraîna une période de prospérité économique et la naissance d’un urbanisme rationnel: le cardo et le décumanus (actuelle rue Sainte-Catherine et cours de l’Intendance) furent tracés et l’on construisit des aqueducs, des temples, un amphithéâtre et une curie. Carrefour commercial, la Burdigala romaine fut aussi une brillante métropole dont le poète Ausone illustra le rayonnement intellectuel.
Durement frappée par les invasions barbares de 276, la cité édifia un castrum (selon le tracé actuel des cours d’Alsace-Lorraine, de la rue des Remparts et des cours du Chapeau Rouge et de l’Intendance) et son développement se ralentit. Le VIIe siècle marqua un temps fort dans l’organisation paroissiale de Bordeaux avec la fondation des églises Saint-Rémy, Saint-Pierre et Saint-Siméon; néanmoins, la ville fut saccagée par les Vikings en 848.
Après 1154 (année de l’accession au trône d’Angleterre d’Henry Plantagenêt, époux d’Aliénor d’Aquitaine) Bordeaux connut la prospérité grâce à son union avec l’Angleterre. L’expansion de la ville nécessita l’édification de nouvelles enceintes: en 1227 au sud, pour protéger les quartiers neufs (rue Neuve, la Rousselle etc.); en 1327, pour intégrer les nouveaux faubourgs (Sainte-Croix, Sainte-Eulalie, Saint-Michel).
Les paroisses de Saint-Michel et de Saint-Pierre se peuplèrent alors d’artisans (forgerons, charpentiers ou fustiers) laissant leur nom aux rues des Faures et de la Fusterie. Ce fut le premier âge d’or, celui du vin que les bourgeois vendaient aux Anglais en même temps qu’ils se faisaient octroyer par le pouvoir — lointain — des rois-ducs des libertés communales (dont la Grosse Cloche, «beffroi» de l’hôtel de ville, est encore l’emblème).
En 1453, après la conquête française, Bordeaux connut des heures difficiles; le retour à la France fut peu apprécié par la bourgeoisie bordelaise et les Bordelais se rebellèrent: contre les entraves apportées au commerce et la lourdeur des impôts. Aussi, pour anéantir toute velléité de révolte contre la monarchie, Charles VIII, qui se méfiait des sentiments anglophiles de la bourgeoisie locale, décida en 1495 de faire de Bordeaux une ville royale et d’y faire édifier deux forteresses : le fort du Hâ pour défendre la ville des attaques venant du sud et de l’ouest, et le château Trompette qui la protégéeait du côté du fleuve. L’urbanisation s’accélèra cependant, après les vicissitudes du haut Moyen Âge: en 1450, la ville comptait plus de 30 000 habitants sur une surface de 170 ha avec enceinte.
L’installation du Parlement dans les murs du palais de l’Ombrière, ancienne résidence des ducs d’Aquitaine, fit du quartier Saint-Pierre le lieu de résidence des parlementaires et de la Cour: les noms des rues Mérignac, Métivier ou du Mulet perpétuent l’existence de ces illustres familles; c’est alors aussi qu’on érigea l’arc de triomphe de la porte Cailhau, à la gloire de Charles VIII. De 1581 à 1585, Michel de Montaigne fut le maire de Bordeaux; son mandat ne fut marqué par aucune construction d’édifice public, mais la ville demeura intacte, car Montaigne s’efforça d’en éloigner les combats des guerres de Religion et de succession à la couronne de France.
Si, sur le plan artistique, la Renaissance, qui ne laissa son empreinte que sur la cathédrale, ne s’exprima dans aucun ensemble de grande envergure, de profondes mutations du tissu urbain intervinrent par contre aux XVIIIe et XIXe siècles à la faveur de l’expansion commerciale, du commerce avec les Antilles et de la traite des esclaves : appuyée sur la croissance portuaire et une poussée démographique importante (plus de 70 000 habitants vers la fin du XVIIIe siècle), Bordeaux subit alors une transformation radicale par la construction de la façade des quais et l’aménagement des grands cours. Le XVIIe siècle vit l’assèchement des marais aux Chartrons, mais la période la plus originale s’étend du début du XVIIIe siècle au milieu du XIXe.
Grâce au commerce avec les Antilles, Bordeaux devint avant 1789, le premier port du royaume. Sous l’impulsion des grands intendants (Boucher, Tourny, Dupré de Saint-Maur), la ville se dota d’un nouveau visage avec la création de la place royale (place de la Bourse) qui coupa en son milieu la cité médiévale. De même, l’aménagement d’un tour de ville sur les anciens fossés du jardin public en 1746, des allées de Tourny en 1749, suivi une trentaine d’années plus tard par les réalisations de Victor Louis, achevèrent de donner à Bordeaux la physionomie de ville classique qu’on lui connaît aujourd’hui.
Ruinée par les guerres napoléoniennes, la cité se réveilla à la Restauration avec la démolition du château Trompette, en 1816, remplacé par l’immense place des Quinconces (1818-1827), et la construction du premier pont sur la Garonne. Commença alors la «marche vers l’Ouest» de la ville, avec la construction de ces «échoppes», maisons basses caractéristiques du paysage urbain bordelais. En accompagnant l’expansion démographique (120 000 habitants en 1830, 250 000 en 1914) et industrialo-portuaire, les grands travaux du Second Empire puis ceux de la Troisième République achevèrent l’image historique de la ville.
Ville commerçante durant des siècles, Bordeaux ne s’ouvrit que timidement à l’industrie, dans le dernier quart du XIXe siècle: industries alimentaires, métallurgiques (liées à l’activité portuaire) et chimiques. Il a fallu attendre les lendemain de la Seconde Guerre mondiale et, surtout, les années 1960, pour voir la ville se convertir à l’industrie, avec comme élément moteur le domaine aéronautique et spatial.
La ville de Bordeaux aujourd’hui
La consommation d’espace de 1960 à 1975 a été quasi équivalente à celle du siècle et demi précédent (1810-1960): accélération de l’urbanisation (déploiement de l’habitat individuel, celui des «échoppes») entraînant un plan de voierie et de circulation correspondant.
Parallèlement à sa reconversion économique, Bordeaux a entrepris une modernisation de son tissu urbain avec plusieurs grands aménagements: création de la Cité du Grand-parc et du quartier du Lac; rénovation du quartier Mériadeck; délimitation d’un vaste secteur sauvegardé de 150 hectares; transfert des universités en banlieue; franchissement de la Garonne par trois nouveaux ponts et ouverture d’une grande rocade; réaménagement du quartier de la Bastide.
Une partie importante de l’activité économique de Bordeaux repose encore sur le négoce et l’exportation des produits de la viticulture (vins et spiritueux) qui ont assis la puissance de la ville (près de 14 000 producteurs, 117 514 hectares de vignobles dont 113 000 AOC, 6 millions d’hectolitres dont 5,6 millions en AOC, 400 négociants, un chiffre d’affaires de 14,5 milliards dont 4,1 à l’export).
Mais l’essentiel des activités de la ville, capitale admnistrative de la Région Aquitaine, relève aujourd’hui du secteur tertiaire à raison de 80 % du total de la population active, dont 15 % pour le commerce, 52 % pour les services marchands et non marchands, 4 % pour l’activité financière (180 établissements bancaires), 9 % pour le transport. Le réseau dense de PME-PMI de la Gironde est concentré à raison de 70 % à Bordeaux et constitue le support de la sous-traitance. Au total, le nombre d’entreprises de la ville s’élève à 28 427 unités (1993). Celle-ci dispose de 88 parcs d’activités aménagés, parmi lesquels 6 pôles technologiques.
L’industrie a pris un essor important à partir de la fin des années 1960 avec l’implantation d’Aérospatiale, de Sep ou encore de Dassault Aviation. Bordeaux est devenue le premier bassin européen d’emplois dans l’aéronautique et le spatial (ce secteur représente 20 000 emplois directs sur 30 sites de production en région Aquitaine). L’arrivée d’IBM, de Siemens et de Thomson-CSF a donné naissance en 1992 à un pôle électronique complété par l’implantation de Solectron, premier partenaire européen de production électronique. La société Ford, présente depuis 1973, stimule le redéploiement de l’industrie mécanique.
Le port autonome de Bordeaux, dont le trafic, durement touché par l’arrêt des activités de plusieurs grandes entreprises (Shell, Seita, Say, Péchiney, etc.) a sombré de 14,3 millions de tonnes par an dans les années 1970 à moins de 9 millions en 1998, tente d’enrayer son déclin (produits pétroliers, 4,26 millions de tonnes ; céréales, 2,6 millions de tonnes). C’est un port d’estuaire dont les terminaux sont répartis sur six sites échelonnés sur plus d’une centaine de kilomètres : le Verdon-sur-Mer, à la pointe de Grave, est le seul port français bénéficiant d’une zone franche ; ses terminaux pour conteneurs et rouliers peuvent accueillir des navires d’environ 12 m de tirant d’eau. Pauillac (deux appontements privés de la société Shell). Blaye, spécialisé dans les exportations de céréales en vrac. Ambès (exportation et importation des hydrocarbures, gaz liquéfié, ammoniaque, engrais liquides). Bassens (céréales, vracs industriels, grumes, agroalimentaire). Bordeaux, enfin, dont l’ancienne zone portuaire, aujourd’hui inactive, est en cours de réaménagement complet dans le cadre de l’urbanisation des berges de la Gironde.
La structure universitaire conforte le tissu entrepreneurial: 4 universités, 2 Instituts universitaires de technologie, 6 écoles d’ingénieurs et 14 grandes écoles accueillaient 69 000 étudiants en [1999]. Le projet Bordeaux – Les-Deux-Rives, focalisant la ville sur son fleuve, vise à reconquérir de l’espace public sur la rive gauche et à revitaliser un quartier sur la rive droite. Ville de foires et de congrès, Bordeaux attire également de nombreux touristes. On y recense 11 musées, 13 théâtres, 24 salles de spectacles et 45 cinémas.
Les Arts bordelais
«Prenez Versailles et mêlez-y Anvers, vous avez Bordeaux», écrivait Victor Hugo après avoir visité la cité en 1843. Remarquable ville d’art, Bordeaux abrite quelques vestiges de l’époque romaine (palais Gallien, IIIe siècle apr. J.-C.).
Inspirée de l’église du Gesú à Rome, l’église Notre-Dame, édifiée entre 1684 et 1707, possède une remarquable façade baroque de style jésuite (bas-reliefs représentant notamment la Vierge donnant le Rosaire à saint Dominique). Ancienne chapelle des Dominicains, cette église offre un remarquable maître-autel en marbre blanc dû à Peru (1759) et, autour du chœur, des grilles en fer forgé dues à Moreau (1780).
La basilique Saint-Michel, avec son clocher hexagonal séparé dont la flèche (1472-1492) s’élève à 114 m de hauteur, est de style gothique (XIVe- XVIe- s.).
Ancienne Chapelle des Chartreux, l’église Saint-Bruno, de style Renaissance, construite à partir de 1611, fut consacrée par le cardinal de Sourdis en 1620; sa façade est inspirée du style italien et tend vers le baroque, tout comme le chœur.
L’église Saint-Pierre (façade gothique avec un beau portail de style flamboyant, XIVe- XVe- s.) a été en grande partie remaniée au XIXe siècle.
Malheureusement restaurée par Paul Abadie au XIXe siècle, l’église Sainte-Croix, ancienne abbatiale de bénédictins édifiée aux XIIe XIIIe siècles à l’extérieur de l’enceinte de la cité médiévale (façade de style roman, avec des portails richement sculptés), abrite un bel orgue réalisé par le facteur Dom Bédos de Celles au XVIIIe siècle.
La cathédrale Saint-André (XIIIe-XVIe s., restaurée au XIXe s.), fut entièrement reconstruite, sur un plan en croix latine à nef unique (124 m de long, 18 m de largeur au transept, 23 m de haut dans la nef et 29 m dans le chœur) sur les restes de l’édifice roman qui avait été consacré en 1096 par le pape Urbain II. Le chœur, de style gothique rayonnant ainsi que le transept datent du XIVe et du XVe siècle.
La porte Royale (XIVe s.) est un bel exemple gothique (embrasements ornés de statues des apôtres ; tympan avec le Jugement Dernier). Le tympan du portail Nord (XIVe s.) est orné de trois registres de bas reliefs représentant la Cène, l’Ascension et le Triomphe du Rédempteur. Délaissée durant la Révolution, période pendant laquelle elle servit de magasin à fourrage, l’église fut profondément restaurée durant tout le XIXe siècle.
Le Grand-Théâtre, considéré comme le chef-d’œuvre de l’architecte parisien Victor Louis, fut édifié entre 1773 à 1780 sur l’ordre du maréchal-duc de Richelieu, gouverneur de la Guyenne, à l’emplacement des anciens Piliers de Turelle — le forum gallo-romain rasé sur l’ordre de Louis XIV, après les troubles de la Fronde puis une sanglante révolte antifiscale, pour faciliter le tir des canons du château Trompette sur la cité rebelle. D’une longueur de 88 m, le Grand-Théâtre est considéré comme l’un des plus beau théâtres du monde. Le péristyle de sa façade, inspiré de l’Antiquité, est supporté par douze colonnes corinthiennes.
La balustrade est ornée de douze statues des muses et de déesses dues aux sculpteurs Berruer et Van den Drix. L’entablement du péristyle a été conçu de manière révolutionnaire : il est maintenu à l’intérieur par un tirant métallique (devenu célèbre sous le nom de «clou de Monsieur Louis»). À l’intérieur, le vestibule est orné de seize colonnes doriques, et l’escalier à trois volées a été copié par Garnier pour l’Opéra de Paris. Inauguré le 7 avril 1780 par une représentation d’Athalie de Racine, le Grand-Théâtre a servi en 1871 de lieu de réunion de l’Assemblée nationale : c’est là que Victor Hugo émit l’idée d’États-Unis d’Europe. Le Grand Théâtre a servi à nouveau de lieu de réunion à l’Assemblée nationale à l’automne 1914, pendant la bataille de la Marne, puis au printemps de 1940. Le Grand Théâtre abrite aujourd’hui l’Opéra de Bordeaux, l’un des trois établissements lyriques régionaux titulaires du label «Opéra national».
La place de la Bourse (ancienne place Royale). Dès 1726, l’intendant Boucher avait souhaité doter la ville d’une façade sur le fleuve. Malgré l’hostilité des jurats et des membres du parlement, rétifs à toute innovation, il demanda à l’architecte Jacques Gabriel de concevoir un ensemble comprenant d’abord un hôtel des Fermes, puis une Bourse des marchands. Ainsi s’éleva, entre 1735 et 1738, ce chef-d’œuvre d’équilibre et d’harmonie, avec des deux côtés de la place, l’hôtel des Douanes et le Palais de la Bourse
Les musées à Bordeaux
La Casa de Goya, dernière résidence du peintre Francisco Goya, qui vint s’installer à Bordeaux en 1824 pour fuir l’absolutisme de Ferdinand VII et qui mourut dans cette maison en 1828, présente des œuvres de l’artiste; c’est également le Centre culturel espagnol de Bordeaux.
Héritier des collections de l’ancien Musée lapidaire créé vers 1783 par l’Académie de Bordeaux à la demande de l’intendant Dupré de Saint-Maur afin de rassembler les vestiges romains mis au jour par les importants travaux d’urbanisme entrepris dès le XVIe siècle et, principalement, au XVIIIe siècle, l’actuel musée d’Aquitaine a, depuis 1962, fait évoluer la vocation primitivement archéologique du Musée lapidaire vers un musée d’histoire, d’archéologie et d’ethnographie régionales : vestiges de l’époque préhistorique, antiquités romaines et paléo-chrétiennes de la cité de Burdigalia, collections médiévales, collections ethnographiques, etc.
Le musée des Arts décoratifs, logé dans l’hôtel de Lalande, édifié en 1779 par l’architecte bordelais Étienne Laclotte, pour le parlementaire Pierre de Raymond de Lalande, abrite de riches collections d’arts décoratifs français, et plus particulièrement bordelais, des XVIIIe et XIXe siècles, ainsi que des collections de peintures, gravures, miniatures, sculptures, mobilier, céramique, verrerie, orfèvrerie, etc.
L’ensemble d’œuvres présenté par le musée des Beaux-Arts, créé en 1801 par Bonaparte, puis enrichi en 1829 par le leg de la prestigieuse collection du marquis de Lacaze, place le musée de Bordeaux parmi les toutes premières collections publiques de France : peintures hollandaises (Van Goyen, David de Heem, Ter Brugghen), écoles françaises et étrangères du XVIe au XVIIIe siècle (Vierge à l’Enfant entre saint Jérôme et saint Augustin, par Pérugin, œuvres de Titien, Luca Giordano, Véronèse, Magnasco,…), école flamande ( Rubens, Brueghel de Velours,…), écoles du Nord du XVIIIe siècle (Tischbein, Zoffany, Reynolds,…), école française du XVIIIe siècle (grands tableaux de Restout et de Van Loo), époque néo-classique (Taillasson, Vincent, Guérin, Lacour,…), romantisme (l’Embarquement de la duchesse d’Angoulême, par le baron Gros; la Grèce sur les ruines de Missolonghi, de Delacroix), paysages (Corot, Harpignies, Daubigny,…), peinture académique (Bouguereau, Gérôme, Baudry,…), réalisme (Gervex), impressionnisme (de Boudin à Renoir), symbolisme (Odilon Redon), fauves (Albert Marquet, Matisse); enfin, le XXe siècle est représenté par des toiles de Bonnard, Vlaminck, Picasso, Bissière, Lhote, Kokoschka et de Soutine.
Le Centre national Jean-Moulin, musée de la Seconde Guerre Mondiale, présente des collections consacrées à la Résistance, la déportation et les Forces françaises libres. Ce musée, dont la vocation première est pédagogique, intègre un important centre de documentation qui offre au public, aux étudiants et aux chercheurs des documents d’époque (affiches, correspondances clandestines, armement…).
Installé dans un ancien entrepôt portuaire (1824), l’Entrepôt réel des denrées coloniales dont le port de Bordeaux faisait alors commerce, le capcMusée présente les grands mouvements artistiques des trente dernières années, sous forme d’expositions monographiques et thématiques.