Breaking News
vacances
La Tunisie
La Tunisie

La Tunisie

Zoo de Beauval
Zoo de Beauval

En arabe Tūnus, la Tunisie est un pays d’Afrique du Nord. Sa capitale est Tunis. Le pays donne au nord et à l’est sur la mer Méditerranée : il est bordé au sud par la Libye et à l’ouest par l’Algérie.

Voyage en Tunisie

La Tunisie est la plus ancienne entité politique du Maghreb. Ouvert sur le monde méditerranéen, le pays a accueilli sur son sol de grandes civilisations : phénicienne, romaine et arabo-musulmane. Premier pays du Maghreb à avoir été arabisé, la Tunisie, devenue indépendante en 1956, apparaît aujourd’hui comme un pôle de stabilité dans la région.

La côte méditerranéenne de l’Afrique fut colonisée par les Romains à partir de 146 av. J.-C. De nombreux vestiges témoignent de cette occupation, comme l’amphithéâtre édifié en Tunisie à El-Djem.

Forte d’un tourisme de plusieurs millions de voyageurs par an, la Tunisie offre un climat de type méditerranéen, du fait de sa longue façade maritime et des faibles altitudes, est . Les températures atteignent une moyenne de 10,6 °C en janvier et de 26,1 °C en juillet. Le nord du pays est assez bien arrosé ; la saison des pluies, d’octobre à mai, est relativement longue. En se dirigeant vers le sud, le climat devient progressivement plus chaud et plus sec. Les précipitations moyennes annuelles sont d’environ 610 mm, avec une forte variabilité. Elles diminuent vers le sud, et ne représentent qu’environ 178 mm par an dans le Sahara dont le principal moyen de transport d’hommes et de marchandises est : le dromadaire, introduit par les Romains vers le Ier siècle apr. J.-C.

En matière de ressources naturelles, la flore de Tunisie, dans les régions côtières, est semblable à celle de l’Europe du Sud. Les régions fertiles et bien arrosées du Nord se caractérisent par leurs nombreux vignobles et par leurs forêts denses de chênes-lièges, de pins et de genévriers. Plus au sud, la végétation, adaptée aux conditions climatiques semi-arides, est de type steppique avec une dominance de l’alfa. Dans les régions arides de l’extrême Sud, les oasis sont plantées de palmiers-dattiers. Hyènes, sangliers, chacals et gazelles comptent parmi les représentants d’une faune assez abondante.

Tunisie- Tourisme à Djerba
Tunisie- Tourisme à Djerba

Tourisme en Tunisie

Pour ce qui concerne le tourisme, les villes, monuments ou mosquées à visiter ne manque pas ! Ainsi vous découvrirez :

Près de la ville berbère de Chenini, une mosquée blanche qui se dresse sur une falaise dans les montagnes du Ksour Essaf . La majorité des Tunisiens sont des musulmans d’origine berbère, et pourtant l’arabe et le français ont pratiquement remplacé la langue berbère dans tout le pays. Toutefois, le mode vie traditionnel semi-nomade des bergers berbères est toujours très répandu, en particulier dans le sud de la Tunisie.

La synagogue la ghriba « la merveilleuse » située à proximité de Er Riadh (Djerba) a été édifiée au début du XXè siècle sur un ancien site religieux. une des plus anciennes torah du monde y est conservée. un important pèlerinage y a lieu le 33e jour de la pâque.

Les vestiges de Carthage. Malgré plusieurs destructions, des vestiges de la cité antique de Carthage ont été mis au jour au XIXe et au XXe siècle, témoignant de l’art punique, romain, byzantin et vandale. Ou encore, les vestiges d’Utique don la cité antique se situe dans le golfe de Tunis et a été fondée vers 1100 av. J.-C., vraisemblablement par les Phéniciens. Elle a notamment été le point de ralliement des partisans de Pompée durant la guerre civile romaine, qui a opposé Jules César et Pompée au ier siècle av. J.-C.

Kairouan. Fondée en 670, la ville tunisienne prospère sous la dynastie aghlabide au IXe siècle et s’enrichit de riches monuments et de palais. Place forte de l’Islam et haut lieu de pélerinage, la ville est aujourd’hui encore la quatrième ville sainte de l’Islam après La Mecque, Médine et Jérusalem. Modèle de l’architecture de l’art arabe, la mosquée de Sidi Sahab telle qu’elle se présente aujourd’hui remonte au xviie siècle. La mosquée contient le mausolée de Abou Dhama, l’un des compagnons du Prophète (en arabe, sahab). Elle est également surnommée la mosquée du Barbier, car Abou Dhama portait toujours sur lui trois poils de la barbe de son maître.

Paysage de Tunisie
Paysage de Tunisie

Histoire de la Tunisie

La région de Gafsa est associée à une civilisation pré-néolithique appelée Capsien (environ 7 000 av. J.-C.), fondée sur l’exploitation des mollusques (« escargottières »), et qui s’est propagée dans tout le nord du Sahara. Le peuplement de la Tunisie, issu de la migration des populations libyques venues du Sud, probablement les ancêtres des Berbères, est attesté au moins 4 000 ans av. J.-C. La première grande civilisation que connaît le pays est celle que fondent les Phéniciens sur les côtes, peuple sémite originaire de Syrie et du Liban. Dominant le commerce maritime en Méditerranée, ils établissent des comptoirs en Afrique du Nord, parmi lesquels Utique vers 1100 av. J.-C., dans le nord-est de la Tunisie.

En 814 av. J.-C., est fondée Carthage, au nord-est de l’actuelle Tunis. Durant les siècles suivants, Carthage se trouve au cœur d’un empire puissant qui domine la majeure partie de l’Afrique du Nord et règne même sur le sud de la péninsule Ibérique, la Sardaigne et une partie de la Sicile. Cet empire règne essentiellement sur l’espace littoral et maritime, mais ne s’étend pas vers l’intérieur du pays. À partir de 264 av. J.-C., Carthage affronte l’Empire romain, alors en pleine expansion, au cours des guerres puniques. Durant la dernière de ces guerres, Rome vainc les Carthaginois et détruit entièrement leur capitale, en 146 av. J.-C. Du IIe siècle av. J.-C. au Ve siècle apr. J.-C., l’essentiel du territoire formant l’actuelle Tunisie est intégré à la province romaine d’Afrique, qui entreprend la colonisation de la partie basse du pays en développant l’agriculture. Les régions montagneuses, restées aux mains des Berbères demeurent toutefois réticentes à la domination romaine.

Au cours du Ve siècle, alors que l’Empire romain, soumis aux invasions barbares, décline, les Vandales, peuple germanique traversent la péninsule Ibérique, franchissent la Méditerranée et arrachent la province d’Afrique aux Romains. Après un siècle d’occupation vandale, de 430 environ à 534, le pays est conquis par le général byzantin Bélisaire.

La conquête musulmane

Le pays, très urbanisé sur les côtes et en grande partie christianisé, est envahi par les Arabes musulmans au VIIe siècle, qui le dirigent jusqu’au début du XVIe siècle. Durant cette période, les populations urbaines adoptent progressivement le mode de vie musulman, qui se substitue à la culture chrétienne byzantine. Les conquérants se heurtent d’abord aux Berbères, mais l’islamisation est relativement rapide. En 670, Kairouan devient le centre des expéditions lancées contre le nord et l’ouest du Maghreb. L’islamisation s’accélère après la prise de Carthage par les Arabes, en 698, et la fondation du camp militaire de Kairouan. De 800 à 909, l’Ifriqiya (actuels Tunisie, Tripolitaine et Est algérien) est gouvernée depuis Kairouan par les Aghlabides, qui ont fait allégeance au califat abbasside de Bagdad.

Le centre du pouvoir se déplace vers l’Égypte, lorsque avec l’aide de tribus berbères les Fatimides chiites renversent les Aghlabides. À partir de 972, cependant, la Tunisie musulmane est gouvernée par des Berbères opposés à la domination politique arabe, les Zirides d’abord, puis les Almohades marocains.

Durant la dernière partie du XIIe siècle, les Normands, commandés par le souverain sicilien Roger II, occupent temporairement plusieurs points stratégiques de la côte. En 1228, les Hafsides, qui ont fait allégeance aux Almohades, se déclarent indépendants. Ils règnent jusqu’en 1534 sur le prospère royaume de Tunis, qui donne son nom à la Tunisie.

La domination ottomane

En 1534, Tunis est enlevée par le pirate Khayr al-Din Barberousse. Il en est chassé par l’armée de Charles Quint dès 1535 ; les Hafsides sont rétablis mais le pays est placé sous la tutelle de l’empereur d’Espagne. La domination de la Tunisie par les Espagnols est brève car, en 1574, les troupes de l’Empire ottoman vainquent les Espagnols et établissent leur hégémonie sur la Tunisie. De 1574 à 1881, sous les Turcs ottomans, la Tunisie jouit d’une relative stabilité. L’autorité impériale est exercée par des administrateurs locaux, connus sous le nom de deys de Tunis jusqu’en 1705, puis de beys. Le bey Hussein ibn Ali, qui règne de 1705 à 1740, fonde, en 1710, la dynastie des Husseinites, qui se maintient sur le trône jusqu’en 1957.

La Tunisie acquiert alors une grande autonomie par rapport à l’Empire ottoman, auquel elle est toujours rattachée, et connaît une nouvelle prospérité, nourrie pour une large part par la piraterie. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle et au XVIIIe, plusieurs nations maritimes, parmi lesquelles les colonies américaines, versent leur tribut au gouvernement tunisien pour se prémunir contre toute agression au cours de leurs expéditions en Méditerranée. Au début du XIXe siècle, cependant, les marines européennes, auxquelles se sont joints des navires américains, anéantissent la piraterie méditerranéenne, attaquant Tunis et les autres bases des corsaires établies dans les États barbaresques d’Afrique du Nord.

Privé de ses revenus de la piraterie, le gouvernement tunisien se trouve rapidement très endetté. La crise financière est aggravée par les extravagances des beys et par la nécessité pour les gouvernements d’effectuer de fréquentes et coûteuses représailles contre les soulèvements des rebelles. Les principaux créanciers de la Tunisie sont la France, l’Italie et la Grande-Bretagne. Or, chacun de ces pays nourrit des ambitions impérialistes en Afrique du Nord.

Le protectorat français

En 1830, la France conquiert et annexe l’Algérie. En 1869, l’État tunisien, ruiné, doit accepter l’instauration d’une commission de contrôle financière, au sein de laquelle siègent l’Italie et la Grande-Bretagne, sous la présidence de la France. Le pays est, de fait, sous la tutelle occidentale. Au congrès de Berlin, en 1878, la Tunisie fait l’objet de tractations entre les puissances européennes : la France se voit donner toute latitude pour coloniser le pays ; elle reconnaît en échange la domination britannique sur Chypre. L’Italie, présente en Libye, convoite cependant toujours la Tunisie. Prenant leur rivale de vitesse, les troupes françaises interviennent à partir de l’Algérie, sous prétexte de mater la rébellion des tribus kroumirs, des Berbères des hauts plateaux, accusées de pénétrer sur le territoire algérien.

Le 12 mai 1881, le bey signe le traité du Bardo, qui reconnaît l’établissement du protectorat français en Tunisie : les affaires étrangères et la défense de la régence passent sous le contrôle de la France. Le traité est complété par la convention de la Marsa, signée par les deux pays en 1883.

Le protectorat est à l’origine de profonds changements politiques et sociaux, quoique le régime tunisien se soit occidentalisé dès 1861 avec l’adoption d’une Constitution. À partir de 1884, un résident général français gouverne le pays, dont le bey demeure le souverain nominal. Un nombre significatif de colons s’établissent dans la région côtière du nord du pays, occupant les fonctions administratives et dirigeant les entreprises. Influencés par le mouvement nationaliste et moderniste des Jeunes-Turcs et par le nationalisme arabe, et sensibilisés aux idéaux démocratiques européens, des représentants de l’élite s’organisent.

En 1907 est fondé le parti des Jeunes-Tunisiens que les autorités françaises parviennent d’abord à étouffer.

De 1914 à 1921, le pays est placé sous état d’urgence, la presse anticolonialiste interdite. De nombreux dirigeants nationalistes sont arrêtés. Toutefois, en 1920, plusieurs groupes nationalistes s’unissent pour former le Destour (Constitution), qui prône de profondes réformes démocratiques. En 1934, une scission provoque la création du Néo-Destour, dirigé par Habib Bourguiba. Ce mouvement regroupe les nationalistes favorables à une ouverture sur l’Occident. Les deux mouvements sont interdits en 1938, après des émeutes à Tunis. Bourguiba est incarcéré durant cinq ans.

Carte de la Tunisie
Carte de la Tunisie

L’accession à l’indépendance

Durant la Seconde Guerre mondiale, la Tunisie joue un rôle important dans les opérations militaires menées par les Alliés contre les puissances de l’Axe. Après qu’en novembre 1942 les forces alliées ont débarqué en Algérie et au Maroc, les armées allemandes occupent le pays. Au terme de plusieurs mois de combats, les forces alliées repoussent les troupes ennemies jusqu’à la presqu’île du cap Bon. Le 12 mai 1943, les Allemands capitulent. Cette reddition signifie la défaite finale des puissances de l’Axe en Afrique du Nord. Le 15 mai, les Alliés transfèrent l’autorité en Tunisie à la France libre. Sans attendre, les autorités françaises procèdent à l’arrestation de centaines de sympathisants nationalistes, qui ont cru trouver des alliés à leur lutte dans les puissances de l’Axe, et déposent le bey régnant, Moncef Bey, jugé pro-allemand, pour le remplacer par Lamine Bey. Cette intervention française suscite un profond ressentiment au sein de la population tunisienne, qui a dans sa majorité, de même que les nationalistes, soutenu la reconquête alliée.

En 1945, le général de Gaulle propose à la Tunisie le statut d’État associé au sein de l’Union française. Cependant, Bourguiba, de retour au pays en 1949, intensifie sa campagne pour l’indépendance de la Tunisie, en s’appuyant notamment sur l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), dirigée par Ferhat Hached. En 1952, la lutte pour l’indépendance prend un nouveau tour après les arrestations de Bourguiba et des chefs nationalistes et la dissolution forcée du gouvernement Chenik, qui s’est ouvert au Néo-Destour et a élaboré un mémorandum sur l’autonomie interne. Les indépendantistes prennent les armes contre le colonisateur tandis qu’à l’opposé, l’organisation « la Main rouge », créée par des colons extrémistes, lance une campagne terroriste contre les nationalistes, dont l’une des premières victimes est Ferhat Hached.

Émeutes populaires antifrançaises, attentats nationalistes et antinationalistes, tentatives de réformes proposées par les Français se succèdent, menant la Tunisie au bord de la guerre. Le 31 juillet, Pierre Mendès France, nouveau président du Conseil français, se rend lui-même dans le pays et promet, dans un discours prononcé à Carthage, l’autonomie interne. Bourguiba, qui est invité à participer aux négociations, juge cette déclaration acceptable et les émeutes stoppent. Le 3 juin 1955, le Premier ministre tunisien Tahar ben Amar et le successeur de Mendès France, Edgar Faure, signent une série de conventions consacrant l’autonomie tunisienne.

Le 17 septembre, pour la première fois en 74 ans, est installé à Tunis un gouvernement composé exclusivement de Tunisiens.

Le 20 mars 1956, un nouvel accord abroge le traité du Bardo de 1881 et reconnaît la Tunisie comme une monarchie constitutionnelle entièrement souveraine. Les premières élections législatives de l’histoire tunisienne, organisées le 25 mars, donnent une large victoire au Néo-Destour. Le 8 avril, Habib Bourguiba est élu président de la première Assemblée nationale tunisienne ; le 11 avril, il est nommé Premier ministre. L’Assemblée adopte une Constitution transférant au peuple tunisien les pouvoirs législatifs. Le 12 novembre 1956, la Tunisie est admise aux Nations unies.

La République du « Combattant suprême »

Le 25 juillet 1957, l’Assemblée nationale dépose le bey et proclame la République, dont Bourguiba devient le premier président. Les biens du bey sont confisqués et servent à régler la dette de l’État. De nombreux fonctionnaires français sont révoqués et un tiers des Français de Tunisie quittent le pays.

Les relations avec la France

Les relations avec la France se détériorent en raison de la guerre d’Algérie. Fin 1957, des affrontements se produisent lorsque des troupes françaises, poursuivant des indépendantistes algériens, franchissent la frontière tunisienne. Les tensions culminent début 1958. Le 8 février 1958, des avions de l’armée française franchissent la frontière algérienne et bombardent le village tunisien de Sakiet-Sidi-Youssef, tuant 68 Tunisiens et en blessant 100 autres. Le 15 avril 1959, la France et la Tunisie signent un accord prolongeant l’assistance technique française et, en 1960, la Tunisie convient de rembourser une partie des terres confisquées aux ressortissants français.

Une nouvelle Constitution est promulguée le 1er juin 1959. Le 8 novembre, à l’issue d’un double scrutin, présidentiel et législatif, Bourguiba est réélu président sans rencontrer d’opposition ; le Néo-Destour rénové remporte tous les sièges à l’Assemblée nationale. Les relations franco-tunisiennes se détériorent de nouveau en 1961. Les Français ayant refusé d’évacuer la base navale de Bizerte, des troupes tunisiennes l’assiègent le 19 juillet 1961. Deux jours après, l’armée française force le blocus et cerna la ville tout entière, provoquant la mort de 1 300 Tunisiens. Les deux camps acceptent la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies du 22 juillet appelant à un cessez-le-feu. En outre, le 25 août, l’Assemblée générale des Nations unies demande à la France d’abandonner entièrement Bizerte.

Peu de temps après, les deux camps regagnent les positions qu’ils occupent avant le combat. Après des discussions prolongées entre la France et la Tunisie, qui débutent en 1962, la France se retire intégralement de Bizerte en octobre 1963.

Les relations avec le monde arabe

Pour marquer son indignation après le bombardement du village de Sakiet-Sidi-Youssef par l’armée française en février 1958, la Tunisie adhère le 1er octobre à la Ligue arabe ; elle s’en retire toutefois le mois suivant en raison de la rivalité opposant Habib Bourguiba et Gamal Abdel Nasser. L’échec de cette première tentative ne remet cependant pas en cause la volonté de Bourguiba de jouer un rôle prépondérant au sein du monde arabe. Le leader tunisien se tourne simultanément vers le reste du Maghreb et le Proche-Orient arabe. Cette politique se traduit par une coopération économique et politique accrue avec les pays voisins. Le contentieux sur les frontières avec l’Algérie est résolu. De même, les relations entre la Tunisie et le Maroc s’améliorent. Durant les années 1965 et 1966, la Tunisie soutient la création du Comité permanent consultatif du Maghreb qui préfigure l’Union du Maghreb Arabe (UMA), dont l’acte de naissance est signé en 1989.

Dans le même temps, le pays se rapproche de l’Égypte. Cette politique arabe apparaît comme une alternative à la coopération avec la France, alors que celle-ci a annulé toute aide financière à la Tunisie à la suite de l’expropriation des terres encore en possession des étrangers, notamment des Français, décrétée en mai 1964.

Le panarabisme affiché par le régime est cependant jugé trop modéré par les autres nations arabes, qui condamnent la proposition avancée en 1965 par Bourguiba de revenir au plan de partage de la Palestine voté en 1947 par l’ONU. Une nouvelle fois, les relations diplomatiques avec l’Égypte sont rompues (1966), avant d’être rétablies l’année suivante à la faveur de la guerre des Six-Jours contre Israël.

La position tunisienne se renforce cependant après la signature des accords de paix séparés entre l’Égypte et Israël, en 1978. Le siège de la Ligue arabe est transféré à Tunis en 1979. En juin 1982, la Tunisie accueille les dirigeants de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), dont Yasser Arafat, ainsi que plusieurs centaines de ses partisans qui ont été chassés du Liban après l’invasion israélienne de ce pays. Le choix panarabe n’exclut cependant jamais une politique de bonnes relations avec les pays occidentaux, notamment la France.

tunisie carte
tunisie carte

L’édification d’un État moderne

Dès son accession au pouvoir, Habib Bourguiba met en œuvre la politique de modernisation et de laïcisation de l’État qu’il promeut au sein du Néo-Destour depuis le début des années 1930. Il lance un vaste chantier de réformes sociales novatrices et progressistes, inédites dans le monde arabo-musulman, dont la promulgation dès le mois d’août 1956 du Code du statut personnel (CSP), qui interdit la polygamie et la répudiation, et déclare l’égalité entre les hommes et les femmes — le droit de vote et d’éligibilité est accordé aux Tunisiennes en 1957. Afin de lutter contre le sous-développement, le nouveau président choisit de consacrer la majeure partie des ressources de l’État à l’éducation (laïcisation et gratuité de l’enseignement), la formation et la santé.

Lors des élections de novembre 1964, Bourguiba proclame sa volonté de mettre en œuvre un « socialisme tunisien », et le Néo-Destour est rebaptisé Parti socialiste destourien (PSD). Les terres dont les étrangers ont été expropriés en mai 1964 sont nationalisées puis collectivisées. L’expérience socialiste est de courte durée. Le système des collectivités agricoles, qui est un échec, est abandonné dès la fin des années 1960. La Tunisie engage une politique de libéralisation économique conduite par le Premier ministre Hédi Nouira. Le développement de l’économie est favorisé par l’augmentation des ressources pétrolières.

Bourguiba est élu pour la troisième fois en novembre 1969. En décembre, l’Assemblée nationale approuve un amendement constitutionnel prévoyant qu’un Premier ministre, nommé par le président, assumera la présidence en cas de décès ou d’invalidité de celui-ci. En mars 1975, le « Combattant suprême », affaibli par des problèmes de santé, se voit accorder par l’Assemblée nationale la présidence à vie, en guise de remerciement et de reconnaissance, et à titre exceptionnel.

Les dérives du présidentialisme

Les années 1970 sont marquées par un durcissement du régime présidentiel, caractérisé notamment par un exercice de plus en plus personnel et autoritaire du pouvoir et par la multiplication des procès politiques — l’ancien ministre de l’Économie, Ahmed Ben Salah, promoteur de la politique de collectivisation, est condamné en 1970 pour haute trahison. En outre, la répression s’accentue et frappe durement les revendications syndicales et populaires — les forces de l’ordre répriment brutalement les émeutes lors de la grève générale lancée en janvier 1978 par l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT).

Face à la montée de l’agitation sociale, le président Bourguiba s’engage dans une tentative d’ouverture démocratique : il accorde l’autonomie à l’UGTT en 1981 et instaure le multipartisme en novembre 1983. Dès le mois de décembre 1983, des émeutes éclatent à l’annonce de l’augmentation des prix des denrées alimentaires de base, qui contraignent Bourguiba à annuler les hausses. La déstabilisation du régime s’aggrave, de l’intérieur par l’opposition croissante du mouvement islamiste radical, et de l’extérieur par la Libye — les relations avec la Libye sont rompues en 1985 après que ce pays a expulsé quelque 30 000 travailleurs tunisiens. Plus tard la même année, le siège de l’OLP, situé près de Tunis, est détruit par un raid aérien israélien.

En 1986, la Tunisie adopte un plan d’austérité sur recommandation du Fonds monétaire international (FMI), qui fournit aux islamistes de nouveaux arguments contre le pouvoir.

Ben Ali
Ben Ali

L’ère Ben Ali

Zine el-Abidine Ben Ali, devenu président de la République tunisienne en 1987, est ici photographié en novembre 2005 lors du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), à Tunis.

Au matin du 7 novembre 1987, Habib Bourguiba, le « Combattant suprême », est déposé par son Premier ministre Ben Ali, sous prétexte que son grand âge le rend incapable de gouverner plus longtemps le pays. Vécu comme un changement salutaire, ce « coup d’État médico-constitutionnel » est relativement bien accueilli par les autres pays, et mieux encore par la population. La question de la succession, qui a paralysé et perverti la vie politique tunisienne pendant plus d’une décennie, est ainsi résolue, et Zine Ben Ali, qui était général avant d’entamer une carrière politique, ancien ministre de l’Intérieur, apparaît à la fois comme un homme d’ordre et de compromis, capable donc de faire face aux tentatives de déstabilisation d’une partie des milieux islamistes.

La répression contre la menace islamiste

Après plusieurs années de répression systématique, il choisit d’abord de mettre en œuvre une politique modérée. Il s’agit d’abord de répondre aux arguments des islamistes, qui reprochent en premier lieu aux autorités la laïcité à outrance : l’arabisation de l’enseignement est encouragée ainsi que le développement d’un islam d’État (contrôle des mosquées, diffusion des appels à la prière par la télévision publique). Parallèlement, le nouveau président autorise le multipartisme, appliquant la démocratisation aux islamistes modérés, invités à participer aux élections législatives de 1989 et aux élections municipales de 1990.

Les islamistes, organisés au sein du parti En-Nahda (« la Renaissance »), n’obtiennent pas suffisamment de suffrages pour avoir des élus à l’Assemblée nationale, mais ils apparaissent comme la principale force d’opposition, au point que le gouvernement reconsidère sa politique d’ouverture. À partir de 1991, En-Nahda est de nouveau interdit, et nombre de ses membres sont arrêtés.

Le président Ben Ali, réélu en 1994, renforce la répression contre les islamistes, alors que la démocratisation demeure très limitée. Cependant, les associations et les syndicats se reconstituent, tandis que se poursuit la libéralisation économique et que s’opère une meilleure redistribution des revenus. Cette bonne santé économique, qui a permis d’obtenir des résultats spectaculaires (doublement du revenu par habitant en dix ans ; augmentation de cinq ans de l’espérance de vie, et division par deux de la mortalité infantile), s’accompagne dans la population d’un sentiment de vivre dans un havre de paix et de prospérité, entre deux pays — l’Algérie et la Libye — en proie au chaos et à l’immobilisme.

Le durcissement du régime de Ben Ali

Le 24 octobre 1999, le président Ben Ali est réélu pour un troisième mandat de cinq ans, avec 99,44 %des voix. Il était opposé à deux candidats, Abderrahmane Tlili, chef de l’Union démocratique unioniste (UDU), et Mohamed Belhaj Amor, chef du Parti de l’unité populaire (PUP). Aux élections des députés du Parlement unicaméral, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti gouvernemental présidé par Ben Ali, remporte 92%des voix, soit 148 sièges contre 34 pour l’opposition. Le 17 novembre, le président Ben Ali nomme l’ancien ministre de la Coopération, Mohamed Ghannouchi, au poste de Premier ministre. Il remplace Hamed Karaoui, Premier ministre depuis dix ans. Un nouveau ministère est créé, celui de ministre délégué aux droits de l’homme, qui est confié à Dali Jazy, ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme.

En avril 2000, le « minimalisme » des cérémonies qu’organise le pouvoir pour les obsèques de l’ancien président Habib Bourguiba crée une vive réaction dans l’opinion publique tunisienne et internationale. En outre, alors que la lutte contre les islamistes a donné les résultats escomptés au prix d’une répression brutale, l’appareil policier est resté en place, visant avec la même rigueur toutes les oppositions, y compris les organisations des droits de l’homme ou les syndicats. Largement relayés par les médias étrangers, plusieurs cas de violations flagrantes des droits de l’homme touchant des journalistes, des avocats, divers militants et opposants politiques, révèlent aussi à l’opinion publique internationale les aspects les plus négatifs du régime.

C’est le cas notamment du journaliste Taoufik Ben Brik, qui entame une grève de la faim en avril 2000 pour protester contre le harcèlement policier dont il est l’objet. Des responsables des forces de sécurité sont arrêtés pour avoir critiqué la position des autorités et le chef de la garde nationale est limogé. En mai, une tentative d’assassinat vise l’ancien rédacteur en chef de l’édition arabe du Monde diplomatique, Riad Ben Fadhel, qui, quelques jours auparavant, avait publié un article critique vis-à-vis du président Ben Ali. Un mouvement de résistance pacifique semble alors se développer dans le pays.

Face à une contestation qui tend à s’élargir, ralliée notamment par Mohamed Charfi, ancien ministre du président Ben Ali de 1989 à 1994, le régime tente de jouer une plus grande ouverture, rendue nécessaire aussi par des résultats économiques moins bons en 2000 et 2001 que les années précédentes. Cependant, différents clans au sein du pouvoir s’affrontent, entre les « durs » du ministère de l’Intérieur qui refusent tout assouplissement et les modérés, dont le nouveau ministre des Droits de l’homme, Slaheddine Maâoui, partisans d’une évolution vers plus de démocratie. Soufflant alternativement le froid et le chaud, arrestations et libérations d’opposants, le président Ben Ali semble ne pas avoir défini une véritable ligne de conduite. En outre, la question d’un nouveau mandat présidentiel occupe tous les esprits.

Alors que la Constitution en vigueur ne lui permet pas de briguer un quatrième mandat et qu’il a lui-même abrogé la présidence à vie instaurée par son prédécesseur, le président Ben Ali soumet à ses électeurs un projet de réforme constitutionnelle. Soutenu par quatre des six partis de l’opposition légale, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti du président, présente cette consultation comme une grande réforme populaire — il s’agit du premier référendum dans l’histoire de la Tunisie. L’opposition démocratique, formée par les partis politiques et les associations non reconnus par le régime, dénonce toutefois le « simulacre électoral » et appelle au boycott d’une manœuvre visant uniquement à permettre au président de se représenter à l’élection présidentielle de 2004. Le référendum du 26 mai 2002 se transforme en un véritable plébiscite, avec 99,61 % de « oui ».

La nouvelle Constitution prévoit le renouvellement sans limite des candidatures à la présidence et repousse de 70 à 75 ans l’âge limite pour y postuler. Le chef de l’État bénéficie en outre d’une immunité pénale pour tous les actes accomplis durant sa présidence.

Sans surprise, le président Ben Ali est réélu en 2004 à une très large majorité des suffrages (94,49 %). Boycotté par une partie de l’opposition, ce scrutin se déroule dans un contexte politique marqué par l’unanimité autour du président sortant — sur les trois autres candidats en lice, deux sont considérés comme proches du pouvoir. Le seul adversaire déclaré, Mohamed Ali Halouani, candidat d’Initiative démocratique — une coalition regroupant les membres du parti Ettajdid (issu de l’ancien Parti communiste tunisien) et des personnalités indépendantes —, ne parvient pas à mobiliser les électeurs et ne recueille que 0,95 % des voix. Les résultats des élections législatives organisées le même jour que le scrutin présidentiel viennent conforter la victoire de Ben Ali. Son parti, le RCD, remporte en effet 152 des 189 sièges du Parlement.

Lors de la révolution et des soulèvements (le printemps arabe), en 2011, Ben Ali quitte la Tunisie et se réfugie en Arabie saoudite.

 

Image - Cartes - Photos : la tunisie -
zoo-de-beauval

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.