La symétrie des deux rives du Bosphore, qui semblent pouvoir s’ajuster d’une façon presque parfaite, met en évidence le fait que l’Europe et l’Asie furent primitivement d’un seul tenant, la séparation s’étant produite au cours d’une brusque secousse.
Découverte du Bosphore
Il suffit de parcourir le Bosphore pour se rendre compte de l’importance historique et culturelle de ce détroit. Son extrémité méditerranéenne abrite la ville turque d’Istanbul, où des mosquées, des monuments et églises byzantins, des constructions gothiques, des palais vénitiens et des temples antiques témoignent de la gloire passée de cette ville (l’ancienne Constantinople). Depuis plus de 2 500 ans, plusieurs civilisations s’y succédèrent, maintenant la cité en vie.
Mais les traces de l’histoire jalonnent également les rives du détroit du Bosphore, d’un bout à l’autre, qu’elles nous renvoient à l’Antiquité, avec les temples grecs et hellénistiques, ou à l’époque moderne, avec, par exemple, la pyramide d’Unkiar-Skelessi, qui commémore la signature du traité russo-ottoman de 1833, par lequel la Russie prenait possession de la mer Noire, mais était isolée de la Méditerranée.
À cette occasion apparaît l’importance stratégique du Bosphore, seule issue vers la Méditerranée pour la flotte russe; ainsi le Bosphore sera, durant tout le XIXe siècle, l’enjeu des rivalités entre les puissances européennes. Ces dernières, et en premier lieu l’Autriche–Hongrie et la Russie, profitant de l’effervescence nationaliste des Balkans et de la faiblesse de l’Empire ottoman, vont se disputer politiquement et militairement la possession des Détroits.
De la guerre de Crimée (1854-1856) à l’occupation d’Istanbul par les armées alliées en 1918, les interventions directes des grandes puissances se succéderont à maintes reprises dans la région du Bosphore. Avec la fin de la guerre de 1939-1945, les Détroits connaîtront une période plus calme, mais une certaine tension stratégique continue de peser sur le Bosphore.